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[Jean-Pierre NIEUDAN]

La prochaine cuvée de vin de glace ne sera pas reconnue pour son abondance. Plusieurs producteurs en Montérégie ont dû laisser aux champs une grande quantité de raisins desséchés lors de la récolte qui s’est effectuée à la mi-décembre.

Les fortes pluies en période de floraison avaient déjà diminué le nombre de grappes sur les vignes. Heureusement, l’ensoleillement survenu aux mois d’août et de septembre avait favorisé le taux de sucre du raisin. C’est le mois de novembre particulièrement chaud qui a brouillé les cartes en ce qui concerne le vin de glace.

« Nous ne sommes pas inquiets avec la qualité, elle est exceptionnelle, mais la quantité est moindre », explique Charles-Henri de Coussergues, propriétaire du vignoble de l’Orpailleur et président de l’Association des vignerons du Québec. « Il a fait trop beau au mois de novembre, ajoute le vigneron. Les raisins ont gelé, puis dégelé, ils ont perdu une grande quantité d’eau et se sont déshydratés. » La faible quantité d’eau dans le raisin favorise toutefois la concentration du sucre et des arômes, un gage de qualité. Les 20 000 pieds de vigne consacrés à la production de vin de glace à l’Orpailleur ne donneront pas plus de 25 000 bouteilles cette année. En 2009, le vignoble avait sorti 37 000 bouteilles. À l’échelle de la province, le président prévoit une production d’environ 40 000 bouteilles, comparativement à 60 000 en 2009.

Au vignoble l’Isle de Bacchus situé à l’île d’Orléans, la récolte a eu lieu les 12 et 13 décembre dernier. Certaines années, les vignerons doivent attendre jusqu’à la mi-janvier pour obtenir la température idéale à la récolte du raisin, soit entre -8 et -10 degrés. « Une année, on a récolté le 16 janvier, on commençait à avoir peur, indique Lise Roy, copropriétaire du vignoble. Cette année, il y avait moins de grappes et elles étaient plus petites. » La vigneronne s’attend, elle aussi, à une bonne année en termes de qualité. Le vignoble consacre 7500 des 50 000 vignes à la production de son Jardin de Givre, un vin de glace maintes fois primé au Québec et à l’étranger.

Au vignoble Rivière du Chêne à Saint-Eustache, la récolte a commencé avant Noël et se poursuivait la première semaine de janvier. Un redoux a rendu la manipulation des raisins plus difficile. Une semaine consécutive de grand froid est nécessaire pour que les raisins soient suffisamment durs. Les raisins avaient été cueillis, dans un premier temps, en novembre et placés dans des filets pour éviter de perdre des raisins à cause de la neige. On prévoit une qualité supérieure pour la cuvée 2010 du vin de glace Monde.

Un peu plus de producteurs
Une dizaine de vignerons produiront du vin de glace cette année, soit quelques producteurs de plus que l’an passé. « Il y a une croissance lente de la production. C’est un produit difficile à faire et, au Québec, c’est déjà un défi de produire du vin. En Autriche et en Allemagne, là où provient le vin de glace, ils en font une année sur trois et il est excessivement cher », indique Charles-Henri de Coussergues. D’ailleurs, la mise en marché de ce produit représente également un défi. « Il n’y aura jamais un énorme marché pour le vin de glace, croit-il, car c’est un produit de curiosité. »

Marie-Claude Poulin, laterre.ca
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