Revoir un couple d'amis, qu'on ne retrouve, que trop rarement crée de jolis moments liés au partage d'une amitié que transcendent les distances.
J'étais aux fourneaux et nécessité, par correction, était de faire un repas "végétarien". Une gageure, car je rêvais aussi d'une belle pièce de boeuf sur les deux vins rouges
En guise d'apéritif, le Champagne cuvée n°735 de Jacquesson possède un très joli nez brioché, sur les fleurs et les fruits blancs. Bulles fines et vin tout en élégance, harmonieux tant dans l'intégration de l'acidité et de la matière que dans sa longueur. Ce n°735 devient pour moi un classique qui ne devrait pas me décevoir dans les mois et années à venir.
Sur une ratatouille maison accompagnée de quinoa, j'ai proposé un vin sur la dentelle, d'un domaine que j'affectionne : le Volnay Les Champans 1981 de Joseph Voillot est fidèle à l'image de pinots fins et élégants liée aux vins de ce domaine : bouteille ouverte 3h avant service et placée au dehors pour rester fraîche. Quand j'ai servi le vin dans les verres Spiegelau Expert, le vin présentait des notes métalliques en bouche, un nez un peu brouillon. Aussi, les Riedel Vinum firent leur entrée et permirent au vin de mieux s'épanouir. Couleur rubis, claire. Le nez est diaphane, sur la cerise, le fumé, les épices et la framboise. Bouche en douceur, qui n'a pas la concentration d'un grand millésime, mais ce domaine prouve ici encore qu'il sait réussir de beaux vins de garde, notamment sur les Champans, même en millésime plus "difficile". Excellente tenue de bouche et longueur honorable. L'aération lui fait du bien, et apparaissent de belles fragrances de menthe, de rose fanée et de café. Je retrouve en particulier une petite note mentholée en finale qui signe les beaux vins réussis et à maturité - à mon goût. Accord correct sur le plat "végétarien".
Pour faire honneur aux amis devenus vauclusiens, je cherche dans mes réserves un vin issu d'un bon domaine du "coin"... bon, je me suis un peu trompé, mais la Provence est vaste
Le Baux de Provence 2004 du domaine Hauvette se montre évidemment sous des atours plus jeunes et concentrés. Mais le nez est réduit, sur le goudron et le cuir. L'aération lui fera le plus grand bien, présentant alors de belles notes de mûre et d'épices douces. Le vin est parfaitement équilibré, les tannins soyeux. Ce n'est qu'à la fin du repas qu'il montrera vraiment son potentiel. Lui manquait cruellement une belle viande rouge braisée
Et je garderai mes autres bouteilles sagement, car il demande encore, à mon goût, une bonne maturation sous verre & en cave.
Avec les rouges, mon ami étant amateur de vins bourguignons, je ne résiste pas à lui proposer un troisième verre parallèle, sur le plateau de fromage (Saint Félicien, crémeux à souhait, et Comté 36 mois réjouissant), le Mâcon-Pierreclos Le Chavigne 2009 de Guffens-Heynen. C'était mon vin de la semaine, je l'avais ouvert pour savoir si Guffens avait évité le piège de ce millésime chaleureux et, pour sûr, c'est une bouteille magnifique : le nez est envoûtant - après quatre jours -, sur la poire vanillée, les fleurs (tilleul) et une petite note de brioche chaude. La matière en bouche est idéalement concentrée et travaillée, le vin n'est absolument pas déséquilibré par l'alcool, mais supporté par une acidité mûre qui tend le vin jusqu'à une longue finale. Superbe !
Pour finir, sur une tarte framboise et glace vanille, nous avons terminé tard la soirée accompagnés par un Gaillac doux cuvée Vendanges Dorées 2009 de Denis Balaran. Mon stock commence à sérieusement diminuer, tant ce vin est idéalement séduisant, autour d'un équilibre moelleux typé "passerillage", supporté par une acidité qui confère de la fraîcheur en fin de repas. Accord très correct.
Quel bonheur de pouvoir partager de telles bouteilles avec des amis d'aussi belle qualité ! Voilà la raison d'être du vin
Excellent week-end à vous tous.