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[Jean-Pierre NIEUDAN]

Après une année 2009 exceptionnelle, la 150e vente des vins des Hospices de Beaune a présenté une récolte 2010 plus faible et de moindre qualité. Mais l'ouverture du marché asiatique rassure les professionnels.

«Le jubilé aurait dû tomber l’année dernière. » C’est un responsable de chez Christie’s qui lâche cette phrase, aveu difficile pour un anniversaire que la maison britannique aurait aimé plus intense. Hier pour la 150e vente des vins des Hospices de Beaune, 643 pièces ont été mises aux enchères. Il y avait 799 fûts en 2009, un record de volume pour un millésime exceptionnel.

Dès le matin en conférence de presse, le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB) a tenté de dédramatiser. Oui, l’année 2010 a été faible, « austère » selon Michel Baldassini, président du BIVB. Pour autant, les professionnels assurent que « le vin se tient ». Le mois de septembre a vraisemblablement sauvé les meubles après un hiver et un été très difficiles.

Ne pas oublier la France
Tout cela a évidemment pesé sur la vente l’après-midi. Des enchères qui ont eu du mal à décoller avec des acheteurs prudents. « La crise économique est encore là, relève Pierre-Henry Gagey, coprésident du BIVB. Mais le marché à l’export reprend petit à petit. »

On relève effectivement la tête chez les négociants. Selon, l’Union des maisons de vins de Bourgogne (UMVB), l’année 2010 pourrait se solder par une hausse de 7 à 8 % d’exportations, après une chute de 23 % l’année dernière. « C’est la commercialisation du millésime 2009 durant le premier semestre 2011 qui nous ferait sortir de la crise », explique Louis-Fabrice Latour, président de l’UMVB. Le conditionnel toujours pour des négociants qui ont appris à être prudents depuis deux ans.

Vendre certes, mais où ? Les marchés américain et britannique ne redémarrent pas, l’Europe continentale stagne tout comme la consommation française qui représente encore tout de même 54 % des ventes bourguignonnes. « Un territoire refuge et fidèle que nous ne devons pas laisser tomber », souligne Pierre-Henry Gagey. Phrase à l’adresse de ceux qui voient en l’Asie et en la Chine un Eldorado. Y aller évidemment, mais sans s’y perdre.

Le marché asiatique fait pourtant rêver. Les Chinois ont importé 4,5 millions de bouteilles l’année dernière dont 30 % de vins français. L’invitation de l’acteur chinois Liu Ye n’avait pas été lancée au hasard. Son absence de dernière minute a gêné, sans doute aussi parce qu’une grande partie de la presse chinoise a de facto annulé sa venue à Beaune.

« Une bouteille à trois euros, c’est impossible »
Depuis deux ans, Christie’s a cependant multiplié les efforts en Asie, un continent investi trop tard par les Bourguignons. Les Bordelais sont arrivés il y a dix ans, tout comme les vins du Nouveau monde. Aussi, la Bourgogne dépense 400.000 ? par an pour sa campagne de communication chinoise. Avec 1,3 milliard d’habitants, le potentiel est déroutant. « On ne l’évalue même pas », concède Pierre-Henry Gagey. Quoi qu’il en soit, tout le vignoble français ne suffirait sans doute pas à alimenter le pays. « Cela nous oblige à poursuivre nos efforts qualitatifs, poursuit Pierre-Henry Gagey. Vendre des bouteilles à trois euros est impossible pour la Bourgogne. Le secteur à développer est celui du milieu de gamme. »

Alexandre Stobinsky
alexandre.stobinsky@centrefrance.com

Source : http://www.lyonne.fr/editions_locales/r ... ACx4-.html