Bonjour à tous,
Voici un petit descriptif de 14 vins dégustés autour d'un bon repas courant Mai.
Les vins sont servis à l'aveugle et à bonne température, suite à un passage en carafe de deux heures environ. Ils sont dégustés dans l'ordre indiqué ci dessous.
Si toutes les étiquettes laissaient présager une série sans défaut qualitatif, il y eut étonnamment quelques déceptions, notamment deux antagonistes en rouge :
- Le Chambertin clos de Bèze 2000 de Faivelay
- Le CNDP du Domaine de la Mordorée 2003
Deux déceptions que l'on attribue peut-être à l'influence du millésime... (?)
Et pour les blancs, un Hermitage 2004 de Guigal qui semble avoir vieilli trop vite et qui porte déjà les allures d'un vieux vin... Vin à revoir bientôt pour mieux conclure.
Comme quoi il ne faut pas toujours faire confiance à un buveur d'étiquettes
Vous trouverez les photographies des étiquettes sur : http://www.qscb.fr/spip.php?article42
Bonne lecture à tous.
Vin n° 1 : Riesling 2005 – Spatlese Domaine Robert Weill :
Jolie couleur fraîche et un nez séducteur duquel émerge de belles fragrances de citron vert et de sirop d’orgeat. La bouche qui est d’une absolue finesse et sans aucune lourdeur alcoolique offre un ensemble ample, fort délicat et totalement harmonieux. Ce modèle de spatlese nous gratifie ici d’une liqueur éthérée et noble, d’une pureté inouïe. Un délice géant.
Très joli vin, une eau se source.
Noté 95/100
Vin n° 2 : Champagne 1985 – Cuvée Rare de Piper Heidsieck :
Un cru surprenant à tous les stades de la dégustation. Une robe marquée par quelques reflets pailles et ternes mais celle-ci demeure relativement jeune. Le nez distinctif avec ses senteurs de champignons, d’épices, d’un joli grillé aussi, est hélas altéré par quelques notes indélicates. Rien de rébarbatif toutefois. La bouche reprend ces mêmes caractéristiques mais traduit mieux l’évolution du vin ; les bulles sont agréables et l’acidité heureuse porte bien le vin. Un cru disposant encore de forces bien que son déclin soit entamé - et plutôt destiné à la table.
Un joli champagne évolué comme on les aime et qui malgré ses 25 années offre un plaisir certain à travers une belle tenue.
Noté 91/100
Vin n° 3 : Jurançon 2000 – Quintessence du Domaine Cauhapé :
Couleur dorée à la fois épaisse et vive. Les arômes abondent de truffe blanche, de marmelade d’orange, de fruits jaunes. Une égale volupté est reprise en bouche où cette insinuante liqueur sait se faire très prégnante, toujours avec légèreté et douce caresse. Une richesse et un fond certains et au final un melting-pot splendidement savoureux. Adhésion indubitable à une « Quintessence ». Des vivas !
Toujours très beaux, les vins de se domaine sont à confronter aux plus beaux Sauternes. Un match certainement difficile pour ces vins du Bordelais…
Noté 94/100
Vin n° 4 : Icewine Gewurztraminer 2001 – Domaine Jakson Triggs :
Couleur or, riche et nez multiple : coing, pourriture noble, raisins de Corinthe, litchi et surtout abricot. D’ores et déjà du bonheur et au palais le cru se fait tout aussi enthousiasmant. Grand équilibre, saveurs de mangue et de litchi plus nettes, puissance contenue et parfaite cohérence du tout. Un cru d’immense esthétisme commandant la paix. Silence.
Un vin très agréable, malheureusement trop difficile à se procurer
Noté 94/100
Vin n° 5 : Pessac Léognan blanc 2002 – Château Pape Clément :
Une robe plutôt pâle et un nez au charme manifeste et ample, marqué par de douces notes de citron vert, de buis et de fleurs. La bouche est démonstrative en demeurant séduisante. Le cru laisse percevoir des flaveurs de bourgeon de cassis hautement recevables, de genêt et d’élevage judicieux. Le tout est vif et tendu, totalement agréable et d’une classe folle.
Un joli Bordeaux blanc, malheureusement trop cher…
Noté 93/100
Vin n° 6 : Hermitage blanc 2004 – Domaine Marcel Guigal :
Un cru haut en couleurs, brut de décoffrage. La robe est soutenue, marquée par une certaine évolution déjà . Le nez est dominé par des senteurs de poire assez simples et apparaît donc monolithique en l’état, en accord avec l’évolution annoncée par la robe. Au palais le degré d’alcool est aisément, perceptible, traduisant ainsi un petit déséquilibre chaleureux du cru auquel s’ajoute une évidente et dérangeante saveur de pomme blette. L’ensemble peut toutefois satisfaire mais le puriste n’y trouvera pas ce soir là , son bonheur. Un cru trop rapidement évolué qu’il faudra redéguster. Etrange…
Noté 87/100
Vin n° 7 : Saint Estèphe 1990 – Château Cos d’Estournel :
Avis très partagés à propos de ce cru à la sombre couleur. Le nez fait songer à la terre et au cuir frais, au havane et au cabernet sauvignon à travers des notes de poivron nullement gênantes, au contraire. C’est en bouche que ce cru s’affiche plus rigoureux en présentant ses notes d’amer et une acidité sensibles. Une minéralité et un défaut de sève comme de douceur de texture perturbent cette dégustation. Le vin est comme décharné, construit autour d’une minéralité calcaire qui ne porte malheureusement plus une chair aussi abondante qu’attendue… Un Bordeaux aujourd’hui dans une phase ingrate ou tout à fait classique selon les penchants des uns et des autres. Mais assurément pas un vin de rêve, ce soir.
