S’ils en boivent toujours deux fois moins que les Métropolitains, les Calédoniens consomment de plus en plus de vin. Du rouge et du bordeaux dans l’immense majorité, avec une tendance notable vers plus de qualité et de curiosité. Le point à l’occasion du salon de la gastronomie, qui s’est ouvert hier à Nouméa.
En 2009, la Calédonie a importé 4, 3 millions de litres de vin (*), sans compter le champagne et autres mousseux. Si le marché a connu cette année-là une baisse sensible (-15 % ) — l’effet des restrictions du week-end ?-les volumes débarqués restent en hausse continue depuis 2000 (+ 8 % ).
Chaque Calédonien âgé de plus de 14 ans consomme ainsi en moyenne 25 litres de vin par an, soit environ une bouteille tous les dix jours. Bien en dessous des Métropolitains (43 litres), champions du monde, mais suffisant pour figurer parmi les territoires qui comptent. D’autant plus remarquable que le coût de revient d’une bouteille de vin serait 75 % plus élevé qu’en Métropole, selon un spécialiste, du fait des taxes et du transport.
« A un salon à Bordeaux, on m’avait fait passer devant les Singapouriens et les Vietnamiens. J’étais surpris mais ça veut dire ce que ça veut dire, se souvient un ancien importateur du Caillou. Il y a trois ans, sur 150 pays, la Calédonie était le 16e importateur de bordeaux, et Tahiti le 17e. »
Chaque Calédonien âgé de plus de 14 ans consomme ainsi en moyenne 25 litres de vin par an.
Et pour cause, relève le caviste Philippe Chombeau, le bordeaux représente toujours les trois-quarts des ventes de vin sur le Caillou. Intouchable, mais de moins en moins systématique. « C’est le premier vin à avoir été importé ici, avec Ballande. Les habitudes restent fortes, même si les Calédoniens s’ouvrent de plus en plus à d’autres choses. »
Le rouge reste en tête de gondole, « avec 80 % des ventes ». Mais les Calédoniens sont de plus en plus sélectifs dans leur choix. En témoigne la forte croissance des vins d’appellation d’origine contrôlée (AOC) ou de qualité supérieure (VDQS), dont le volume écoulé a bondi de 47 % depuis l’an 2000. Au point de dépasser désormais légèrement les « autres vins », souvent moins honorables, dont 60 % sont d’origine espagnole. Les contenants de type « cubis » pèsent pour 10 % des vins débarqués.
De façon générale, les Calédoniens restent fidèles aux vins français : ceux-ci représentent deux tiers du total des importations, et plus de 80 % des ventes de vins de qualité (AOC et VDQS). Non, si les Calédoniens sont de plus en plus infidèles au bordeaux, c’est pour « oser » goûter aux bourgognes, aux vins de Loire ou aux Côtes-du-Rhône. « Le bordeaux est un peu lourd pour les grillades. Les Calédoniens sont ouverts aux vins plus frais comme le Beaujolais », remarque Dominique Annonier, de la Vinothèque. Selon elle, le fort développement des cavistes ces dernières années « a démocratisé l’approche du vin. Les gens sont plus éduqués. »
Et goûteraient de plus en plus aux vins du Nouveau Monde, notamment ceux de nos voisins australiens et néozélandais, catégorie blancs bien-sûr. Mais les chiffres sont sans appel : avec à peine 240 000 litres par an, dont à peine un tiers en bouteilles, les vins australiens dépassent à peine 5 % des importations, même si le chiffre a doublé en dix ans. Quant aux breuvages néo-zélandais, ils atteignent péniblement les 10 000 litres débarqués. Confidentiel. Pourtant, relève Dominique Annonier, « nos voisins ont fait des progrès et un blanc néo-zélandais se marie très bien avec le thon cru ».
Suivant un phénomène de mode observé en Métropole, le rosé aurait aussi le vent en poupe, tout comme les blancs fruités à l’apéro. Les grands crus restent marginaux. Les Calédoniens sont plus que jamais à l’affût d’un bon rapport qualité- (petit) prix. A ce titre, les conseils des cavistes, directement en lien avec les producteurs, concurrencent les foires aux vins des grandes surfaces. Mais s’il prend de plus en plus de risques, le Calédonien boit encore très largement rouge et français.
(*) Chiffres Douanes
Sylvain Amiotte
Plus d’une bouteille de champagne par habitant
Avec 328 000 bouteilles de champagne importées en 2009, la Calédonie se place en bonne consommatrice du vin à bulles, avec une moyenne de 1, 3 bouteille par habitant et par an (*), comme La Réunion par exemple. C’est peu par rapport à la Métropole (3 bout./hab.) ou les Antilles, championnes du monde (4, 5 bout./hab.), mais le Caillou n’en demeure pas moins bon client (et à quel prix) eu égard au marché étranger, dont le numéro un belge n’importe qu’une bouteille par tête. Rapporté à la population de plus de 14 ans, chaque Calédonien boit en fait pas loin de deux bouteilles par an. C’est donc que le champagne a largement dépassé la seule occasion des fêtes de fin d’année. D’après les données du Comité interprofessionnel des vins de champagne (CIVC), nos importations seraient à peu près stables depuis quatre ans . Quand les Calédoniens font sauter le bouchon, ils ne font pas semblant : le champagne représente 85 % des vins à bulles et autres mousseux vendus, l’Australie et la Nouvelle-Zélande se partageant 11 % d’un marché qui dépasse chaque année les 570 millions de francs.