.Sur le Divin avec⊠Aubert de VillaineDĂ©guster une romanĂ©e-conti, voilĂ lâambition de plus dâun franc et fin buveur ! Ce vin de Bourgogne est produit sur le climat de la RomanĂ©e-Conti, en CĂŽte de Nuits. Cette appellation, en situation de monopole, est exclusivement exploitĂ©e par le domaine de la RomanĂ©e-Conti, codirigĂ© par Aubert de Villaine avec, depuis 1992, Henry-FrĂ©dĂ©ric Roch, successeur de Lalou Bize-Leroy, membre dâune autre branche familiale, qui officia de 1974 Ă 1992. NĂ© en 1939 Ă Rennes, Aubert de Villaine a entrepris des Ă©tudes en littĂ©rature et en droit, puis est parti vivre Ă New York, oĂč il a rencontrĂ© Pamela, celle qui allait devenir son Ă©pouse. Revenu en Bourgogne aux cĂŽtĂ©s de son grand-pĂšre, Edmond Gaudin de Villaine, et de son pĂšre, Henri de Villaine, il a appris Ă leurs cĂŽtĂ©s le mĂ©tier et sâest vu transmettre le domaine en 1971.Sur le domaine familial de Vosne-RomanĂ©e, qui sâĂ©tend sur 25,5 ha au total, Aubert de Villaine veille sur la trĂšs prestigieuse RomanĂ©e-Conti (domaine acquis par sa famille dĂšs 1869) mais aussi sur sept autres grands crus : La-TĂąche, Richebourg, RomanĂ©e-Saint-Vivant, Grands-Ăchezeaux, Ăchezeaux, Vosne-RomanĂ©e 1er cru ainsi que Montrachet et Corton, dans le vignoble de la CĂŽte de Beaune.
La RomanĂ©e-Conti sâĂ©tend sur une surface de seulement 1,8140 ha, soit 42 ouvrĂ©es. ExploitĂ©e en monopole, câest-Ă -dire dâun seul tenant, par le domaine de la RomanĂ©e-Conti (DRC), la RomanĂ©e-Conti ne produit que 6 000 bouteilles environ. Depuis 2003, et face Ă lâengouement mondial, la commercialisation se fait par vente panachĂ©e de 13 bouteilles, soit une unique bouteille de romanĂ©e-conti pour 12 autres bouteilles de grands crus de la CĂŽte de Nuits (Ă©chezeaux, grands-Ă©chezeaux, romanĂ©e-saint-vivant, richebourg et la-tĂąche). Au domaine de la RomanĂ©e-Conti, Aubert de Villaine agit sans relĂąche et sâimpose comme une conscience de la Bourgogne. Il incarne certes son prestige, mais davantage son Ăąme, Ă un moment oĂč cette rĂ©gion viticole, victime de la flambĂ©e des prix du foncier, vit une pĂ©riode charniĂšre de son histoire. Confidences.
Rodolphe Wartel : La RomanĂ©e-Conti, monumentale et iconique, semble immuable. Pourtant, chez elle aussi les choses Ă©voluent. Quels sont les grands sujets qui vous mobilisent aujourdâhui ?
Aubert de Villaine : Le domaine Ă©volue dans un souci permanent dâessayer de mettre en place les moyens adĂ©quats pour faire les plus grands vins possible en 2017. Cela consiste Ă faire le travail qui sâimpose, immĂ©diat, mais aussi Ă rechercher dans des directions qui sont les plus importantes pour nous comme le matĂ©riel vĂ©gĂ©tal, la sĂ©lection des plants fins. On peut avoir le plus grand terroir du monde, si on nâa pas un matĂ©riel fin, on nâen atteindra jamais le potentiel. Il y a aussi dâautres chantiers : comment trouver notamment des tracteurs lĂ©gers qui permettent de moins compacter ? Câest un vrai problĂšme Ă lâheure actuelle de trouver un fabricant capable de proposer des tracteurs lĂ©gers et fiables. Que faire Ă©galement des sarments aprĂšs la taille ? Nous recherchons des voies pour disposer de ces sarments sans avoir Ă les brĂ»ler. Au niveau des vinifications, il nây a pas de miracle Ă attendre : câest dans le cadre de la tradition quâon fera des grands vins. Il est totalement inutile Ă mon sens de chercher des mĂ©thodes rĂ©volutionnaires de vinification. On peut faire des Ă©volutions sur le pressurage ou le tri de la vendange, mais mĂȘme sur ces points, on nâest pas trĂšs loin de ce qui peut ĂȘtre le plus efficace. Dans un domaine comme le nĂŽtre, lâimportant est dâobtenir quâĂ tous les niveaux il y ait une recherche de la perfection. La perfection nâexiste pas. Câest pour cela quâil faut arriver Ă ce que tous les dĂ©tails soient accomplis dans un esprit de perfection.