Noté 89/100
Vin n° 8 : Chambertin Clos de Bèze 2000 – Domaine Faivelay :
Couleur assez profonde, rubis, jeune. Le nez du cru s’avère ordinaire, car sans complexité ni profondeur. Petits fruits rouges sans éclat. La bouche n’offre rien de sensitif et se montre d’une platitude navrante, dénuée du moindre caractère ou originalité. Un ensemble très austère, amer, sec, court, manquant de finesse et hélas du moindre charme. Une désillusion.
Si ne vin n’est pas mauvais, il n’est pas non plus bon… Incipide, il est loin d’offrir ce que l’on peut attendre d’un Bourgogne de ce rang.
Noté 86/100
Vin n° 9 : Pomerol 2001 – Château La Clémence :
Vive couleur profonde, rubis au disque, noire au centre du verre et splendides senteurs très fruitées et florales, complétées de forts agréables notes de caramel et de moka. Bouche faite de belle concentration et puissance, très pulpeuse. A la limite de la sur-extraction, l’on ne sait pas vraiment si l’on est à Bordeaux, mais la droiture du vin, son toucher au palais comme ses saveurs et son équilibre sont en totale harmonie… Un feu d’artifice et du bonheur en bouteille pour un vin formidablement délicieux et de fait très convaincant. Des vivas !
Noté 93/100
Vin n° 10 : Ribera del Duero 1995 – Vega Sicilia :
Le vin est initialement un peu réduit puis consent à s’ouvrir en nous gratifiant de ses jolies caractéristiques odorantes d’herbes sèches, de café, de fruits rouge tels la cerise, mûrs à souhait, sans excès comme toujours. L’attaque en bouche est tendre et sa suite se montre tout aussi soyeuse que paisible. Ce vin d’une grande complexité jouit d’un équilibre manifeste et de tannins à peine perceptibles tant ils sont élégants. Redoutable de séduction naturelle et d’assurance, il s’agit ici à l’évidence d’un cru tout ce qu’il y a de plus aristocratique.
Noté 95/100
Vin n° 11 : Pomerol 2001 – Château Lafleur :
Très jolie robe profondément colorée et lumineuse. Les esters rares et de grande finesse surgissent du verre sans heurt et se renouvellent en continu. Coulis de fruits mûrs, rouges et noirs tels la mara des bois, la cerise, le cassis idéalement savoureux et adroitement mariés à des arômes variétaux de cabernet franc (poivron, fraicheur). Bouche tonique qui jamais ne se départit d’une once d’élégance, d’équilibre et d’harmonie. Le grain tannique aimable conforte une structure solide, parfaitement proportionnée. Ce vin de grande ampleur dispose de tout pour s’offrir pleinement au plaisir du dégustateur, aujourd’hui déjà sans défaut et plus encore demain. Un cru splendide à nouveau. Un grand cru, exemplaire !
Noté 97/100
Vin n° 12 : Pessac Léognan rouge 2003 – Château Pape Clément :
Grand vin haut en couleurs et remarquable de finesse et de raffinement. Le nez est aguicheur avec un toasté certain mais précis, n’obérant en rien une pureté olfactive réjouissante, adorablement fruitée et crémeuse. La suavité en bouche procure le total ravissement des papilles. Une architecture solide mais néanmoins souple et un fruité net des plus élégants, créent un magma qui s’ingère avec délectation. Splendide et voluptueux vin hors pair.
Noté 95/100
Vin n° 13 : Châteauneuf-du-Pape 2003 – Domaine de la Mordorée :
Cru noir, ténébreux. Le nez est encore un peu retenu mais l’aération laisse percevoir d’adroites senteurs de garrigue, de fruits noirs compotés, d’olives ; plaisant malgré ce stéréotype. La dégustation en bouche souffre par contre d’un grain tannique rugueux et d’une puissance trop extrême du vin. Celui-ci emplit la bouche mais heurte violemment le palais, sans délivrer le moindre signe d’harmonie, de douceur ou d’élégance, ce soir. Un immense cru en période de crise ou bien un cru subissant les affres de conditions caniculaires ultimes ? A laisser s’apaiser et déguster à nouveau lors d’un hiver lointain. Ce cru qui nous a beaucoup plu dans d’autres millésimes, mérite une seconde chance…
Noté 85/100
Vin n° 14 : Saint Julien 2003 – Château Ducru Beaucaillou :
Conclusion en apothéose pour un cru brillant de mille feux dans toutes ses caractéristiques. Rubis sombre, velours moiré, brillant du plus bel effet. Nez évident de classe et de complexité aromatique. Fruité fin, floral. Un modèle de charme. Bouche hors normes tant en qui concerne sa densité de matière, que sa texture raffinée, que la race de ses flaveurs et son équilibre général. Une étoffe pure, noble, savoureuse, d’une harmonie et d’une fraîcheur sans pareil. Un chef d’œuvre !
Grand vin ouvert aujourd’hui, très appréciable en l’état et qui s’affichera telle une très belle réussite dans plusieurs années encore.
Noté 96/100
Un grand MERCI à notre hôte pour cette soirée mémorable.
Cordialement
Julien