Je peux comprendre ta réaction, Didier. C'est inhérent à toutes les bouteilles dont le prix dépasse un certain seuil logique d'entendement - voir la discussion en cours sur le Clos de Tart, le prix des vins de luxe à Bordeaux, de Bourgogne ou de certaines cuvées du Rhône (les "la-la-la" de Guigal, les cuvées haut de gamme de Chapoutier, de Tardieu-Laurent etc..). C'est probablement par rapport à ces dernières qu'Hervé Bizeul essaie de positionner La Petite Sibérie. La Petite Sibérie provient d'une toute petite parcelle (1ha) de très vieux Grenache sur un sol argilo-calcaire et de schistes. Sur cette parcelle, un micro-climat plus froid que la norme de la région (d'où le nom de "Petite Sibérie") donne un caractère très particulier à ce vin produit en quantités très limitées. Cette rareté relative expliquant certainement que ce vin se vende sans problème au prix demandé auprès d'un certain public qui apprécie ce type d'expression.
Pour revenir à la question du prix, lorsqu'un vin est dans mon verre, je fais abstraction totale de son prix actuel - du moins j'essaie très fort..
sinon je n'oserais plus ouvrir un certain nombre de bouteilles plus anciennes de ma cave..!. D'ailleurs en passant, si je déguste à l'aveugle, je ne suis pas sensé connaitre le vin ni corrolairement son prix..!
Pour précision, le 2005 décrit ci-dessus n'a pas été dégusté à l'aveugle. Par contre, je l'ai fait à l'aveugle avec le 2003 et 2004. J'ai également goûté ce vin sur 2002. Cette petite perspective me fait penser qu'il n'est pas totalement aberrant de comparer la QUALITE de La Petite Sibérie à certaines cuvées spéciales du Rhône. Partant, il est donc assez logique que son prix se situe, plus ou moins, au niveau de ces dernières. Pour info, j'achète La Petite Sibérie en "primeurs" entre 175 et 185 Francs Suisses (équiv. à 115 à 120 €) chez les frères Siegenthaler à Vevey, un très bon caviste qui représente avec passion et talent les vins de Bizeul (et de bien d'autres beaux producteurs) en Suisse.
Ce qui choque encore certains amateurs, c'est que La Petite Sibérie, malgré sa situation exceptionnelle, n'est pas encore reconnue en tant que terroir dans un sens large. C'est à dire que l'interaction historique sur une longue période entre la situation géologique, pédologique, la culture intelligente de la vigne et le cumul d'expérience des générations de vignerons qui y travaillent, n'est pas encore reconnue comme suffisante (Hervé Bizeul n'exploite, sauf erreur, cette parcelle que depuis moins de 10 ans). A mon avis, c'est une des raisons du blocage psychologique d'un certain nombre d'amateurs avec La Petite Sibérie.