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[Jean-Pierre NIEUDAN]

Bernard et Marie Dominique ont délaissé les bancs de l'école pour se consacrer aux vignes d'Aiton.

Ils auraient pu rester instituteurs et faire les frais des réformes du secteur scolaire jusqu'à leur retraite. Au lieu de ça, Bernard et Marie-Do Bachellier se sont reconvertis dans les vignes à Aiton « quand nous sommes arrivés en 2002, j'avais eu l'occasion de travailler dans les vignes de mon oncle sur Chambéry, j'avais donc un peu d'expérience, mais pour le reste il a fallut apprendre sur le tas ou en faisant des stages et au contact d'autres vignerons » confie Bernard. Marie-Do elle, est parti à la retraite il y a trois ans, « pour suivre mon mari » dit-elle. Et les débuts n'ont pas été de tout repos « on savait qu'on était surveillé, les gens du village nous regardaient de loin et vérifiaient si on travaillait bien » et puis peu à peu Bernard et Marie-Do se sont fait leur place, d'une parcelle de 4 ares (400mètres) ils sont passés à 1,5 hectares « Les gens du coin nous on petit à petit fait confiance quand ils voyaient qu'on savait ce qu'on faisait. Ils nous ont donc cédé des parcelles, mais quand on est arrivé, tout était en friche, il a fallu tout nettoyer et replanter. Les jeunes ne voulaient pas reprendre le travail des anciens, qu'ils jugeaient trop harassant » car Aiton pouvait autrefois compter 145 hectares de vignes, alors qu'aujourd'hui il y en a 3 à 4.
Un beau succès
Ces jeunes vignerons, « jeunes dans la profession en tout cas ! » plaisantent-ils commercialisent depuis 2004 leurs produits : le rosé, le rosé méthode traditionnelle, la mondeuse, le blanc jacquere, le blanc altesse et le jus de fruit. « Malheureusement c'est difficile d'en vivre, ça sera plus confortable quand j'aurai ma retraite, à la mi juillet » car Bernard est officiellement...encore instituteur. Quant à leur travail quotidien sur le terrain, en plus de n'être que deux à l'effectuer, ils n'utilisent qu'un atomiseur pour traiter leurs 12 000 pieds. « Nous procédons de façon horizontale quant la plupart choisissent la méthode verticale, en plus d'être plus efficace, c'est un gain de temps énorme ». Et cette idée, c'est dans le Rhône qu'ils sont allés la chercher en plus de la méthode des tipis, « en en discutant avec les gens du coin, nous nous sommes rendus compte qu'ils procédaient comme ça avant, c'est une sacrée coïncidence ». Et quand on demande à Marie-Do si les enfants lui manquent, elle répond dans un sourire « j'ai adoré mes années d'enseignement, mais là c'est autre chose, on est vraiment conscient de ce qu'on apporte ». À aucun moment ces vignerons reconvertis ne regrettent leur choix « l'année est toujours jalonnée d'évènements, on ne s'ennuie jamais. La vigne a quelque chose de conviviale que l'on ne retrouve pas ailleurs, ici on voit jour après jour le fruit de notre travail » affirment-ils.

Laureen Laboret
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