À quelques jours du réveillon, quel genre de bouteilles allez-vous faire sauter ? Le champagne qui pendant de nombreuses années a été l’apanage des fêtes est en train de se faire distancer par la concurrence étrangère. Alors champagne ou spumante, voici quelques rudiments pour vous aider à faire votre choix
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : si la France est le premier producteur mondial de vin devant l’Italie, elle a du mal à s’imposer sur le marché international contrairement à sa proche voisine qui connaît, à l’étranger, un franc succès avec ses spumanti. Ainsi, en 2009, les vins effervescents italiens ont progressé de 9 % sur le marché américain alors que le champagne français a chuté de 27 %. Résultat : cette année, 30 % de bouteilles vendues en plus par rapport aux exportations françaises aux Etats-Unis (source Coldiretti). Mais le marché nord-américain n’est pas le seul à apprécier les vins effervescents italiens : si l’Allemagne aime traditionnellement porter des toasts avec des bulles italiennes, la Péninsule est également en train de gagner des parts de marché en Grande-Bretagne. La crise économique apporte un début d’explication à cette tendance, le prix du champagne étant nettement plus élevé en raison de son coût de fabrication.
Des méthodes de fabrication très différentes
Les méthodes utilisées en Italie pour produire le spumante sont essentiellement au nombre de deux. Le "metodo classico" qui correspond à la méthode Champenoise (depuis 1994, l’Union européenne a décidé que seuls les producteurs de Champagne peuvent utiliser cette indication) : à partir des cépages Pinot et Chardonnay, signalons par exemple les appellations Franciacorta DOCG, Trento DOC ou Alta Langa DOC. Et la méthode Charmat, lancée par l’ingénieur français Eugène Charmat en 1907 : elle représente plus de 90 % de la production italienne et est utilisée pour obtenir des vins plus fruités et aromatiques, comme l’Asti Spumante ou le Prosecco. Puisque la méthode Charmat permet de produire des quantités plus importantes dans des temps assez restreints, le produit final peut être vendu à un prix moins élevé et s’adresse donc à un public plus large. Il faut dire néanmoins que depuis de nombreuses années, l’Italie cherche à produire un vrai mousseux de qualité. Un exemple ? Deux zones traditionnelles de production de Prosecco, à savoir Valdobbiadene Conegliano et les Colli Asolani viennent de se voir attribuer le statut de DOCG (Denominazione di Origine Controllata e Garantita), la plus haute catégorie qu’un vin italien puisse obtenir.
Alors champagne ou spumante ? À vous de juger, mais avec modération !
Nathalie Charlannes et Luisa Gerini (http://www.lepetitjournal.com - Turin)
Méthode Charmat - La fermentation de ce vin - auquel on a ajouté sucre et levures- se fait dans une grande cuve fermée sous pression. La prise de mousse ne se réalise donc pas en bouteille, mais dans la cuve au bout de 10 jours. Le vin mousseux est alors filtré pour lui enlever son dépôt puis embouteillé. Lors de la mise en bouteilles, pour compenser une éventuelle perte de gaz, un gaz carbonique alimentaire peut être ajouté.
Méthode Champenoise - La première fermentation a lieu en fûts pendant 6 mois, ensuite le vin est mis en bouteille avec sucre et levures. La deuxième fermentation se produit donc en bouteille. Ces dernières vont séjourner en cave de 3 mois à 1 an (plus de 3 ans pour les champagnes millésimés). Chaque jour, les bouteilles seront alors penchées et retournées de 1/8 de tour pour faire glisser le dépôt formé par les levures vers le bouchon. Une partie du goulot est ensuite congelée rapidement à -20°C. En débouchant la bouteille, la pression libère le bouchon de glace contenant le dépôt. Une liqueur de dosage est ensuite ajoutée pour compléter la quantité perdue.