Accompagner la RomanĂ©e-Conti semble donc constituer un chemin perpĂ©tuelâŠExactement. Câest dâailleurs un chemin plus que passionnant, car il sâagit, chaque annĂ©e, de sortir une expression du cru, du climat, qui soit celle de la personnalitĂ© de ce climat. Dieu sait si on a fait des analyses de sol, au niveau de la faune du sol, des microbes, des bactĂ©ries ou des levures⊠Les gĂ©ographes ont travaillĂ© sur ce qui se passe au niveau des vents et de lâensoleillement⊠mais, quel que soit le millĂ©sime qui donne chaque annĂ©e un visage diffĂ©rent au vin, il y a aussi chaque annĂ©e cette personnalitĂ© du cru, du climat, qui ressort et ne sâexprime pas par un goĂ»t, une odeur ou un parfum, mais par une forme, une allure⊠comme une personnalitĂ© humaine, qui peut ĂȘtre pour le romanĂ©e-conti sur la finesse, la puretĂ©, lâĂ©lĂ©gance. Le richebourg exprimera davantage un esprit de puissance et de rondeur. La biodynamie a Ă©tĂ© Ă ce sujet un Ă©lĂ©ment intĂ©ressant, car elle permet dâarriver Ă une « finesse de maturitĂ© » supplĂ©mentaire dans les vins⊠Non pas plus de puissance de fruit ou dâalcool, mais plus de finesse de maturitĂ© et dâexpressionâŠ
Vous vous ĂȘtes lancĂ©s dans le bio en 1985, puis dans la biodynamie dĂšs 1995. Comment analysez-vous le fait que bon nombre de vignerons français, notamment dans de grands crus, invoquent la menace de perdre tout ou partie dâune vendange pour ne pas se lancer ?Nous sommes passĂ©s entiĂšrement en biodynamie en 2006. Mais lâimportant pour nous Ă©tait dâabord le bio. Avec la biodynamie, on arrive comme je le disais Ă une finesse de maturitĂ© supplĂ©mentaire, Ă une adĂ©quation avec le millĂ©sime qui est encore meilleure quâen bio. Toutefois, que ce soit contre le mildiou ou contre le botrytis, il y aura toujours des attaques qui se manifesteront. Il faut les regarder comme un gain qualitatif. Il y a des millĂ©simes oĂč les raisins sont parfaits dâun bout Ă lâautre⊠mais, en Bourgogne, la plupart des millĂ©simes connaissent des attaques diverses. Dans ces millĂ©simes plus pluvieux, plus froids, la diminution de rĂ©colte qui en dĂ©coule est qualitativement positive Ă condition de trier ce qui a Ă©tĂ© attaquĂ© par le botrytis, par exemple. Le tri est un des grands progrĂšs que la Bourgogne a rĂ©alisĂ©s au cours des vingt derniĂšres annĂ©es. Pour le reste, je ne connais pas bien Bordeaux. Bordeaux a un climat atlantique qui est assez difficile, je crois⊠Notre climat, en Bourgogne, est continental. Il nây a pas une annĂ©e oĂč on nâait pas pu se dĂ©brouiller correctement en bio, et je ne connais pas de vignerons qui aient abandonnĂ©.
La tendance vers la biodynamie est croissante mais encore faible au niveau national, alors que la pression sur les pesticides, les herbicides, les fongicides est de plus en plus forte. Comment lâexpliquez-vous ?En Bourgogne, jâai le sentiment quâil y a une vraie prise de conscience Ă ce sujet. Sur toute la zone des grands crus et des premiers crus, vous constatez rĂ©ellement le travail du sol. Vous ne voyez plus dâherbicides. Au niveau des pesticides, la baisse est rĂ©elle. Ceux qui ne sont pas en bio ou biodynamie sont en viticulture raisonnĂ©e. Et le vigneron travaillera de la mĂȘme façon sur ses bourgognes et ses villages. Le « bon travail » se propage sur tout le reste de la Bourgogne.
