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[Jean-Pierre NIEUDAN]

Le vin, le chocolat et la cuisine de terroir : ces trois passions animent l'auteur de romans historiques *, qui garde la faveur du public depuis le succès foudroyant du « Nabab » en 1982.

Originaire de Lorient, en Bretagne, l'une des rares régions françaises dépourvues de vignobles, Irène Frain s'initiera au vin à la table familiale. «Le premier vin que j'ai bu,raconte-t-elle, c'était celui du dimanche midi qui accompagnait le rituel de l'ouverture des huîtres plates de Belon, cultivées non loin de chez nous».Pain de seigle breton, beurre salé fermier et bouteille de muscadet accompagnaient ces agapes. «Dès ma douzième année, se souvient-elle, j'avais droit à un demi-centimètre de ce blanc sec du pays nantais dans mon verre...»

Il lui revient à la mémoire une scène touchante autour du château Margaux. «Mon mari avait apporté à mon père un très bon cru. On avait trinqué, et pendant un quart d'heure, lui qui était amoindri par la maladie d'Alzheimer avait retrouvé, le temps d'un verre, toute sa lucidité.» Irène Frain, croqueuse de chocolat notoire, est convaincue que le plaisir du goût reste autant associé à notre enfance qu'au temps de nos aînés.

«Mes goûts ont évolué autour de l'huître, mon fil rouge», poursuit-elle. Dans les années 70, à l'époque où le vin rouge associé aux huîtres ressemblait à une hérésie, elle fait l'expérience heureuse des chinons, bourgueils et saint-nicolas-de-bourgueil. «Mon mari est un homme du Val de Loire, confie-t-elle, il m'a fait entrer dans l'univers de ce vignoble coloré. Habitant non loin de là, dans les vignes des Coteaux du Vendômois, au nord de Tours, c'est tout naturellement qu'ils découvrent ensemble Vouvray. «A l'occasion des 20 ans de ma fille, j'ai débouché un flacon du domaine Huet, acheté à sa naissance, avant qu'il ne devienne mythique, conservé à l'abri de ma cave.»

La propriété du couple, ancienne closerie viticole, appartenait aux abbés de Vendôme. «Des traces d'un pressoir médiéval l'attestent et les caves dans lesquelles nous entreposons notre vin furent creusées par les serfs des abbés.» Elle dit que cette cave «idéale», l'encourage dans sa découverte du vin et cite, pêle-mêle, les délicats rosés de Touraine azay-le-rideau ou le saumur qu'elle déguste chaque année au Salon du Livre et du Vin entre Anjou, Touraine et Poitou.

«Les femmes découvrent beaucoup les vins par la cuisine», enchaîne-t-elle. Au fil des foires aux vins de septembre, «au magasin Leclerc de Vendôme», elle découvre «un grand bordeaux, le Château La Lagune»,mais aussi « le madiran ou le solide cahors» crus du Sud-Ouest idéaux avec le cassoulet, «mon plat régional fétiche quoique je sois bretonne»,sourit-elle. La foire aux vins reste un moment privilégié pour réassortir son fonds de cave. «Nous ne sommes pas snobs, le snobisme est l'ennemi du plaisir, et nous achetons nos vins en grande surface à l'occasion de ce rendez-vous annuel.» Ce qui ne l'empêche pas de se laisser séduire par une belle étiquette au détour d'une dégustation ou d'une carte des vins.

Son astuce : «Avec mon mari, on consulte la liste des vins du catalogue des foires, on s'y rend dès les premiers jours.» Pour elle, point de petits vins. Uniquement des vins appropriés au bon moment et au bon plat...


Claudine Abitbol
http://www.lefigaro.fr/vins/2010/09/04/ ... x-vins.php