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Les Apprentis d'Auteuil dans le vignoble

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Jeu 17 Oct 2019 12:14

« Seul critère, l'envie. » Jean-Baptiste Cordonnier, du château Anthonic à Moulis, est le détonateur de cette aventure qui réunit désormais une vingtaine de domaines.

Ils s'appellent entre eux « les vignerons du vivant ». Mais ce n'est pas une association. Pas de statut, pas de président, et donc pas de pouvoir qui corrompt, comme le veut la sentence. Au départ, une prise de conscience à l'approche de la cinquantaine. Jean-Baptiste Cordonnier part du principe inverse du célèbre « si à 50 ans, tu n'as pas une Rolex, etc. » Lui possède alors deux châteaux en appellation moulis dans le Médoc : Dutruch-Grand-Poujeaux et Anthonic. « J'en avais marre de faire du commerce, je suis ingénieur agronome et je voulais faire mieux mon métier, avoir l'esprit libre pour des engagements extérieurs. Je voulais passer au bio. Quand on est sur une grosse machine, on n'est pas libre. » En 2016, il vend Dutruch à son frère et conserve les 28 hectares d'Anthonic.

L'aventure avec les apprentis d'Auteuil est partie de là. « On s'est dit qu'on avait de la chance et qu'il fallait réinvestir ce qu'on avait reçu d'abord vers la jeunesse, on voyait beaucoup passer des jeunes un peu perdus et des gens du voyage qui les protégeaient un peu, qui les emmenaient avec eux faire les vendanges. On s'est dit que ce serait bien de faire un peu de transmission de la formation à ceux qui n'y ont pas accès et dans cette direction de l'agroresponsabilité où il n'y a pas de formation. » Le projet mûrissait lentement et Jean-Baptiste Cordonnier ne savait pas trop comment lui donner forme. Une fondation ? Un peu audacieux et complexe. Puis un jour, en revenant de tournée pour présenter son vin, il entend à la radio catholique RCF le témoignage d'un industriel qui avait eu un projet un peu similaire dont il avait confié l'hébergement aux Apprentis d'Auteuil, « une fondation fondée au XIXe siècle par un prêtre qui s'occupait des orphelins des guerres et qui s'est dit c'est bien beau de les héberger, mais il leur faut un métier. C'est le créateur de l'alternance. » Visite aux Apprentis en janvier 2018, coups de téléphone aux amis d'autres châteaux et première réunion le 6 juillet. Autour de la table, les châteaux Durfort-Vivens, Latour, Citran, Villegeorge, Anthonic, Desmirail, Paloumey, Caronne-Saint-Gemme, Mayne-Lalande, Brillette. Les cours commencent le 17 décembre. Douze jeunes, envoyés par des écoles et des canaux divers sous le patronage des Apprentis d'Auteuil, sont retenus pour cette première cession de neuf mois. « Le principe de départ, le critère, c'est qu'il n'y a pas de critère. Le seul que l'on retenait c'est l'envie. » Il s'agit de leur apprendre le métier de base du vigneron, tailleur, épampreur, mais avec au cœur une formation bio. « L'agroécologie, pratiquement pas enseignée dans les formations traditionnelles, va les rendre plus employables sur le marché et, tant qu'à faire, on s'est dit : donnons-leur les meilleurs formateurs. »

Sur les douze, trois ne sont pas allés jusqu'au bout et ont été dirigés vers d'autres formations par les Apprentis d'Auteuil. Les autres ont continué. Six ont obtenu un CDI dans l'entreprise où ils faisaient leur formation. Un seul n'a pas été embauché. « Les autres sont en CDD entre 6 et 12 mois dont deux qui sont en situation de handicap. Il y en a un autre qui parfait sa formation dans le même château. »

Jean-Baptiste Cordonnier, lui, a conservé Toumany Balde, venu du Sénégal : « Il est migrant, mais sans statut de réfugié, car il vient d'un pays tranquille et n'a aucune chance d'être reconnu réfugié. Comme il n'avait pas le droit de travailler, il a été dix mois à la Banque alimentaire comme volontaire, huit heures par jour, cinq jours par semaine, il n'a pas manqué un jour. Il a un renouvellement tous les trois mois. Il peut être expulsé quand ça s'arrête : les autorisations provisoires prendront fin quand sa demande d'asile sera rejetée. C'est un ouvrier extrêmement performant, un vrai agriculteur. Il a joué un rôle d'aîné parmi nos jeunes. Il a été esclave en Libye et on lui dit : faut retourner au Sénégal faire une demande depuis là-bas et, évidemment, avec ce qu'il a vécu, il n'a nullement envie de repartir. Il a pourtant un travail, un logement, une promesse d'embauche définitive chez moi, car j'ai besoin de lui et ça ne bouge pas ! »

Source : Jacques Dupont
https://www.lepoint.fr/vin/les-apprenti ... tor=EPR-6-[newsletter-lepoint-vin]-20191017
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Jean-Pierre NIEUDAN
 
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Re: Les Apprentis d'Auteuil dans le vignoble

Messagepar Thierry Debaisieux » Jeu 17 Oct 2019 22:26

Merci, Jean-Pierre.
Je suis content d'avoir découvert grâce à toi cette expérience.

Amitiés,
Bien cordialement,
Thierry Debaisieux
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