Vous ĂȘtes copropriĂ©taire de la RomanĂ©e-Conti et reprĂ©sentez une rĂ©elle conscience de la Bourgogne. Avez-vous justement conscience dâĂȘtre un porte-Ă©tendard observĂ© et une voix Ă©coutĂ©e ?Je ne mâen occupe pas, je fais mon travail. Si cela peut servir Ă dâautres, tant mieux. Câest quelque chose Ă quoi je ne pense pas du tout. Jâestime quâavoir des devoirs envers la Bourgogne, envers le domaine dont je mâoccupe, ça se confond, et que câest dâabord faire de trĂšs grands vins et mettre les moyens pour ça. Je ne me sens aucune vocation missionnaire.
Qui sont aujourdâhui vos Ă©lĂšves ?Je ne peux pas le dire car jâai beaucoup dâamis, et beaucoup que je ne connais pas, qui sont des vignerons formidables. La Bourgogne est un reflet de la grande diversitĂ© du monde. Ce mot, « diversitĂ© », est important. Il est aussi important que le mot « finesse ». La Bourgogne est un modĂšle de diversitĂ©.
La Bourgogne suscite aujourdâhui toutes les convoitises. Les prix du foncier sâenvolent. Comment rĂ©agissez-vous face Ă cette tendance folle qui dĂ©fie tous les modĂšles Ă©conomiques ?Je suis trĂšs philosophe Ă ce sujet. Il nây a pas si longtemps, entre le moment de lâarrivĂ©e du phylloxera (en 1880 en Bourgogne) et 1972, un domaine comme le nĂŽtre nâa pas fait le moindre centime de bĂ©nĂ©fice. Il y a eu le phylloxera, la PremiĂšre Guerre mondiale, la crise de 1929, la Seconde Guerre mondiale⊠1972 a Ă©tĂ© la premiĂšre annĂ©e oĂč on a fait du bĂ©nĂ©fice au domaine ! CâĂ©tait il y a quarante ans. Ce nâest pas si loin⊠Entre les deux guerres, tout Ă©tait Ă vendre en Bourgogne, et il nây avait pas dâacheteurs. Aujourdâhui, des investisseurs sont prĂȘts Ă acheter Ă nâimporte quel prix des vignes en grands crus et premiers crus. Sans parler de bulle, nous sommes dans une pĂ©riode contraire Ă celle que je citais. Il est donc important de regarder ces prix avec un certain recul historique. Combien de temps cela durera-t-il ? Je nâen ai pas la moindre idĂ©e. Des particuliers sont prĂȘts Ă payer des sommes qui nâont rien Ă voir avec la valeur Ă©conomique des vignes. Ă comparer avec ce quâun collectionneur peut donner pour un timbre-poste ou un tableau. On nâest plus dans lâĂ©conomie, ce qui est grave. Car si la Bourgogne sâest maintenue dans sa vocation vigneronne pendant tous ces siĂšcles, câest parce que des familles se sont transmis leur savoir-faire et ont maintenu cet esprit vigneron. Le grand danger aujourdâhui est le problĂšme des taxations. Si le TrĂ©sor public prend comme base ces transactions folles, il y a dĂ©jĂ lĂ une forte impossibilitĂ© Ă transmettre⊠Et, surtout, quand un enfant sur quatre reprend un domaine, comment peut-il dĂ©dommager les autres ? Avec les prix pratiquĂ©s actuellement, cela devient impossibleâŠ
Que sera le domaine de la RomanĂ©e-Conti dans dix ans ? Notamment en termes de gouvernance ?Dans dix ans, il sera gouvernĂ© par un tandem comme il lâest aujourdâhui. Il sera gouvernĂ© par mon associĂ© Henry-FrĂ©dĂ©ric Roch et mon neveu Bertrand de Villaine, des personnes qui sont toutes les deux aussi pĂ©nĂ©trĂ©es que je le suis de la philosophie du domaine. JâespĂšre ĂȘtre encore lĂ dans dix ans pour y veiller ! Quant Ă la date de la passation, elle nâest pas dĂ©terminĂ©eâŠ
