Après un millésime d’une qualité exceptionnelle en 2009, la viticulture bordelaise a enregistré en 2010 un millésime qui lui ressemble en tous points en ce qui concerne le niveau de qualité. Il en est différent mais cependant comparable, et il semble que ce soit reconstitué ainsi, vingt ans après, le beau tandem 1989-1990, qui fait encore parler de lui.
La climatologie de l’année fut, en tous points, favorable à une optimale évolution de maturité des raisins, ainsi qu’à un état sanitaire parfait. Les vendanges se sont déroulées avec lenteur, les derniers cabernets furent ramassés fin octobre, et globalement, les volumes sont plutôt en baisse par rapport à la moyenne décennale.
Dans quatre appellations différentes, des vinificateurs attentifs et précis apportent leurs commentaires sur cet excellent millésime :" 2010 sera un millésime très médocain, plus solide et plus corsé que 2009, estime Bruno Eynard, directeur du Château Lagrange, cru classé de Saint Julien. Je pense que les vieux cabernets ont donné cette année des résultats que l’on n’avait encore jamais vus à Lagrange. Mais pas les merlots. On va avoir un grand classique du Médoc, comme 1996 ou 1986, mais en mieux. Et puis on a maintenant le climat idéal pour les cabernets sauvignons. Décidément, le 21ème siècle commence bien …"
De l’autre côté de l’estuaire de la Gironde, dans les Côtes de Bourg, Jean-Yves Béchet évoque les belles vendanges de son château Fougas : "Cette année, à mon avis, c’est la date de ramassage qui fut la clef de tout. Il fallait être très vigilant et il a fait beau tout le temps !…. Ce millésime me rappelle un peu 2000, mais en plus concentré. A moins de 40 hectolitres par hectare, nous avons des petits rendements ; mais nous avons des niveaux d’anthocyanes supérieurs de 30% à la moyenne décennale. Et nous avons des degrés d’alcool au-dessus de 14. Mais on ne les sent pas. L’extractibilité s’est faite de façon extraordinaire. Il y avait moins de pépins dans les raisins que d’habitude ; les tanins étaient dans la peau. Donc, moins de dureté, et le signe d’une bonne maturité…. ".
Au Château Angelus, premier cru classé de Saint Emilion, Hubert de Bouard se réjouit des vendanges 2010 : "La forte concentration des anthocyanes donne aux jus des couleurs d’un noir profond. Les arômes de framboises et de cassis emplissent le chai. Les cuves ont des structures tanniques impressionnantes, sans aucune austérité. Pour moi, c’est le plus grand millésime classique que j’ai fait en 25 ans ".
Enfin, au château de Chantegrive à Podensac dans les Graves, François Lévêque voit lui aussi un grand classique, et des blancs secs éblouissants : « 2010 est un millésime différent de 2009. C’est un grand millésime de garde, un grand millésime classique bien bordelais. Dans tous les vins que j’ai goutés, ce qui m’a frappé, c’est la fraîcheur. . On oublie l’alcool, mais pas la richesse. Quant aux vins blancs secs, ils sont grandissimes. On a, à la fois, les arômes, l’acidité et le gras. C’est-à -dire que l’on a tout. Il y a des parfums explosifs sur les sauvignons. On en a plein la bouche …. "
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