Celui-là est ancien mais n'avait jamais été revendiqué.
C'est pourtant une vieille parcelle. Hervé Dantan, le nouveau chef de cave (venu de Mailly-Champagne) qui a succédé à Jean-Paul Gandon, la mémoire de la maison Lanson, nous a certifié qu'il disposait de documents datant du XVIIIe siècle, faisant état d'une vigne d'un hectare à cet endroit. Il appartenait à des familles de Reims qui venaient sans doute là , dans ces faubourgs, pour travailler ou apprécier le bon air de la campagne.
Aujourd'hui, si la surface de ce clos - un vrai, ceint de murs - n'a pas varié, sa situation a quelque peu changé du fait de l'urbanisation. Le clos figure désormais une exception verte et cultivée au cœur de la ville, sur la butte de craie de Courlancy faisant face à la cathédrale : c'est une craie blanche très pure ! « Le clos a été récupéré dans les années 70 par les Lanson, nous dit Hervé Dantan. Il était toujours vinifié à part mais n'avait jamais donné lieu à une cuvée spéciale. Il était assemblé à d'autres cuvées. » Philippe Béjot a repris la marque Lanson le 22 mars 2006 et il a découvert l'existence du clos qui, par bonheur, avait échappé à la gourmandise de Moët. (Lanson et Pommery avaient été rachetés par le groupe LVMH dans le but de s'emparer des magnifiques vignobles de ces deux maisons, puis avaient été revendus peu après.)
« Quand il est arrivé à la tête de Lanson, il a tout de suite demandé que le clos reste à part, dans le but d'en faire une cuvée spécifique. » Vinifiée sous bois dans des pièces bourguignonnes de trois vins « bien assagies », la récolte, uniquement composée de chardonnay, commence à être dégustée et proposée à la vente en version millésimée. La parcelle a été plantée pour la moitié en 1961 et pour l'autre en 1985, à la suite du gel de janvier 85 qui détruisit une partie du vignoble en France. Elle est travaillée à côté de ruches dans un esprit respectueux de l'environnement, sans pesticides. « C'est comme si on était bio. » La production oscille entre 5 000 et 8 000 bouteilles et les vendanges sont réalisées par le personnel : 70 à 80 personnes viennent avec leurs conjoints et leurs amis. Une grosse matinée festive suivie d'un déjeuner tardif, un « cochelet », repas de fin de vendanges en langue champenoise. « Notre idée, c'est de faire un millésime chaque année, avec la vérité de ce millésime, ses qualités comme ses faiblesses. »
Source : Jacques Dupont
Commentaires et notes de dégustation : http://www.lepoint.fr/vin/clos-lanson-0 ... 87_581.php