Vous avez fait inscrire les fameux climats au Patrimoine mondial par lâUnesco. RĂ©trospectivement, quel regard portez-vous sur cette inscription, et mesurez-vous mieux aujourdâhui ce quâelle peut apporter Ă la Bourgogne ?Jâai lancĂ© ce projet car il permettait dâabord, Ă travers le dossier scientifique de lâinscription, de saisir une image complĂšte du vignoble de CĂŽte-dâOr, en Bourgogne, sous tous ses aspects, historique, gĂ©ologique, gĂ©ographique, sociologique, etc. Le dossier dâinscription a Ă©tĂ© une source dâenrichissement formidable pour la connaissance de ce vignoble. Si on a choisi le mot « climat » comme banniĂšre, câest parce que, mĂȘme si autrefois il a Ă©tĂ© employĂ© puis abandonnĂ© dans dâautres rĂ©gions, Ă partir des XVe et XVIe siĂšcles, il reste couramment utilisĂ© en Bourgogne pour dĂ©signer une parcelle de vigne nommĂ©e, dĂ©limitĂ©e, et produisant un vin ayant une personnalitĂ© unique. Cette partie scientifique a Ă©tĂ© tout Ă fait passionnante. La deuxiĂšme raison Ă©tait de faire prendre conscience aux gens qui vivent sur le territoire et Ă ceux qui lâexploitent quâils ont entre les mains quelque chose de trĂšs ancien, qui a une trĂšs longue histoire, qui est prĂ©cieux et quâil est essentiel de le protĂ©ger. Cette prise de conscience que jâavais faite a Ă©tĂ© le motif principal de mon engagement. On a Ă©tĂ© bien suivis, mĂȘme sâil y a eu des rĂ©ticences, car certains ont eu peur que cela nâengendre des contraintes. La plupart des gens ont en revanche compris quâil sâagissait de rĂ©pondre Ă une ambition de prĂ©server et de transmettre. Les protections qui ont Ă©tĂ© apportĂ©es vont dans ce sens. Un autre rĂ©sultat de cette inscription des climats, plus gĂ©nĂ©ral et qui dĂ©passe la Bourgogne, câest quâil fait taire pour de bon ceux qui nient la rĂ©alitĂ© de lâidĂ©e de « terroir ». Ces « nĂ©gationnistes », souvent amĂ©ricains, sont de moins en moins nombreux, câest vrai, tous les vignerons du Nouveau Monde cherchent aujourdâhui Ă faire des « vins de terroir » et viennent pour cela se ressourcer en Bourgogne, mais la reconnaissance de lâidĂ©e de « climat » met un terme Ă toute discussion Ă cet Ă©gard, de mĂȘme quâelle en affirme la nature culturelle.
La RomanĂ©e-Conti, câest aujourdâhui une moyenne de 6 000 bouteilles, un joyau rare et convoitĂ©. Que rĂ©pondez-vous Ă ces passionnĂ©s de vins, cavistes ou sommeliers, qui consacrent leur vie Ă construire une carte et rĂȘvent un jour dâĂȘtre allocataires de quelques bouteilles ?Je leur dis que la plus belle fille du monde ne peut donner que ce quâelle a. La RomanĂ©e-Conti ne peut pas donner plus de 6 000 bouteilles par an. Câest Ă©videmment un problĂšme. Il y a pas mal dâannĂ©es, Ă lâĂ©poque oĂč Lula Ă©tait candidat Ă la prĂ©sidence du BrĂ©sil, un journaliste brĂ©silien mâa appelĂ©, car des partisans de Lula avaient crĂ©Ă© un site socialiste quâils avaient appelĂ© « La RomanĂ©e-Conti pour tous ». Jâai dit que jâen pensais une seule chose : on en fait 6 000 bouteilles, et il nây en aura jamais pour tous ! De plus, nous ne voulons pas la vendre Ă un prix totalement extravagant, mĂȘme si elle est dĂ©jĂ trĂšs chĂšre. On entrerait alors dans le concept de produit de luxe, que je dĂ©teste. Nous ne faisons pas un produit de luxe, nous faisons du vin, qui est un breuvage. Nous la vendons donc en proportion de la rĂ©colte avec les autres grands crus produits au domaine. Câest une mĂ©thode qui nâest pas totalement satisfaisante mais dont on ne peut pas sortir, sinon il faudrait mettre le romanĂ©e-conti au dĂ©part du domaine Ă un prix totalement extravagant.
