Choisi parmi cinquante candidats , Antoine Chopin veille désormais sur les 5 000 pieds de la vigne municipale de Suresnes . La plus grande d’Ile-de-France
C’est un jeune Parisien de la cuvée 1985 qui vient de décrocher l’un des jobs les plus insolites de la région . Antoine Chopin a été recruté comme vigneron par la commune de Suresnes . Choisi parmi une cinquantaine de candidats , il devient le seul vigneron salarié d’Ile-de-France . Son prédécesseur ayant choisi de s’installer en province , Antoine est chargé de veiller sur les 5000 pieds de la vigne municipale , nichée sur les flancs du mont Valérien , avec vue imprenable sur la tour Eiffel .
Né dans la capitale , c’est du côté du grand-père qu’il faut chercher l’origine de son goût pour la vigne : « Il était chimiste , mais il cultivait quelques hectares de vignes dans un village du Beaujolais . »
Après une classe préparatoire au lycée parisien Henri-IV et des études à l’Institut national agronomique à Paris , le jeune homme a effectué sa spécialisation à Montpellier pour obtenir le diplôme d’ingénieur en viticulture-œnologie . « Spontanément , c’est l’œnologie qui m’intéresse , confie-t-il . Mais , pour avoir un bon vin , il faut aussi une bonne viticulture . »
Formé à bonne école dans des domaines renommés , Antoine a désormais , entre ses mains , une vigne qui a connu ses heures de gloire entre le Moyen Age et la Révolution . « Le vin de Suresnes était présent sur la table des rois de France », raconte Jean-Louis Testud , adjoint au maire en charge des vignes depuis 1983 . « Henri IV aimait les femmes et le bon vin . Il avait choisi , à Suresnes , la belle Gabrielle d’Estrées . » Décidément , le souvenir d’Henri IV poursuit Antoine…
Pour l’instant, le travail du vigneron consiste à tailler la vigne et à évacuer les sarments coupés . « Il faut aussi garder un œil sur le millésime 2009 , d’ici la mise en bouteille fin avril ou début mai », explique-t-il . Chaque année , les 5000 pieds (85 % chardonnay et 15 % sauvignon) donnent 5000 bouteilles de vin du coteau de Suresnes mises en vente au prix de 9,50 € et disponibles notamment via l’office de tourisme des Hauts-de-Seine . C’est le seul vin d’Ile-de-France à être commercialisé , les autres sont mis en bouteille et vendus à l’occasion de fêtes locales .
Antoine Chopin et Jean-Louis Testud nourrissent plusieurs ambitions pour leur vigne : l’obtention du nouveau label d’identité géographique protégée (IGP) , la vente sur Internet et une viticulture plus « raisonnée ». A quand un vin bio ? Pour Antoine , le fait que les pieds soient plantés en ville n’est pas incompatible . « Il n’y a pas d’autre vigne autour , donc peu de parasites , explique-t-il . Le bio exige de n’utiliser que du soufre et du cuivre . C’est déjà ce qui est fait ici , avec parfois quelques produits phytosanitaires , mais rarement . » Le jeune homme apprécie déjà le millésime 2008 , à qui il trouve des notes « d’amande fraîche ». Selon Jean-Louis Testud, la cuvée 2009 promet d’être meilleure…
Florence hubin
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