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[Jean-Pierre NIEUDAN]

La dimension et le volume des fûts aura une influence certaine sur les qualités olfactives et gustatives des vins qui y séjourneront, personne n’en doutera, mais d’où vient cette norme ?

S'agit-il d'un volume savamment étudié pendant des siècles afin de connaître le rapport vin/surface de barrique qui offre les meilleurs rendements? Est-ce une équation mathématique établie en fonction du pourcentage de sucre que l’on veut transformer en alcool? La réponse est-elle dans les astres, dans la légende ou je ne sais quel élément tordu du folklore viticole? Rien de tel.

Le volume d’une barrique a été déterminé il y a fort longtemps alors que le travail aux champs était fait manuellement et se situe entre 200 et 230 litres selon les régions. La barrique bordelaise contient 225 litres et la bourguignonne 228.

Ces quantités représentent le travail d’un homme qui consistait à récolter des raisins en une journée de travail, qui devait bien durer entre 12 à 14 heures. Soit dit en passant, la futaille de quelque provenance que ce soit s’appelle tonneau lorsque vide, mais une fois pleine, elle se nomme pièce.

La barrique de Bourgogne

La quantité de 228 litres de cette barrique correspond au travail d’un homme tel que mentionné précédemment et que l’on appelle aussi ouvrée; elle représente la récolte de 4828 m2 ou 1/24e d’hectare.

L’ouvrée est toujours une mesure utilisée de nos jours, mais peu connue du grand public. La bourguignonne est longue de 0,885 m et est la plus courte de France. Le diamètre au bout est de 0,595 m, la circonférence du bouge, la partie la plus renflée du tonneau, fait 2,305 m et elle n’a pas de barres sur les fonds. Autrefois cerclées de bois, les futailles sont maintenant retenues par des cercles métalliques.

La barrique de Bordeaux

Ce fût de 225 litres est le plus répandu et le plus imité au monde. Il a été décliné dans presque toutes les essences de bois imaginables. En bordelais, les récoltes étaient comptées en sadon (mesure agraire). Il y avait quatre sadons au journal et 12 sadons à l’hectare.

Cela étant, les deux quantités tant bordelaise que bourguignonne donnaient environ 54 hectolitres à l’hectare. Évidemment, ces chiffres représentaient un maximum, car de nos jours les meilleurs vins ont des rendements de beaucoup inférieurs, se rapprochant plus de la moitié des chiffres avancés. Par contre, sachant que les barriques sont faites à la main, force est de constater que les artisans qui les fabriquent sont d’une grande rigueur.

En Bordeaux, il y a deux formats de barriques, celle que l’on dit de transport et celle de château. La bordelaise de transport est la plus courante et la plus répandue, elle mesure 0,94 à 0,945 m de long 0,55 à 0,555 m de diamètre au bout et 0,69 à 0,695 m de diamètre au bouge.

La bordelaise de château est la plus belle d’entre toutes. On la décrit même comme étant racée, élégante et fonctionnelle, mais un tantinet fragile étant donné sa légèreté (minceur).

Elle fait 0,95 m de longueur, 0,565 m de diamètre au bout avec une circonférence de 2,20 m au bouge et des douelles de seulement 22 mm d’épaisseur. Une large barre est placée sur chaque fond pour le renforcer.

En plus des huit cercles métalliques qui l’entourent, la barrique de château reçoit deux cercles de châtaigniers par fond, à chaque extrémité. Tout cela pour que nous puissions jouir d’un divin liquide digne de Bacchus ou de Dionysos selon la divinité à laquelle nous nous référons.

Bernard Landreville
http://www.hebdorivenord.com/Chroniques ... des-futs/1