Les viticulteurs de Saint Emilion ont décidé de redonner un petit air de nature à leurs champs de vignes, monopolisés par une monoculture intensive.
Non seulement ils souhaitent recréer un paysage authentique, digne du classement au patrimoine mondial de l’UNESCO qu’ils ont obtenu il y a dix ans, mais en outre, ils veulent introduire dans leurs cultures des méthodes plus douces et plus écologiques. D’où la replantation et la création de haies autour des parcelles de vignes.
La haie fait partie du paysage traditionnel de la campagne; elle abrite nombre d’oiseaux nicheurs qui se nourrisseurs d’insectes ravageurs de la vigne. Elle protège tout un petit monde d’animaux et de micro-mammifères, qui constituent avec les plantes un écosystème très favorable à l’équilibre sanitaire de la vigne. Tous les prédateurs se régulent et se combattent, sans qu’il soit besoin de déverser sur les raisins des tonnes de produits chimiques, désherbants, toxiques, insecticides et autres.
Deux sortes de haies sont proposées: les haies basses en limites de champs, souvent en bordure de minuscules cours d’eau, avec saules, églantiers, troènes, buis, etc; ces haies arbustives de type bocage sont les plus fréquentes; elles se taillent à la main comme la vigne, délimitent les parcelles, accueillent des papillons et des sauterelles, et mettent des fleurs dans le paysage .
Et puis il y a les haies d’arbres plus hautes, haies coupe-vent, qui retiennent les terres de talus menacées par l’érosion des orages; elles sont plantées de charmes, aubépines, arbousiers, pommiers, etc...
Le conseil des vins de Saint Emilion s’est appuyé sur l’association Arbres et Paysages en Gironde qui s’est fait une spécialité de la plantation de haies champêtres, et de restitution de la biodiversité. Des premiers crus comme Figeac ou Cheval Blanc, et beaucoup d’autres, même modestes, ont adhéré à cette politique de sauvegarde de l’écosystème rural, qui revisite la botanique et la zoologie avec un œil différent. Certains propriétaires confessent qu’ils guettent désormais hirondelles, chauves-souris et martinets dans le ciel, insectivores bien plus sympathiques que les pulvérisations chimiques.
C’est donc toute une prise de conscience qui est en marche, laquelle est d’ailleurs appuyée par le conseil général de la Gironde. Depuis plusieurs années, à l’image de la Vendée, pionnière dans la restauration des haies, divers départements de Bretagne, Charentes ou Gascogne, sont des partenaires actifs de la replantation des haies champêtres sur leur territoire.
http://www.lejournalduvin.com/actualite ... 600.FR.php