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Un jugement pourrait aider les vignerons bios

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Jeu 12 Jan 2012 10:17

Le vigneron Yves Freulon a tout perdu: ses cuvées de vins bios et son domaine familial. C'est que son voisin a saccagé son vignoble en 2003 avec des pesticides. Mais l'homme n'est pas abattu. Il est convaincu que le jugement qu'il a remporté au tribunal servira de jurisprudence aux autres vignerons et aux apiculteurs .

Yves Freulon a travaillé ses vignes en agriculture biologique à Anjou, en Loire, toute sa vie. Âgé de 65 ans, il se souvient qu'il cultivait le raisin avec son père dès son plus jeune âge. Mais aujourd'hui, les plants de chenin blanc, de gamay et de cabernet franc ne lui appartiennent plus. Le vigneron a tout vendu à la suite du ravage de la moitié de ses vignes causé par l'épandage d'une hormone débroussaillante.

En 2003, une grande chaleur s'est abattue en Loire, se souvient-il. Les vents soufflaient à plus de 30 km/heure. Et son voisin, un éleveur bovin situé à plus de 10 km de son vignoble, a pulvérisé un pesticide dans son champ de foin. Trois jours plus tard, Yves Freulon a découvert que 8 de ses 16 hectares de vignes avaient été touchés par le produit chimique.

«Les feuilles étaient devenues toutes dentelées, toutes ciselées, recroquevillées et il y avait des petites perforations, se souvient-il. Elles étaient de couleur jaune, jaune citron, ce qui n'est pas la couleur normale. Le bout des pousses de la vigne poussait comme de la fougère, toute retournée sur elle-même.»

Yves Freulon a rapidement appelé des experts pour constater les dégâts. Mais il s'est heurté à sa compagnie d'assurances... la même que son voisin. Résultat: après avoir refusé une entente à l'amiable et après des années de démêlés juridiques, le vigneron a reçu un peu plus de 150 000 euros (194 000 dollars) en compensation.

Mais le domaine de Dreuillé ne s'en est pas remis. Le fils aîné qui devait reprendre le vignoble n'en veut plus. La famille a donc vendu ses 16 hectares en 2008.

«Ce n'était plus tenable, dit-il. On avait perdu aussi notre notoriété auprès de nos clients que l'on avait servis pendant 40 ans. On avait été sali. Dans le monde du bio, quand tu as eu une pollution, c'est difficile à reconquérir. On n'y arrivait pas.»

Le tribunal a jugé, jeudi dernier, que la somme reçue était trop élevée. Yves Freulon doit maintenant rembourser plus de 43 000 euros à son voisin. Le retraité confie qu'il sera difficile d'amasser les fonds, mais il ne perd pas espoir. Il est satisfait qu'il y ait eu condamnation. Car le jugement pourra servir aux autres vignerons et aux agriculteurs, en particulier aux apiculteurs, souvent victimes de l'épandage des produits chimiques.

«Auparavant, un utilisateur de produits phytosanitaires qui causait des désordres était simplement un fauteur de troubles, dit-il. À partir du moment où une personne est condamnée c'est un délit. D'autres personnes peuvent se référer à ce premier jugement, puisque cette condamnation n'existait pas auparavant.»

Aujourd'hui, Yves Freulon fait comme tout le monde. Il achète son vin au petit magasin bio du coin, qui était autrefois son client.

L'éleveur bovin Patrice Aligon n'a pas retourné les appels de LaPresse.ca.

Karyne Duplessis-Piché, collaboration spéciale
La Presse

http://www.cyberpresse.ca/vins/201201/1 ... s-bios.php
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Jean-Pierre NIEUDAN
 
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