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[Jean-Pierre NIEUDAN]

Après les fêtes vient l'heure de la détox. Rassurez vous, pas celle du foie, je ne ferai pas une chronique sur les bienfaits du thé, je n'y connais strictement rien. Non la détox de votre portefeuille, et de votre cave. Les fêtes ont été l'occasion d'acheter des bonnes bouteilles, voire de les sortir de votre cave. Aujourd'hui vient l'heure de la diète. Fini les flacons d'exception, place au vin de tous les jours.

C'est la grande question de tout amateur de vin. Que boire au quotidien ? Quelle bouteille sortir pour un ami qui passe à l'improviste et qui serait incapable de citer le moindre cépage tout en ne dédaignant pas vider une à deux bouteilles, le temps de raconter le temps qui a passé depuis notre dernière rencontre ? Rien n'est plus terrible dans ce cas que de déboucher un cru qui devait attendre des jours meilleurs pour faire honneur à notre sens de l'hospitalité.

Il faut donc avoir une réserve conséquente de vin de tous les jours. De ces vins peu onéreux qui régalent le gosier des plus ignares, des plus amateurs ou des plus exigeants de vos amis. J'en ai testé de toutes sortes. Mon choix est fait depuis longtemps.

Cour Cheverny blanc
En blanc, j'ai toujours un ou deux cartons de Cheverny blanc de la Cave coopérative de Mont près Chambord. Cette cave commence à avoir une très belle réputation dans la région et dans tous les bars à vin de Paris. Ses Cour -Cheverny, au cépage méconnu de Romorantin, fait le bonheur des fins connaisseurs. J'en ai toujours en cave. Mais j'ai un vrai coup de cœur pour le Cheverny : 80% sauvignon et 20% Chardonnay. La vivacité du sauvignon est toujours tempérée par la rondeur du Chardonnay. Parfois, les années impaires, 2003, 2005 ou 2007, ce vin confine au sublime. Les années paires, le vin est au dessus de l'ordinaire.

Je ne connais pas un de mes amis qui ne le boive avec plaisir. Mais j'en connais, hélas, trop qui me passent commande de nombreuses caisses de ce breuvage. Résultat, "livreur de pinard" est devenu mon deuxième métier. Chaque fois que je vais chez mes parents, je passe à la cave coopérative non loin et achète une dizaine de caisses qui se répartissent ensuite dans quelques celliers parisiens.

Un champ à patates
En rouge, un ami m'a fait découvrir le vin d'une de ses connaissances. La chapelle Saint Dominique, à Aniane. Le domaine est situé juste à côté les vignes du Mas Daumas Gassac et de celles de la Grange des Pères, deux des plus illustres nectars du Languedoc. Mais, les terres sont situées un peu plus bas "dans un champ à patates" nous disait un paysan du coin. Le domaine Saint Dominique appartient à la famille Vialard, propriétaire du château Cissac en Bordelais. Le raisin est élevé à Aniane, mais vinifié à Cissac à la bordelaise car le domaine n'a pas encore de chais digne de ce nom. La chapelle Saint-Dominique est un régal, ses tanins sont souples, son attaque agréable et sa bouche généreuse et longue. IL a la chaleur du sud et l'élégance bordelaise. De 2002 à nos jours, j'en ai bu de tous les millésimes, sans jamais, au grand jamais, m'en lasser.

Je partage cette passion avec une bande de fins buveurs. Une fois par an nous faisons venir sur Paris un camion chargé de plusieurs palettes. A tour de rôle, l'un d'entre nous, qu'ils en soient ici remerciés, se dévoue pour réceptionner le camion et appeler tous les autres afin qu'ils viennent prendre leur commande. Là aussi c'est un vrai travail de manutentionnaire. Ensuite, je sème de ces bouteilles dans ma famille, mes amis, mes connaissances. Si bien que j'en retrouve des années après sur leur table, et ce petit clin d'œil me ravit.

Cinq euros, pas plus
Autant, j'aime la diversité des crus et n'achète jamais plus de six bouteilles d'un vin de qualité de peur de m'en lasser. Autant, j'aime la profusion et la permanence de ces deux vins attachants.
Souvent j'achète aussi un rouge à cave coopérative de Mont-Près-Chambord : la cuvée du Chêne sacré, un 100% pinot noir de prestige. Mais, s'il peut égaler un très bon Bourgogne sur certains millésime, il est franchement décevant sur d'autres. Souvent j'achète aussi un blanc au domaine Saint-Dominique. Un vin de cépage, un viognier. S'il est toujours désaltérant, il n'est jamais étonnant. Mais toujours je reviens à mon Cheverny et ma Chapelle Saint Dominique. Et jamais, depuis plusieurs années , le prix de ces deux merveilles du quotidien, n'a dépassé les cinq euros. Pourquoi s'en priver ?


Cheverny blanc Cave coopérative de Mont- près Chambord environ 5 euros
Chapelle Saint Dominique : environ 5 euros

Jacques Tixier
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