Index du forum ‹ Les rubriques ‹ Histoire du vin et de la vigne... découvrir le vin, l'aborder, s'informer ‹ Histoire de vin ‹ Presse du vin

[Jean-Pierre NIEUDAN]

Le meilleur sommelier du monde, sacré champion en 2010, découvre l'armagnac et ses producteurs jusqu'à demain. Gérard Basset, depuis lundi, rend visite aux producteurs. Reçu comme un prince dans les distilleries, il touche du doigt une réalité dont il n'avait de connaissance que livresque.

« Je suis déjà venu dans la région mais je ne connais pas très bien. Je voyage dans le monde entier mais, finalement, je n'ai pas assez de temps pour aller à la rencontre des "petites" régions viticoles. Je me rend compte que ce produit est élaboré par un tissu de "petits" producteurs. On se trouve ici dans un univers totalement différent du cognac. J'aime le cognac mais je sais qu'il est dominé par le marketing, qu'il fait d'ailleurs très bien. L'armagnac est un produit vrai, élaboré par des gens du cru. C'est sa carte à jouer, sur le plan national et international. »

Intronisé hier soir au chapitre

L'homme au palmarès impressionnant tourne autour du monde pour décrocher honneurs et médailles. En avril, à Santiago du Chili, il passe une semaine d'épreuves, théoriques et techniques. Premier barrage : répondre à un questionnaire d'une cinquantaine de pages sur les vins, les spiritueux, bières et même eaux minérales du monde entier.

Après avoir passé les sélections, le Français fait partie des douze sommeliers qualifiés pour la demi-finale. Devant un jury, il doit décrire un vin dégusté à l'aveugle, réaliser un service de champagne et proposer un accord mets-vins. Il a dû accorder un vin rouge sur des crustacés chiliens… « Le lendemain, j'ai gambergé toute la matinée, avoue-t-il. J'étais sûr que je ne serais pas pris. » Perdu. Gérard Basset se qualifie pour la finale. Ils sont trois. Lui passe en dernier devant le jury. Seul sur scène face à des tables simulant des clients de restaurant.

« Une table voulait du champagne et un cocktail Negroni. Je suis fan de cocktails et celui-ci est un classique, j'étais donc sûr de moi. Une autre table m'a demandé de marier six vins internationaux. Je l'ai fait avec des plats correspondant aux pays des vins. Puis j'ai dû déguster huit spiritueux et quatre vins à l'aveugle. C'était très difficile ! J'ai trouvé un vin sur quatre et j'ai été le meilleur. Enfin, il fallait reconnaître cinq régions viticoles à partir de photographies. J'ai tout trouvé car je voyage beaucoup et j'ai beaucoup lu sur ce thème. »

Le nouveau mousquetaire de l'armagnac, qui a été intronisé hier soir au château de Laubade, est un bourreau de travail. Pour gérer son stress en compétition, il s'est entraîné avec des psychologues, des coaches et même des magiciens.

Car la compétition, c'est sa dope. À défaut de devenir Zinedine Zidane, le palais champion du monde opte pour le vin. « Quand j'avais 12 ans, je rêvais de football. Je suis de Saint-Étienne et, les Verts, je me passionnais pour leur parcours. » Il découvre l'univers viticole par hasard, après un CAP de cuisinier. « Je travaillais en Angleterre, mon patron m'avait inscrit à un concours de dégustation de vins. Partant du fait que j'étais français, il pensait que je connaissais tout sur cet univers. »

Depuis, Gérard Basset court le globe pour décrocher l'or. Il a fait sa vie en Angleterre avec une Anglaise qui « heureusement accepte ma passion ». Avec elle, il tient un restaurant et un hôtel dans le sud de l'île.

Le discret meilleur sommelier du monde visite l'Armagnac, ses vignes, ses chais et ses producteurs en pleine distillation. Il ne pouvait pas choisir meilleur époque.

Gaëlle richard
http://www.sudouest.fr/2010/12/15/meill ... 58-788.php