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[Jean-Pierre NIEUDAN]

Déguster du Muscadet gratuitement sur la voie publique ? Depuis la loi du 21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires, c’est désormais quasiment impossible. Les Nantais en savent quelque chose.

Pour la première fois cette année, loi Bachelot oblige, le grand concours des vins de Nantes organisé samedi par le Syndicat général des vignerons de Nantes, se tiendra à huis clos dans un salon du château des Ducs de Bretagne. Car si la dégustation sur la voie publique n’est pas interdite par la nouvelle loi, elle est désormais subordonnée à l’autorisation des maires. Maires qui, principe de précaution oblige, exigent des organisateurs des mesures drastiques de sécurité qui interdisent de fait ce type de manifestation. L’époque où les vignerons lauréats accueillaient Nantais et touristes pour des séances d’initiation à la dégustation et à l’œnologie est désormais révolue. Les professionnels ne manquent pas de déplorer ces mesures d’autant plus regrettables que le vignoble nantais connaît une crise sans précédent.

Au contraire de l’Espagne, qui proclame en préambule de la loi fondamentale sur la vigne et le vin du 10 juillet 2003 : « le vin est la vigne sont inséparables de notre culture », la France,sous la pression des lobbies hygiénistes et des ligues de vertu puritaines, s’avance doucement mais sûrement vers l’interdiction de l’alcool, y compris le vin. Un paradoxe surprenant pour un pays qui demeure le deuxième producteur mondial de vin.

Le chroniqueur gastronomique Jean-Pierre Coffe et le géographe et écrivain Jean-Robert Pitte en ont fait récemment l’expérience. Dans un rapport adressé au ministre de l’enseignement supérieur et de la Recherche sur l’amélioration de la restauration universitaire, ils faisaient remarquer que : « l’initiation à une consommation modérée de vin est un excellent moyen de lutter contre l’alcoolisme et un enrichissement de la culture gustative des étudiants ». Que n’avaient-ils dit là ! Quatorze organismes du lobby hygiéniste ont dénoncé, dans un communiqué, cette proposition qui n’avait rien de révolutionnaire dans un pays de haute tradition viticole. Il est vrai que ceux qui dénoncent cette proposition sont les mêmes qui ont laissé la France devenir le pays où l’on consomme le plus d’antidépresseurs.

Auteur d’un remarquable essai sur Le Vin et le divin (Fayard 2004), Jean-Robert Pitte persiste et signe. L’ancien président de l’Université de Paris IV Sorbonne, membre de l’Académie des sciences morales et politiques, écrivait en mai 2009 dans la Revue du vin de France : « De tout temps, le bon vin, consommé avec modération s’est révélé un formidable instrument d’élévation de l’esprit et de sociabilité. Pour l’amateur éclairé le vin est une œuvre d’art. Son caractère changeant d’une provenance à l’autre, d’un vigneron à l’autre, d’un millésime à l’autre en fait un extraordinaire stimulant des sens et de l’esprit, un moyen de mieux comprendre et accepter la condition humaine, un catalyseur le la sociabilité en ce qu’il désinhibe doucement les buveurs et les invite à considérer leur entourage sous un jour plus aimable. Dès lors, pourquoi le culpabiliser, sous le prétexte que son abus est nuisible ? Faudra-t-il pour plaire aux puritains renoncer à la joie et risquer à coup sûr la mort d’ennui ? » On ne saurait mieux dire.

Novopress.info, 2010, Dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine
http://breizh.novopress.info/6912/quand ... uritaines/

[Didier]

Auteur d’un remarquable essai sur Le Vin et le divin (Fayard 2004), Jean-Robert Pitte persiste et signe. L’ancien président de l’Université de Paris IV Sorbonne, membre de l’Académie des sciences morales et politiques, écrivait en mai 2009 dans la Revue du vin de France : « De tout temps, le bon vin, consommé avec modération s’est révélé un formidable instrument d’élévation de l’esprit et de sociabilité. Pour l’amateur éclairé le vin est une œuvre d’art. Son caractère changeant d’une provenance à l’autre, d’un vigneron à l’autre, d’un millésime à l’autre en fait un extraordinaire stimulant des sens et de l’esprit, un moyen de mieux comprendre et accepter la condition humaine, un catalyseur le la sociabilité en ce qu’il désinhibe doucement les buveurs et les invite à considérer leur entourage sous un jour plus aimable. Dès lors, pourquoi le culpabiliser, sous le prétexte que son abus est nuisible ? Faudra-t-il pour plaire aux puritains renoncer à la joie et risquer à coup sûr la mort d’ennui ? » On ne saurait mieux dire.