En 2022, un nouveau classement des crus de cette appellation devrait voir le jour. L’organisation du précédent avait déjà été fortement contestée.
D’après nos informations (et divers recoupements), le premier grand cru historique (classé A) ne participera pas au nouveau classement décennal. La clôture des dépôts de candidature était fixée au 30 juin et Ausone n’a pas remis de dossier. Déjà en 2012, la famille Vauthier, propriétaire de ce bijou, avait eu quelque hésitation face au règlement du concours qui faisait la part belle à la communication au détriment de la qualité du terroir. Le nouveau règlement ne diffère guère du précédent (toujours contesté en justice).
Si la dégustation des millésimes depuis 2005 compte pour 50 % de la note finale, la notoriété selon l’arrêté du ministère de l’Agriculture (qui reprend les propositions de l’INAO) compte pour 35 % et la « caractérisation de l’exploitation appréciée à partir de l’assiette foncière, de l’homogénéité de ou des entités culturales et de l’analyse topographique et géopédologique » seulement pour 10 %. Tandis que la « conduite de l’exploitation tant sur le plan viticole que sur celui de l’œnologie appréciée en tenant compte de l’encépagement, de la structuration et de la conduite du vignoble, de la traçabilité parcellaire en vinification et des conditions de vinification et d’élevage » n’entre que pour 5 % dans cette appréciation…
Promotion et placements de produits
Qu’entend l’INAO par notoriété ? Les actions de promotion « manifestations, journées portes ouvertes, concerts » ou encore visites guidées. Mais aussi les « placements de produits ». Ainsi est-il demandé aux impétrants : « Avez-vous recours à des placements de produits dans des médias (film/reportage/vidéo, livre/roman) ? » Effectivement, il est difficile, pour ceux qui connaissent la discrétion de la famille Vauthier, de l’imaginer discutant avec Jean-Marie Poiré pour faire figurer dans un prochain film une bouteille d’Ausone sur la table de Christian Clavier (par ailleurs amateur de Bordeaux).
Ausone, situé sur le rebord du plateau calcaire, au bout d’une ruelle peu accessible, perché au-dessus d’une galerie de carrières, vit davantage dans l’intimité et la recherche de la perfection que dans le démonstratif. La communication et l’œnotourisme sont nécessaires et permettent à des exploitations de développer une clientèle. Cela relève du choix de chacun, de ses besoins, de ses envies, finalement de sa liberté d’action. Faut-il en faire une condition quasi déterminante pour l’accession au titre de premier grand cru classé ? Toujours est-il que cela a généré une activité phénoménale chez certains prétendants qui ont parfois eu recours, face à la complexité des demandes réglementaires, à des entreprises de conseil. Selon certaines sources concordantes – mais nous n’avons pas pu vérifier – quelques dossiers dépasseraient les 500 pages… Reste à savoir si le retrait d’Ausone de cette compétition aura des conséquences sur la crédibilité du classement déjà quelque peu égratignée par les nombreux rebondissements qui ont suivi les deux précédents. Ce d'autant plus que le château Cheval Blanc, qui trône lui aussi au sommet du classement, vient également d'annoncer son retrait de la course.
Source : Jacques Dupont
https://www.lepoint.fr/vin/ausone-renon ... 86_581.php