Que ressentez-vous lorsque, dans une vente aux enchĂšres Ă New York, six magnums de romanĂ©e-conti sont adjugĂ©s 134 315 euros ?Cela me choque. Ce qui se passe sur les marchĂ©s aux enchĂšres, je ne mâen occupe pas, trĂšs franchement. Câest un marchĂ© Ă part qui porte sur de trĂšs petites quantitĂ©s. Ce dont nous nous occupons, câest de notre distribution, que nous essayons de contrĂŽler en faisant en sorte que le romanĂ©e-conti soit distribuĂ© chez les amateurs qui le boiront et le conserveront en cave.
Le monde entier vous suppose riche. Vous lâĂȘtes, mais sans ostentation. Quel est votre rapport Ă lâargent ?Jâai un rapport Ă lâargent qui vient de ma famille. Lâargent permet au domaine dâavoir de la libertĂ© et, par lĂ , la possibilitĂ© de rechercher sans contrainte ce qui est le meilleur pour les vins quâil fait et pour sa pĂ©rennitĂ©. Cela a permis Ă toute une gĂ©nĂ©ration de payer les droits de succession, par exemple. JâespĂšre que cela permettra Ă la prochaine gĂ©nĂ©ration de payer Ă©galement ses droits de succession. Lâargent, ça nâest que ça : libertĂ© et transmission. Quant Ă moi, personnellement, je nâen gagne pas tant. Le domaine est constituĂ© de telle maniĂšre que les associĂ©s soient servis en premier. Je suis associĂ©, donc je suis servi, mais si on a la chance de gagner de lâargent, il faut ĂȘtre gĂ©nĂ©reux.
Vous avez Ă©tĂ© maire dâune commune, Bouzeron, pendant sept ans. Quel regard portez-vous aujourdâhui sur la sociĂ©tĂ© qui est la nĂŽtre et plus largement sur la France ?On est trĂšs frappĂ© par cette violence. Je ne pense pas que la France soit aussi fracturĂ©e quâon le dit. La violence a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e par les attentats islamistes et par une frange extrĂȘme de la population. Cette violence existe dans le monde entier. On en est plus conscient aujourdâhui. On vit dans une ambiance oĂč les mĂ©dias sont perpĂ©tuellement en train de vous raconter des catastrophes. Si nous avons une mission, nous, vignerons, dans ce monde-lĂ , câest de mettre en avant lâapport culturel du vin. Si ce que nous apportons est quelque chose qui dĂ©passe le vin en tant que boisson, si on apporte une culture, on combat cette violence.
Un mot sur notre prĂ©sident, Emmanuel Macron ?Mon regard est favorable, comme pour beaucoup de monde. Câest une chance de sortir de cet affrontement rĂ©current gauche-droite. Tout le monde aspire Ă ĂȘtre gouvernĂ© de maniĂšre raisonnable, sans idĂ©ologie, dâune façon oĂč lâadversaire peut trĂšs bien avoir raison et oĂč il nâa pas toujours tort uniquement parce quâil est votre adversaire. Je souhaite tout Ă fait que Macron rĂ©ussisse dans un pays oĂč il y a des lourdeurs trĂšs fortes.
Une rĂ©volte, une colĂšre, un coup de gueule ?Il y a une chose que je nâaime pas en Bourgogne. Il y a encore des vignerons qui croient quâon peut intervenir sur un climat de maniĂšre extrĂȘmement brutale en faisant ce quâon appelle des « broyages-concassages » (on enlĂšve la couche de terre, on fait passer des engins extrĂȘmement puissants qui broient la roche et on planteâŠ). Câest pour moi la nĂ©gation de lâidĂ©e de terroir, câest-Ă -dire de la branche sur laquelle on est assis. Cela me met en colĂšre Ă chaque fois que jây pense. Le respect des climats est le premier devoir du vigneron. Le talent, ce nâest pas lui qui le possĂšde, câest son climat. Il faut quâil lâexploite dans le respect.
Que boira-t-on le jour de vos obsĂšques ?Il est facile de dire, quand on est vivant, que la mort ne vous fait pas peur, mais on sait trĂšs bien quâelle peut survenir. Je souhaite que le jour de mon enterrement on boive du vin. Quel millĂ©sime ? 1999. Je souhaite quâil y ait encore quelques bouteilles de 1999 pour boire Ă ma santĂ© dans lâau-delĂ . Et je me contenterai complĂštement dâĂ©chezeauxâŠ
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