Suite à ma visite à la propriété en mars dernier, j'en profite pour apporter quelques éclairages qui expliquent peut-être les ressemblances et différences entre Duhart-Milon et Lafite Rothschild.
Tout d'abord, Duhart-Milon appartenait tout à l’origine à un corsaire bordelais. Après plusieurs changements de propriétaires et lorsque Duhart-Milon est racheté par les Rothschild en 1962, il ne reste plus qu'une quinzaine d'hectares cultivés sur les 50 du domaine! Le manque de moyens, les maladies et les grands gels des années 50 avaient prélevé leur écot. A la fin des années 60 et tout au long des années 70, un immense programme de remise en valeur du vignoble par la pose de drains et de replantation quasi-totale était absolument nécessaire. Logiquement, à cause de la jeunesse de ses vignes, ce n’est qu’avec la trilogie 1988, 1989, 1990 que le renouveau de Duhart-Milon a enfin sonné (le 1982 était également très réussi). Depuis le début des années 2000, la volonté de Charles Chevallier est de rapprocher encore les process entre Lafite et Duhart-Milon, qui est d’ailleurs vinifié dans les locaux du Château Lafite.
Beaucoup de points sont presque identiques entre les deux propriétés :
- densité de plantation à 8'500 pieds/ha
- chaussage, rognages mécaniques, très peu d’engrais, traitements phyto au minimum..
- encépagement (70% CS, 30% Merlot) – Lafite ayant en plus 3% de CF et 2% de PV au détriment du Merlot
- taille en guyot double
- mode cultural raisonné
- rendements (40-45hl/ha)
- soin identique au niveau du tri à la vendange
- cuvaison de 28j (en partie en cuves bois pour Lafite)
Mais également quelques différences importantes:
- âge moyen des vignes de 35 ans pour Lafite, 25 ans pour Duhart
- élevage de 18 mois env. 100% bois neuf (Lafite) et 12-14 mois (Duhart) à 50% bois neuf et 50% de barriques de 1ère année de Lafite
Les caractéristiques du sol sont également un peu différentes entre les deux propriétés. Lafite a un sol remarquable constitué d’une magnifique croupe de grosses graves épaisses et de calcaire. Sur certaines zones, le calcaire est presque affleurant.
Chez Duhart-Milon, les graves sont beaucoup plus fines, souvent mêlées à de l’argile avec un socle calcaire plus profond. Au nord, le vignoble est plus humide (moins qualitatif) à cause de l’influence du ruisseau de la Jalle du Breuil séparant Pauillac de Saint-Estèphe.
Ceci dit, le cousinage entre les deux propriétés est souvent frappant, surtout dans le style des vins, fins et expressifs.