Index du forum Les rubriques Histoire du vin et de la vigne... découvrir le vin, l'aborder, s'informer Histoire de vin Presse du vin

Retrouvez les articles parlant de vin...

Choses vues et bues Ă  Vinexpo

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Dim 3 Juil 2011 20:54

La contrefaçon chinoise, le très bonne santé des grands crus bordelais... Ce qu'il fallait retenir du 9e salon mondial des vins.

Le 9e Salon mondial des vins, Vinexpo, (45.000 visiteurs, 2.400 exposants de 120 pays, 1.254 journalistes), s’est clos à Bordeaux dans une atmosphère mitigée, entre l’euphorie et le doute, à côté des succès considérables remportés par la vente des derniers millésimes de vins de Bordeaux: les 2009 et 2010, considérés comme exceptionnels, des «must» pour de bons œnophiles.

L’immense océan de crus affichés de 2 à 5 euros peine à trouver acquéreurs, surtout au rayon des blancs secs et liquoreux. Il y a quelque 6.000 propriétés viticoles en Gironde pour 56 AOC, les débouchés et les distributeurs hors frontières ont l’embarras du choix: la concurrence est redoutable venue du Chili, d’Australie, de Californie, d’Argentine et d’Europe et d’Italie, premier exportateur du globe devant la France.

L’arbre ne doit pas cacher la forêt: les grands crus inégalables se comptent en quelques dizaines de milliers de bouteilles rares, partout demandées.

La hausse vertigineuse des prix pour les stars des vignobles –le Château Lafite à 1.650 euros la bouteille, tout comme Margaux et Pétrus– ne touche que très peu de flacons, le terroir de Mouton Rothschild 2010 n’a produit que 30% de la surface, soit quelque 100.000 bouteilles seulement pour une élite financière minuscule située en Asie.

Devant la fulgurante hausse des prix, des restaurateurs français étoilés qui achetaient 48 bouteilles de premier cru en sont réduits à commander trois bouteilles de Lafite, Latour ou Margaux 2009 ou 2010, c’est le cas de la Tour d’Argent. Comment revendre un flacon payé 1.700 euros, livrable fin 2012, et à servir en 2020?

L’effet Chine-Hong Kong

Ce fut le principal sujet de conversation dans les interminables allées de Vinexpo. Hong Kong est devenu en quelques années le premier importateur de vins français en valeur: 294 millions d’euros (+131%) devant le Royaume-Uni, 241 millions, et la Chine, 197 millions. De 2005 à 2009, la consommation de vins dans les grandes cités chinoises a doublé. Hong Kong est devenue la capitale mondiale des grands vins français côté transactions et enchères.

Sotheby’s, la maison de ventes britannique, a réalisé en 2010 plus de 90 millions de dollars d’enchères à Hong Kong contre 20 millions à New York, 10 millions à Londres et 5 millions à Paris.

Ce sont les très riches acheteurs et revendeurs chinois qui ont fait grimper les cours des grands crus de Bordeaux. En 2003, le Lafite Rothschild est parti à 170 euros contre dix fois plus en 2010. Formidable embellie. Les Chinois se sont toqués du Lafite Rothschild, un label diablement fameux. L’effet Rothschild est en train de jouer pour Mouton Rothschild et d’autres premiers crus, Margaux, Latour, Haut-Brion et le mythique Pétrus –aussi chers. À noter que ces vins de haute lignée sont bus à table en chine, même les très jeunes millésimes encore en gestation.

Lafite et Lafitte

De l’importance du nom qui est une marque. Le modeste cru Lafitte des premières côtes de Bordeaux a fait son entrée dans le top ten des rouges girondins à l’export. Après une redoutable joute devant les tribunaux bordelais, Lafitte (avec deux «t») a obtenu le droit de conserver son nom, son étiquette justifiée par l’usage –90% des vins issus de la très modeste propriété de M. Mengin sont vendus hors de l’Hexagone. De la chance d’être bien né: confusion des étiquettes?

Lafite Carcasset dans la galaxie Lafite

Un industriel chinois a acquis le domaine de Lafite Carcasset, un gentil cru des Côtes, vendu 15 euros. Bon plan malin. Des professionnels de la dive bouteille sont persuadés qu’à terme, le mot Carcasset s’écrira en toutes petites lettres sur l’étiquette: conséquence de la fascination asiatique pour Lafite. Notez qu’un Lafite 1982 s’est vendu cet hiver 15.000 euros au Cinq du Four Seasons George V.

