Thibault Liger-Belair avait refusé en 2013 de traiter ses vignes en AOC Moulin-à -Vent contre la flavescence dorée. La justice vient de lui donner raison.
Et de deux ! Après Emmanuel Giboulot il y a quelques mois de cela, un second vigneron bourguignon, Thibault Liger-Belair, vient d'être relaxé aujourd'hui en première instance, et cette fois par le tribunal de Villefranche-sur-Saône, dans le département du Rhône, dans l'affaire de la flavescence dorée. « Villefranche-sur-Saône ! Et pourquoi diable un vigneron de Côte-d'Or a-t-il bien pu se retrouver devant le tribunal d'une sous-préfecture du Rhône, à deux pas de Lyon ? », vous demandez-vous probablement.
Thibault Liger-Belair, vigneron réputé, installé à Nuits-Saint-Georges dans le département de la Côte-d'Or depuis 2002, exploite également des vignes dans le Beaujolais, en appellation Moulin-à -Vent depuis 2009. Imaginez-vous, comme lui donc, propriétaire en Moulin-à -Vent d'une vigne... à cheval sur deux départements, les parcelles n'étant séparées que par une petite route. Nous sommes en 2013 et d'un côté de la route (en l'occurrence la Saône-et-Loire), un arrêté préfectoral vous impose des traitements insecticides pour éradiquer une cicadelle, un insecte vecteur de la maladie de la flavescence dorée, alors que de l'autre côté (dans le Rhône), rien, pas d'arrêté préfectoral ! Que feriez-vous à la place du vigneron ? La cicadelle ne serait donc pas capable avec ses petites ailes de traverser la route ? Si, bien sûr, et c'est pour dénoncer les décisions parfois « étonnantes », pour ne pas dire ubuesques, de l'administration française que Thibault Liger-Belair, vigneron bio depuis bientôt quinze ans, avait tranché : « Je ne traiterai pas !" L'État l'avait traîné en justice et le tribunal de Villefranche-sur-Saône vient donc de lui donner raison en prononçant la nullité de la poursuite.
Même si le parquet a maintenant dix jours pour faire appel (raison du « bientôt » dans notre titre), c'est un vigneron soulagé que nous avons rencontré à la sortie de la salle d'audience. « C'est une victoire en effet. J'ai voulu dénoncer les aberrations d'une décision administrative qui ne tient pas compte d'une réalité agronomique. Je voulais aussi que le débat soit lancé, qu'à l'avenir les décisions soient prises avec davantage de discernement et de concertation entre l'État et la profession pour éviter que d'autres vignerons se retrouvent devant les tribunaux. »
Source : Christophe Tupinier
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