Il n'est pas issu d'une famille de vignerons, mais quand mĂŞme du monde agricole. Denis Roumet est un fils adoptif du vignoble en charge de la promotion des vins de Sancerre.
La neige qui recouvre les collines du Sancerrois le ravit. « Si je n'avais pas travaillé dans le vin, j'aurai fait du ski? ou de la musique », raconte Denis Roumet, le jeune directeur de la Maison des sancerre.
À trente-six ans, son parcours est déjà parsemé d'expériences enrichissantes qui lui ont permis de trouver sa voie : « Mais le jour où je n'aurai plus envie de venir au boulot, je chercherai autre chose? »
À Sancerre, comme à Valençay il y a quelques années, Denis Roumet a toute latitude pour mener à bien la mission qui lui est confiée : la promotion des produits. Son travail dans l'Indre consistait à obtenir l'Appellation d'origine contrôlée pour le vin, à l'instar de celle qui avait couronné le fromage l'année précédente, en 1998.
Denis Roumet s'occupait Ă la fois de la communication et de la gestion de la production, comme le fait ici l'Union viticole sancerroise pour le vin, et le syndicat du crottin de Chavignol, pour le fromage.
« J'avais alors deux métiers, explique-t-il. Ils correspondent à ma formation où j'ai touché un peu à tout, et à mes précédentes expériences. Le marketing des produits agricoles, c'était suffisamment polyvalent mais pas assez spécialisé. Je me suis ensuite tourné vers la qualité produit qui en était à ses débuts dans les années 1990. »
Bénéficiant d'un contrat en alternance pour obtenir sa licence, Denis Roumet a ajouté une corde à son arc : la gestion des ressources humaines. Son travail, à Annecy et Genève, consistait à monter le service qualité d'une coopérative laitière qui fabrique le Reblochon. Son goût pour la montagne vient de là , il retourne d'ailleurs le plus souvent possible dans les Alpes.
« J'ai appris à gérer une équipe. Ce n'était pas facile, à vingt-deux ans, d'encadrer quarante personnes ! Cette première expérience m'a fait beaucoup mûrir. »
Après son service militaire, Denis est recruté dans une chocolaterie en Mayenne. Il se retrouve face à quatre-vingt ouvrières appréciant peu que l'on vienne leur expliquer comment elles devaient travailler : « Mon passage dans l'industrie a été une erreur de casting, reconnue par les deux parties, mon patron et moi-même. J'ai compris alors que je devais choisir. Le travail dans l'industrie est très procédurier, il faut faire la police en faisant la chasse à la non-qualité. »
Mais c'est grâce à ces expériences-là que Denis Roumet a découvert ses propres? qualités : « Cela a été formateur car j'ai appris à avoir de bons contacts avec les gens sans être trop conciliant, et à dire les choses. »
Quand il arrive à Valençay, c'est un terrain plus familier qui l'attend. L'agroalimentaire est un secteur plus proche de ses origines, de son enfance bercée dans les fermes familiales : « Pendant mes études, l'été je revenais faire les moissons? »
Et c'est aussi un secteur où la notion de qualité produits est un peu en retard. L'enseignement n'est pas encore entré à l'université, les formations se font en Maison familiale rurale, comme celle qui avait accueilli Denis dans les Alpes. « J'étais de la deuxième promo. Ce sont toujours les MFR qui apportent ce type de formations. Nous avons eu une stagiaire ici, à la Maison des sancerre, qui était en formation d'oenotourisme dans une Maison familiale rurale. »
Avec son cousin Benoît, entré dans la filière viticole en 1994, Denis Roumet a noué des liens d'amitié à Sancerre. En 2002, dès le lancement du projet de création d'une maison des vins, Denis Vacheron, président du syndicat des vignerons, l'a contacté : « J'ai suivi de près l'évolution du projet et j'ai été choisi parmi une dizaine de candidats pour diriger la Maison. » Lorsque Sancerre lui ouvre les bras, en 2005, Denis a rempli sa mission : le vin de Valençay a obtenu son AOC en 2003. Il a l'esprit tranquille.
« Le chocolat, ce n'est pas très glamour. Avec le vin, il y a un truc en plus ! » Il se retrouve à la tête d'une équipe d'une dizaine de personnes, employées par le comité de promotion des vins de Sancerre.
Le fonctionnement est assuré par les cotisations de tous les vignerons, calculées sur leur chiffre d'affaires. Il en est de même pour la Maison des sancerre, vitrine touristique avec une scénographie sur l'histoire du vignoble, un jardin des saveurs et une boutique.
C'est aussi un lieu de réunions professionnelles et de rendez-vous festifs : « C'est un choix pour promouvoir les vins. Cela ne rapporte rien mais ne coûte que quelques centimes par bouteille vendue ! »
Denis Roumet gère la Maison des sancerre et les caves de la Mignonne, louées à l'année pour des réunions familiales et des séminaires d'entreprises. C'est le seul lieu à Sancerre faisant office de salle des fêtes. S'y déroulent également les foires aux vins et les manifestations des associations.
Denis a mis en place la saison viti-culturelle, un calendrier alternant toute l'année des rendez-vous professionnels et festifs : « Avec Nathalie, c'est notre récréation ! » Nathalie Prieur est secrétaire à l'Union viticole sancerroise. « C'est l'équivalent de ce que je faisais à Valençay, explique Denis. Ici, ce que j'apprécie, c'est de travailler principalement sur la promotion, mais en lien très étroit avec le produit. J'éprouve une attirance charnelle pour le vin. »
Le binôme Nathalie - Denis fonctionne comme sur des roulettes. Et lorsque la veille du dernier concert de la saison, fin décembre, Denis apprend qu'un des deux groupes programmés ne viendra pas pour cause de grippe A, il garde le sourire : « Je savais que je pouvais compter sur Guillaume Ledoux. » Parrain de cette manifestation, le chanteur des Blankass est aussi un copain. Il a assuré un set musical plus long que prévu, à la grande joie de ses fans.
Denis Roumet a le sens du collectif : « À plusieurs, les idées fusent. Je garde toujours un oeil sur ce que font les autres, ailleurs. Nous sommes les seuls, en tant que comité de promotion des vins, à proposer des concerts de rock, par exemple. »
« Quand je fais le point avec les vignerons, lors des réunions de bilan, je leur explique que Sancerre est en mouvement. L'image du vignoble n'est pas figée. »
Véronique Pétreau
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