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Le vin et le bio #1 - Il n'y a pas d'amour heureux

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Jeu 8 AoĂ»t 2019 10:25

Le Point Vin inaugure une série d'articles et d'interviews sur l'avenir des pratiques et des labels biologiques dans la viticulture.
Par Jacques Dupont

Bien sûr, le bio a le vent en poupe. Annonces gouvernementales en sa faveur avec des objectifs chiffrés à des horizons visibles (20 % des surfaces en production, 15 % des produits consommés d'ici 2020…), des consommateurs qui en redemandent, de la grande distribution qui l'a intégré dans son discours marketing, les magasins spécialisés qui malgré des prix très élevés ne désemplissent pas… Oui, le bio est passé d'un phénomène de mode à un produit d'hygiène de vie, un incontournable de la santé, une garantie. Aussi, une sorte de point final au « productivisme », une façon de cultiver et de consommer fabriquée dans les années d'après-guerre, la queue de comète des Trente Glorieuses. Du moins chez ceux qui peuvent se permettre de ne plus « bouffer le poulet aux hormones » que dénonçait Jean Ferrat en 1964…

Donc, le bio, c'est l'avenir. Mais un avenir, en tant que pratique agricole, loin d'être assuré. Du moins sous sa forme actuelle. Si certaines maladies ou attaques parasitaires de la vigne sont tout à fait maîtrisables sans avoir recours à des solutions chimiques, notamment sous des climats favorables (pas trop humides), ces dernières années, gâtées par des météos capricieuses, ont montré les limites des possibilités de solutions « naturelles », pour, par exemple, lutter contre le mildiou. Seule protection efficace autorisée en agriculture biologique pour le moment : le cuivre. Mais celui-ci n'est pas en odeur de sainteté auprès de la Commission européenne – sans doute quelque peu influencée par les lobbys des industriels de l'agrochimie –, mais qui s'appuie aussi sur les excès d'autrefois. Les bio, jusqu'à présent, pouvaient utiliser 6 kilos de cuivre par an, « lissés » sur cinq ans. En clair, si une année (comme 2018, par exemple) la pression mildiou est très forte, ils peuvent grimper au-delà des 6 kilos. Mais l'année suivante ou celle d'après, ils devront rattraper en baissant les doses, pour au final ne pas utiliser plus de 30 kilos sur 5 ans. Les anciens, eux, ne bricolaient pas sur les doses, répandant parfois jusqu'à 30, voire 40 kilos de cuivre par hectare et par an. « Des concentrations excédentaires en cuivre ont des effets néfastes sur la croissance et le développement de la plupart des plantes, sur les communautés microbiennes et la faune des sols », reconnaissaient les experts de l'Inra dans un rapport publié également en janvier 2018.

Problème crucial

À partir de 2019, ce ne sont plus 6 kilos, mais 4 (lissés sur 7 ans) qui seront autorisés par décision de la Communauté européenne pour les labels bio... Et là, compte tenu des météos de plus en plus chaotiques que nous subissons, le problème devient crucial. Si certains anciens routiers du bio confessent qu'avec de bonnes pratiques et en anticipant, on doit pouvoir assurer une récolte quasi normale, cette restriction inquiète les nouveaux venus et les impétrants. On sait les difficultés que rencontrent certains jeunes qui reprennent les exploitations de leurs parents quand ils veulent passer le domaine en culture biologique. Difficultés compréhensibles : la génération qui a construit une clientèle, bâti les installations, agrandi le vignoble, redoute la perte de récolte. Avec ce passage de 6 à 4 kilos, l'inquiétude ne fera que s'accentuer. De même pour les nouveaux arrivants qui ont investi leurs économies dans l'achat d'un domaine.

Cela pose clairement la question du futur des labels et de la recherche scientifique pour, sinon vaincre les maladies, du moins les contenir et permettre d'assurer des récoltes convenables, qui permettent à ceux qui souhaitent travailler en bio de vivre de leur travail.

Au travers de cette série, nous proposons de faire un peu le tour (non exhaustif) des points de vue. Ceux des utilisateurs, des défenseurs, des scientifiques, de ceux qui doutent. Le but n'est pas de donner une réponse définitive, mais, dans cette époque où le raisonnement en noir et blanc en bien contre le mal tend à devenir la seule façon d'aborder la vie en société, de multiplier les éclairages.

Source : https://www.lepoint.fr/vin/le-vin-et-le ... 24_581.php
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Jean-Pierre NIEUDAN
 
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