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[Jean-Pierre NIEUDAN]

Est-ce la perspective de prix (trop) élevés sur les ventes en primeur du millésime 2009 qui fait bondir ainsi les cours des flacons anciens ? Les dernières ventes aux enchères de vin ont été le témoin de belles bagarres d’enchères sur les Bordeaux des décennies 1950, 1960 et 1970.

Aucun millésime n’échappe à la tendance, même les moins réussis s’envolent. La raison ? Pour beaucoup d’entre eux, l’écart avec les cours des millésimes plus récents demeure significatif. Il ne faut pas non plus négliger l’effet « anniversaire » : la recherche d’un flacon destiné à marquer une année de naissance, de mariage ou de tout autre évènement marquant suscite invariablement l’engouement des acheteurs, notamment quand cet anniversaire marque le passage d’une décennie.

Parmi les adjudications notables relevées ces dernières semaines, les millésimes « du siècle » ont fait l’objet d’enchères soutenues : 1959, 1961 sont toujours activement recherchés. Les châteaux Léoville Poyferré 1959 et Canon 1959, Croque Michotte 1961 ont enregistré une hausse de cours vertigineuse. Mais les petites années telles que 1965 ou 1968 ne sont pas en reste. Le Château Brane Cantenac 1965 a ainsi été adjugé 142€, soit une progression de … 215% par rapport à sa cote habituelle ! Dans les années 1970, prime aux beaux millésimes : 1970 et 1975 connaissent une vraie consécration aux enchères, tout particulièrement pour les vins de la rive droite (Château Angélus, Château L’Evangile, Château Pavie). Toutes décennies confondues, on ne parle même pas de Château Lafite Rothschild qui, quelle que soit l’année, quelle que soit la qualité du millésime, est âprement disputé à chaque apparition dans les ventes.

Ménage de printemps

Le moment est venu de faire le tri dans votre cave. Placez dans un endroit aisément accessible les vins aujourd’hui à maturité afin de ne pas laisser passer leur apogée. Mettez de côté les flacons que vous ne pensez pas boire (trop vieux, trop chers ?), le moment est particulièrement propice pour les vendre aux enchères.

http://www.terredevins.com/article-2249 ... deaux.html

[Frédéric B.]

L'explosion soudaine et irréelle du prix de Lafite me laisse songeur. En connaissez-vous la cause?
Je vois passer aux enchères des millésimes moyens à bons à des prix stratosphériques. Le 1999 qui s'échangeait autour de 150-180 euros il y a quelques mois part maintenant à 250, 300, voire 400 euros. Même les millésimes les plus médiocres ne s'échangent plus à moins de 200 euros. Pour tout dire, cette frénésie me fait penser à Petrus. Pourquoi Lafite? En qualité pure, sur les derniers millésimes, Latour est considéré comme supérieur... Et je ne parle pas des Carruades, là on frise l'absurde (plus de 100 euros parfois)...
Va comprendre Charles.

[Winemega-Alain]

L'explosion soudaine et irréelle du prix de Lafite me laisse songeur. En connaissez-vous la cause?

Renseignement pris auprès de négociants de la place, il semble que Lafite soit LE chou-chou des chinois, lesquels sont prêts à en acheter (n'importe quel millésime) à n'importe quel prix. D'après ce qu'on m'a dit, c'est un des seuls 1GCC dont le nom soit facilement prononçable en Chinois (des linguistes distingués me confirmeraient-ils si "La-fit" veut dire quelque chose en Mandarin??).

Pour les millésimes anciens, c'est de la folie douce. Lorsqu'on a actualisé les prix des stocks des négociants sur http://www.Boottle.fr il y a quelques semaines, j'arrêtais pas de vérifier si le prix indiqué n'était pas pour un format Magnum.. ou Double-Magnum plutôt que 0.75l.. Hélàs non! Il faut également comprendre que pour certains négociants de la place, il s'agit de leur "Trésor de guerre" et ils ne sont pas forcément pressés de s'en séparer.

Pour les ventes aux enchères et les prix déments qui y sont atteints, depuis la sortie du 2005, le public a compris qu'il avait intérêt à acheter de belles bouteilles à maturité, plutôt que d'encaver des millésimes récents pour 20 ans - avec le coût d'immobilisation associé. Mais là aussi, le balancier est en train de partir trop fort dans la direction opposée, au point que maintenant, des belles bouteilles de 10-20 ans se retrouvent plus chères que tous les grands millésimes des années 2000..! Et le phénomène se vérifie exactement sur d'autres régions viticoles prestigieuses (Bourgogne, Champagne, Rhône..).

PS: L'Angélus dans les années 70 et début 80, c'est de la daube!

[Frédéric B.]

Alain, étonnante cette explication, mais cela explique bien des choses!
Heureusement que mon trésor de guerre bordelais est déjà (modestement) assuré!
Pourvu que les autres régions ne suivent pas trop vite!