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[Jean-Pierre NIEUDAN]

François Delacroix est directeur général des services à Montpellier Agglomération


Ils sont nombreux à vous croiser les samedis et jours fériés dans des ventes aux enchères ou au détour d'un antiquaire. Que collectionnez-vous ?
De nombreuses choses mais ma passion est axée principalement sur deux thèmes : les verres et le vin. Le contenant et le contenu. Car je considère que l'un ne va pas sans l'autre.

Quelle sorte de verres recherchez-vous ?
Essentiellement ceux en cristal signés. J'en possède aujourd'hui plus de quatre cent cinquante, de toutes les tailles et de toutes les formes. Quand je pars en voyage, notamment à l'étranger, je reviens toujours avec une douzaine.

Il y a des signatures que vous préférez à d'autres ?
Disons qu'il y en

a des plus chères que d'autres. Mais je possède aujourd'hui des pièces issues des plus grandes manufactures que sont Lalique, Baccara, Saint-Louis ou encore Cristal de Bohème.

Combien coûte vos plus belles pièces ?
J'ai plusieurs verres estimés à environ 500 €. Il faut savoir qu'un article signé ne perd pas de sa valeur. C'est même un investissement. Ceci étant, je les achète pour les garder. Ni je ne spécule ni je n'ai l'idée de faire un placement financier en les collectionnant.

Vous en servez-vous à table ou les gardez-vous seulement en vitrine... pour décorer ?
Je les acquiers pour m'en servir. C'est la condition sine qua non de mon achat. Quand je reçois, je suis heureux d'avoir une belle table. Je considère qu'un bon vin doit se boire dans un beau verre et quand celui-ci correspondant à la région vinicole, ce n'en est que mieux. A chaque boisson, son verre. Et j'y tiens !

Comment arrive-t-on à évaluer le prix d'un verre ?
Tous ceux de grande facture sont signés. En fonction de cette signature, on connaît la provenance et l'année de fabrication.

Où trouvez-vous la place de ranger cette imposante verrerie ?
Je possède trois grandes armoires. D'ailleurs, mon épouse n'en peut plus de me voir arriver avec de nouvelles pièces ; car il faut dire que l'un des principaux inconvénients avec ce type d'objets très fragiles, c'est qu'ils ne passent pas au lave-vaisselle. Par conséquent, il faut toujours les laver à la main (sourire).

Comment vous est venu cet engouement ?
C'est ma passion du vin qui m'a amené à découvrir, il y a une quinzaine d'années, le verre et son rôle incontournable dans la dégustation. Je suis attiré par la forme, j'aime le toucher, le regarder, l'avoir en main... La relation est très sensuelle.

Dans quels recoins fouinez-vous pour trouver ces pièces parfois rares ?
La plupart du temps dans les ventes aux enchères. C'est là où il y a le plus grand choix et où les prix sont généralement abordables. En prime, je raffole de l'ambiance des lieux, j'ai l'impression de participer à un match de boxe, avec le commissaire-priseur comme arbitre. Il y a aussi des moments où c'est frustrant car on repart sans la pièce souhaitée, faute d'avoir eu les moyens de surenchérir. Mais je dois avouer qu'il y a un choix indéfini. Par conséquent, je ne suis pas près de m'arrêter d'en acheter. C'est une addiction... que je maîtrise cependant (rire).

Parlez-nous de votre autre marotte : celle du vin. Elle remonte déjà à de nombreuses années.
Je suis un amateur éclairé depuis plus de trente ans. Durant de longues années, mon choix gustatif s'est porté sur les bordeaux mais je dois reconnaître que, depuis un certain temps, je trouve en Languedoc de très bons crus que j'apprécie énormément.

Votre cave recèle-t-elle quelques belles cuvées ?
J'ai des vins vieux de soixante ans, voire même de quatre-vingts ans. Je possède, par exemple, un Maury de 1938. J'ai aussi des cuvées plus anecdotiques, comme cette bouteille de bourgogne baptisée "François Mitterrand".

Vous aimez partager votre amour pour le vin ?
Partager est pour moi essentiel. Pour preuve, chaque mois, nous faisons un repas entre amis. Il y a notamment Jean Vallon, Louis Nicollin, le professeur Salzman, le pâtissier Michel... L'un de nous fait la cuisine et, autour d'une bonne table, on déguste de bons vins.

Posséder des vignes, cela ne vous a jamais traversé l'esprit ?
Pire. Cela m'a traversé l'esprit et je suis même passé à l'acte puisque j'ai acheté, il y a deux ans, à Saint-Christol, deux hectares de vigne. Je sors deux cuvées : une en rouge et l'autre en rosé. J'aime tout ce qui tourne autour de la vigne. Ce sont mes racines. Nous nous retrouvons une cinquantaine pour vendanger et c'est chaque fois un grand moment de fête et de joie.
Ma première cuvée est sortie l'année dernière, pour mes 60 ans. Et en guise de clin d'oeil, je l'ai baptisée "Le 60 e rugissant".

Aujourd'hui, quel est votre rêve ?
J'aimerais trouver le moment idéal pour ouvrir ma bouteille de Pétrus de 1967, que je garde avec tendresse, depuis des années, dans ma cave.
Le paysage de montagne Entre une paire de bouteilles grands crus et une douzaine de verres en cristal, François Delacroix trouve souvent la passion nécessaire de surenchérir, lors de vente aux enchères, pour l'achat d'une toile. « J'aime beaucoup la peinture. Je possède plusieurs toiles d'artistes régionaux. Certains sont d'ici, comme Vincent Biouliès, ou de ma région d'origine, Grenoble, comme par exemple Jules Flandrin. J'aime la peinture classique et surtout les paysages de montagne. La mer, très peu pour moi. »
Notons que parmi les pièces d'exception, le DGS de l'Agglo possède « un petit » Jean Hugo.

Gil Lorfèvre
http://www.midilibre.com/articles/2009/ ... 47110.php5