vinosophe a écrit:Intéressant ce beau commentaire sur PONTET CANET...qui n'a pas vraiment bien choisi le bon millésime pour se "lancer" dans la biodynamie!!!
Pontet-Canet travaille en biodynamie depuis 2004 avec la totalité à partir du millésime 2005. Je ne suis pas un habitué des forums mais je souhaite apporter quelques précisions. La biodynamie ne représente qu'une partie de notre travail. C'est une brique dans un mur beaucoup plus grand. L'arrivée des chevaux est une autre brique. On pourrait aussi citer les vinifications "humaines" avec levures uniquement indigènes et absence d'ordinateur pour gérer les températures à notre place...
Il me semble que les techniques utilisées depuis 20-25 ans et que l'on a améliorées et appris à maitriser dans le temps, nous ont amené à un palier en terme de progression qualitative.
La biodynamie permet de disposer d'autres "outils" de progression qualitative.
Je pense que les gains qualitatifs à venir seront sur des impressions gustatives subtiles (nez plus fin et aromatique, tanins plus soyeux,...) Pour cela, les moyens à mettre en oeuvre seront eux aussi plus subtils et complexes que la brutale vendange verte ou le très agressif effeuillage.
Il faut réellement intervenir sur le sol. Les futurs grands vins seront produits en agissant vraiment sur le sol, en lui redonnant la vie et la santé que des décennies de viticulture moderne ont mis à mal.
Il est évident que mon travail actuel est nettement plus complexe et prenant que dans le passé. Tous les jours je dois réapprendre mon métier, pourtant je suis dans ma vingtième saison à Pontet-Canet.
Nous avons abandonné le rognage, l'effeuillage d'été et les vendanges vertes dans leur rôle de réduction de la production. Je cherche une petite récolte, naturellement. Mais c'est très compliqué. Il faut vraiment avoir son sang qui circule dans les ceps de vigne, sinon on se désespère.
L'année 2007 a été difficile pour tous, et plus pour nous, mais il faut la replacer dans le contexte global que je décris, sinon on ne peut pas comprendre.
Je pense que la progression qualitative de Pontet-Canet dans les années à venir est à ce prix.
Il n'y a pas 150 façons de redonner de la vie au sol. La première est de s'ouvrir les yeux et de ne pas chercher à se persuader que tout va bien.
Tout ce qui détruit la vie microbienne doit être supprimé :pesticides, compactage par les enjambeurs,...
Je pense que vous comprenez mieux maintenant la raison du retour au cheval. Je ne vais pas vous écraser sous les chiffres mais j'ai analysé le compactage finement et le cheval m'a semblé être une solution envisageable.
J'ai la chance d'avoir un propriétaire réellement amoureux de son domaine et d'avoir des liens très étroits avec lui. C'est fondamental.
Je préfère arrêter là pour ne pas endormir le lecteur.
Voilà en quelques lignes un éclairage de ce qui est fait à Pontet-Canet. On peut en reparler...