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[Jean-Pierre NIEUDAN]

Les Canadiens chérissent de plus en plus leur verre de vin, au point où la consommation doit augmenter de 19% de 2010 à 2014, une croissance fulgurante qui s'explique par une culture qui s'installe.

C'est ce que l'on comprend à la lecture d'une étude commandée par Vinexpo, qui tient un salon international du vin et des spiritueux à Bordeaux du 19 au 23 juin.

Le document intitulé Conjoncture du marché mondial du vin et des spiritueux et ses perspectives à l'horizon 2014 révèle que la consommation canadienne doit monter de 19% à 49,7 millions de caisses d'ici 2014. En valeur des ventes, il s'agit d'un bond de près de 19% à 5,5 G$.

Comparativement, la consommation dans le monde doit augmenter de 3,18% à 2,73 milliards de caisses en 2014. En valeur, les ventes monteront de 6,73% à 198 G$ US.

Selon l'étude, le Canadien moyen absorbera 16,4 litres de vin en 2014, comparativement à 14,3 à 2010. Ce sont surtout les rouges et rosés qui les font saliver. Le Canada deviendra le 5e plus gros importateur de vin dans le monde. La France est encore son premier fournisseur mais l'Italie est en voie de lui voler la vedette.

La popularité du vin ne se dément pas, indique Xavier de Eizaguirre, président de Vinexpo. «En 10 ans la consommation de vins au Canada aura augmenté six fois plus rapidement que la moyenne mondiale».

Une culture grandissante

Frédéric Laurin, économiste, professeur à l'Université du Québec à Trois-Rivières et auteur du livre Où sont les vins ?, y voit une culture croissante du vin.

«Pendant longtemps, nous avons eu l'idée que l'alcool était quelque chose de mauvais, raconte-t-il. On voyait l'alcoolisme, les problèmes sociaux et l'utilisation du vin à titre d'antidépresseur. Nous n'avons jamais vu la côté positif de la gastronomie et de la modération à côté de cela.»

M. Laurin observe un rattrapage et prédit une tendance durable. «Ça va entrer dans les habitudes de consommation des gens. C'est toujours permis de prendre du vin au lieu de l'eau ou du Coke à la table.»

Cet expert croit même qu'une libéralisation du marché présentement contrôlé par la SAQ accentuerait cette tendance. «Le monopole va toujours réagir aux besoins des consommateurs au lieu de le créer. Ça a un effet négatif sur la consommation.»

Michel Phaneuf, auteur du Guide du vin Phaneuf, fait savoir que le Canada se compare à bien des pays émergents en matière de vin. «Ce sont des marchés où la consommation est plus récente. Même si le vin est populaire ici depuis quelques années, ça date de seulement 25 ou 30 ans.»

«Même si ce n'est pas tout le monde qui boit des vins de qualité, poursuit-il, il y a une curiosité accrue et plus de restaurants qui ont le souci de présenter une carte des vins. Même il y a 10 ans, ce n'était pas commme aujourd'hui. Le vin touche aussi une génération plus jeune. Ça contribue à l'éclosion du marché.»

Michel Munger
http://argent.canoe.ca/lca/affaires/can ... 10624.html