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Vin : "Mister Conti" et docteur falsificateur

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Sam 31 Août 2013 17:08

Par Antoine Grenapin

Pendant dix ans, un Chinois a fait fortune en falsifiant des bouteilles pour des ventes privées aux États-Unis.
Digne des meilleurs scénarios d'Hollywood.

8 mars 2012 au matin, dans une banlieue résidentielle de Los Angeles. Le FBI débarque dans la villa Arcadia et la perquisition est fructueuse : des dizaines de bouteilles vides, des milliers de fausses étiquettes de vin, de la cire à cacheter, une imprimante laser et des sacs plastique remplis de bouchons de liège. Un véritable laboratoire où sont éparpillées des fiches de recettes particulières. L'une d'elles explique comment produire à partir de vins californiens plutôt récents un Pomerol des années 1940. Et l'enquête démontrera plus tard que le faussaire a su obtenir un magnum de 1983 en mélangeant deux Pétrus 1980 et 1985... L'homme recherché ? Rudy Kurniawan, 37 ans, considéré jusqu'à cette matinée de mars comme l'un des experts les plus réputés en matière d'oenologie.

Certes, son comportement d'acheteur compulsif aurait pu surprendre, comme lors de cette vente prestigieuse organisée à Paso Robles en Californie où il fait son apparition, au début des années 2000. Un lot de syrah Sine Qua Non est alors présenté et Rudy Kurniawan garde constamment levé son "paddle" durant la vente. Une détermination affichée, malgré les lunettes épaisses et sombres qui dissimulent son regard. Le jeune Asiatique au visage d'étudiant, toujours vêtu de costumes Hermès, écume ainsi les ventes en s'y rendant en Bentley ou en Ferrari.

Son origine pourtant est floue, tant il aime brouiller les pistes en se disant parfois Indonésien, parfois Chinois d'Indonésie. La constitution de sa fortune est tout aussi mystérieuse, tout juste évoque-t-il dans une interview au New York Times en 2006 la licence de bières pour l'Asie du Sud-Est que détiendraient ses parents. Une rumeur leur prête aussi la propriété de champs de pétrole. Qu'importe, ses parents lui donneraient un ou deux millions de dollars chaque mois, assez pour ne pas éveiller les soupçons dans un milieu où l'argent compte autant que le contenant.

Il s'attire d'ailleurs rapidement la confiance de personnes réputées, comme le vendeur américain Paul Wasserman, dont la mère fut l'une des premières importatrices de bourgogne aux États-Unis dans les années 1970. Paul Wasserman se liera d'amitié avec Rudy Kurniawan, lui expliquant les subtilités de chaque vin, de chaque vignoble.

Les folies de "Mister Conti"

Rudy Kurniawan est talentueux, et il apprend vite, très vite, aux côtés de son mentor : d'abord, les vins italiens, puis le pinot gris allemand et le haut-médoc, avant d'accéder aux prestigieux bourgognes. Au bout de trois ans à écouter consciencieusement Paul Wasserman, Rudy Kurniawan se montre incollable sur les subtilités des vins, notamment ceux issus de la côte de Nuits, cette langue de terre de 1 500 hectares qui comprend seize communes au sud de Dijon. Sa passion pour les vieux bourgognes - les Romanée-Conti surtout - et la fréquentation d'un club de dégustation lui vaudront même le surnom de "Mister Conti". Et le jeune homme se montre incollable dans les dégustations dites en double aveugle, dans lesquelles il convient de deviner l'appellation et le millésime.

Désormais, il multiplie les connaissances, s'offre des dîners dans les plus grands restaurants américains. Les bouteilles hors de prix, il les déguste, les achète souvent et les vend parfois au cours d'enchères prestigieuses. En 2006, lors d'une vente privée à New York, il écoule pour 20 millions de dollars de doux breuvages. Parmi ce lot de bouteilles, une de Romanée-Conti adjugée plus de 12 000 dollars.

Arrête-moi si tu peux, avec Laurent Ponsot

En avril 2008, surfant sur son succès, le collectionneur, désormais réputé, propose lors d'une vente aux enchères à New York une centaine de bouteilles, dont 84 du domaine Ponsot, clos Saint-Denis. Laurent Ponsot, qui gère depuis sa Bourgogne natale les vingt appellations du domaine familial, est averti par un ami avocat basé à Manhattan. Le sang du Français - qui aime dire que "le vin coule dans ses veines" - ne fait qu'un tour. "Impossible que ces flacons soient vrais, nous avons commencé en 1982 !" Laurent Ponsot prend un malin plaisir à dénicher les copies de "ses" bouteilles depuis la première découverte d'un faux, à Kuala Lumpur, en Malaisie, en 1996. Sans hésitation, il "saute dans le premier avion", direction New York. Alors que le commissaire-priseur doit passer à la vente des clos Saint-Denis, il annonce le retrait du lot, informé de la présence dans la salle de Laurent Ponsot.

Le Français insiste pour déjeuner avec Rudy Kurniawan. Ils se retrouvent dès le lendemain dans un restaurant trois-étoiles, le Saint-Georges, qui donne sur Central Park. Le collectionneur reste flou sur l'origine des bouteilles, évoquant la grande quantité de ses achats. Laurent Ponsot demande à ses amis en Asie de se renseigner sur le mystérieux acheteur. Mais les recherches ne donnent rien, tout comme un second rendez-vous avec Rudy Kurniawan, trois mois plus tard à Los Angeles. Certes, "Rudy" lui donnera deux numéros de téléphone, mais ils mènent à un fax et au standard téléphonique d'une compagnie aérienne à Djakarta. Et son nom est l'un des plus répandus en Indonésie.

Les recherches de Laurent Ponsot s'arrêtent là, jusqu'à un coup de fil deux ans plus tard, en janvier 2010. C'est James P. Wynne, du FBI, dont une équipe est aussi à la recherche de témoins dans l'affaire Rudy Kurniawan. Ou plutôt l'affaire Zheng Wang Huang, du nom d'un Chinois arrivé sur le territoire américain en 1998 avec un visa étudiant, en situation irrégulière depuis 2003. Laurent Ponsot confie à Vanity Fair qu'il leur a tout de suite proposé son aide. Il organisera même un stage de trois jours pour les agents du FBI sur ses terres et multipliera les interviews avec les médias américains, faisant dire à ses détracteurs bourguignons qu'il a "pris la grosse tête".

Le procès du faussaire finalement démasqué commencera le 9 septembre prochain. Il encourt une peine de quarante ans de prison et une amende de 500 000 euros. Les zones d'ombre qui entourent l'affaire seront au centre des débats : a-t-il bénéficié de complicités ? Comment a-t-il pu tromper les plus éminents spécialistes ? Le procès sera également suivi de près par l'ensemble des propriétaires actuels des prestigieux vignobles de Bourgogne, dont nombreux sont ceux à vouloir témoigner - même par vidéo, si les vendanges ont déjà débuté. L'exposition médiatique s'annonce tout aussi importante, avant que le grand écran ne s'empare de l'histoire. Laurent Ponsot, qui a dit réfléchir à un scénario, aurait déjà des contacts avec Hollywood.

Source : http://www.lepoint.fr/vin/vin-mister-co ... 25_581.php
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Jean-Pierre NIEUDAN
 
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Faux Romanee-Conti : un russe condamné à de la prison ferme

Messagepar Vitis Concilium » Jeu 15 Juin 2017 09:01

Et ça continue encore et encore et c'est en France que ça se passe cette fois ci. A lire ici
Arnaud - Vitis Concilium
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