Considéré autrefois comme le vin pour ceux qui n'aiment pas le vin, il est devenu en deux décennies un incontournable de la table.
Par Jacques Dupont
Par définition, l'essentiel des rosés est composé de vins joyeux et fruités, adaptés aux apéritifs estivaux, aux pique-niques et aux repas de copains faits de salades composés et de grillades. Cela dit, il existe de nombreux rosés riches et complexes, bâtis pour accompagner une vraie cuisine élaborée. Ces vins de gastronomie sont très adaptés aux cuisines asiatiques souvent salées sucrées, aux saveurs exotiques des plats épicés, et au caractère oriental des cuisines du Maghreb. Certains rosés, aussi rares qu'originaux, sont vinifiés et élevés en fûts de chêne. Ces vins développent du gras, une palette aromatique faite d'épices douces et de fruits exotiques, et ont une capacité de vieillissement de quelques années.
L'engouement pour le rosé parti de la Provence a gagné toutes les régions. Depuis le début des années 1990, une lente montée des courbes de vente montrait un changement d'attitude chez les consommateurs. Une corrélation plus évidente entre le mode de vie estival, les aliments, le besoin de découvrir un autre univers gastronomique. Inexorablement, le rosé quittait l'univers de la boisson populo-camping-boulistes pour gagner les terrasses à la mode et les barbecues merguez pour les carrés d'agneau du boucher recommandé… Depuis, le mouvement n'a fait que prendre de l'ampleur. Le leader côtes de provence s'est fédéré avec les autres appellations de la région, coteaux varois, coteaux d'aix en provence au sein d'une même interprofession déployant ainsi une force de frappe capable de répondre à toutes les exigences et séduire au-delà des mers. Dès les années 1990, les côtes de provence se sont dotés d'un labo de recherche très performant qui travaille sur le vignoble, les cépages – d'anciens abandonnés vont d'ailleurs faire leur retour pour complexifier les saveurs et gagner en fraîcheur et acidité – les modes de vinifications, mais aussi le marketing. Le rosé, contrairement aux idées reçues, est un vin difficile à élaborer pour peu que l'on ne souhaite pas diffuser un « produit » standard aux saveurs universelles pour ne pas dire uniformes. La Provence est définitivement passée à autre chose de bien plus intéressant : la pureté, l'exaltation des saveurs d'un terroir. On y découvre des vins aux senteurs de pins ou de garrigues.
La Loire grand producteur dans la diversité des origines et des saveurs, de l'Auvergne à l'embouchure du fleuve, propose une gamme étendue, variée, bien faite et à prix encore raisonnables. Le languedoc reste accessible tout comme le vallée du rhône. Puis il y a d'autres pépites à découvrir, comme le rare rosé des Riceys en Champagne, un vin sans bulle qui possède une capacité de vieillissement jamais égalée dans cette couleur.
Source : https://www.lepoint.fr/vin/la-question- ... 92_581.php