Une vague de contrefaçons

Des bouteilles de Lafite vides se vendent 400 euros pièce à Hong Kong, à Shanghai et à Pékin. Le sommelier Hervé Bizeul, propriétaire du Clos des Fées en Languedoc-Roussillon, a découvert un bon nombre de faux Lafite. Qu’y avait-il dans ces méchants flacons? Du rouge chinois? De la piquette australienne? Peu importe a lancé un marchand Pékin, l’essentiel reste «l’esprit Lafite» présent sur l’étiquette. Fraude.

Les dix premières fortunes du vin en France

Le magazine Challenges a publié, juste avant Vinexpo, une enquête sur les plus riches opérateurs de la viticulture: Bernard Arnault (1.300 milliards d’euros), Krug, Dom Pérignon, Moët, Yquem, Cheval Blanc. Pierre Castel (800 millions d’euros), vins de marque comme Malesan à moins de 10 euros, les caves Nicolas et le Château Beychevelle depuis 2011. Famille Rouzaud (650 millions d’euros), champagnes Roederer et Deutz, Ramos Pinto à Porto, Pichon Lalande à Pauillac. Philippine de Rothschild (650 million d’euros), Mouton Rothschild, Armailhac, Clerc Milon, Opus One en Californie, Concha y Toro au Chili et des vins de marques. Corinne Mentzelopoulos (600 millions d’euros), Château Margaux. François Pinault (600 millions d’euros), Château Latour, Château Grillet dans la Vallée du Rhône, domaine d’Eugénie en Bourgogne. Bernard Magrez (470 millions), Château Pape Clément et 36 crus dans le monde. Christian et Jean-Pierre Moueix (450 millions d’euros), Pétrus, Trotanoy, Belair, Dominus en Californie et le négoce à Libourne. Famille Descours (420 millions d’euros), champagne Piper et Charles Heidseick, la Verrerie du Lubéron. Benjamin de Rothschild (400 millions d’euros), Château Lafite pour 16 %, Clarke, les Laurets, Malmaison en Gironde, et des vins en Argentine, en Afrique du Sud et en Espagne dans la rioja.


Le Girondin Bernard Magrez, le plus gros producteurs de vins dans le monde par le nombre de propriétés, a annoncé le premier jour du Salon la vente de 375.000 bouteilles de la Tour Carnet, son cru classé du Médoc sur plusieurs millésimes, à deux revendeurs asiatiques. Un record.

Le champagne Marilyn Monroe

Un négociant norvégien de la société Rosmersholm d’Oslo a mis en vente le champagne Marilyn Monroe élaboré par la maison Gobillard à Hautvillers, le village viticole de Dom Pérignon, sur les hauteurs d’Épernay. Quelque 100.000 bouteilles de bruts non millésimés et un blanc de blancs ont été mis sur le marché. L’homme d’affaires scandinave qui exhibait sur son stand un sosie de Marilyn en robe très décolletée a déposé la marque auprès des WIPO de Genève, organisme qui régit les droits de propriété intellectuelle. Apparemment, le Norvégien a été le premier à inventer une cuvée Marilyn qui avait, selon lui, des origines norvégiennes. La sortie de ce brut commémoratif coïncide avec le 50e anniversaire de la mort subite de la star. Qu’en pensent les ayant-droit?

Le Trophée Ruinart « out »

La direction générale de LVMH a supprimé d’un trait de plume le Trophée Ruinart qui récompensait le Meilleur Jeune Sommelier de France, et cela depuis trois décennies. Consternation dans le cénacle de la sommellerie française dont les meilleurs pros comme Philippe Faure-Brac ont passé les épreuves théoriques et pratiques de dégustation –ou comment une grande marque se coupe les ailes. Pourquoi ?

Haut-Brion 1975 en double magnum

Ce fut le très grand vin servi au château éponyme lors du dîner de gala offert à la presse internationale –300 convives invités par le Syndicat des crus classés. Ce superbe vin de Pessac âgé de 36 ans était d’une extraordinaire jeunesse, préservée grâce au contenant équivalent à quatre bouteilles. Il était suivi par un Yquem 1990 très doré, encore dans l’enfance. Le dîner était signé de trois chefs trois étoiles: Anne-Sophie Pic, Alain Passard et Yannick Alleno.

Vinexpo Ă  Hong Kong en mai 2012

Afin d’éviter les requins de la concurrence, Robert Beynat, directeur général de Vinexpo depuis des lustres, a mis sur pied la version «Asi» de son salon dont il pilote la vente des stands, les dégustations et les conférences. On n’est jamais mieux servi que par soi-même.

Nicolas de Rabaudy
http://www.slate.fr/story/40547/vinexpo
La vérité est dans la bouteille ..( Lao Tseu )
Avatar de l’utilisateur
Jean-Pierre NIEUDAN
 
Messages: 9570
Inscrit le: Mer 24 Oct 2007 10:23
Localisation: Hautes Pyrénées

Retour vers Presse du vin

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit and 5 invités