gogos51 a écrit:Donc si j'ai un Lafleur 1949, je l'ouvre, j'en bois un verre, je place la bouteille au frigo, et si le vin ne s'est pas effondré, alors il aurait pu tenir encore 7 ans.
L’angoisse m’étreignait ce jour-là . Un rhume tenace allait-il gâcher la fête promise chez Yvette (ma marraine de baptême) qui avait annoncé quelques divins nectars pour célébrer dignement l’anniversaire de son filleul préféré ?
Mon nez encombré ayant eu quelque peine à discerner les effluves de pêche du Condrieu de Guigal, mon attentionnée marraine me proposa un spray nasal radical pour apprécier à sa juste valeur la première grande bouteille de la soirée : un Château d’Yquem 1982 déjà magique de part la robe aurifiée qu’il laissait entrevoir à travers la bouteille. Le miracle se produisit ! Mon grand nez (de part sa taille) fut immédiatement envoûté par le foisonnement de senteurs florales et fruitées émanant de ce délice des dieux. Ces sensations s’amplifièrent en bouche en parfaite osmose avec la texture idéale du breuvage aux senteurs d’abricot et semblèrent durer une éternité dans un religieux silence partagé par les 5 autres convives.
Après avoir apprécié à leur juste valeur un Figeac 95, puis un Cos 89 que j’avais apportés, je fus chargé d’aller chercher le clou de la soirée. Je descendis les escaliers frénétiquement pour la contempler. Elle m’attendait depuis 40 ans arborant son étiquette brunie par le temps représentant un château flanqué d’arbres avec en rouge mon année de naissance 1959 figurant au-dessous de CHÂTEAU LAFITE-ROTSCHILD !
Jamais mon cœur ne battit si vite. Je saisis délicatement la bouteille mythique d’une main par le goulot, de l’autre par le cul ! ..et remontai les escaliers mesurant mes pas de peur de commettre l’irréparable outrage.
C’est avec une fierté et une émotion non dissimulées que je déposai délicatement ce monument devant mes amis .
Quelques frissons parcoururent la tablée pendant le débouchage. Premiers soupirs de soulagement : le bouchon ne semblait présenter aucun défaut flagrant. Je versai le temps liquide dans le verre. Contrairement à l’étiquette, sa robe n’avait pas été altérée par les ans, elle était d’un noir bleuté intemporel.
Nous trinquâmes solennellement et humâmes. Deuxième surprise, après nous avoir attendus 40 ans, cette merveille avait décidé que c’était à notre tour d’être patients. Certes nous pouvions discerner une puissance fruitée et florale phénoménale mariée à des senteurs de forêt enchanteresse, mais elle s’était parée d’atours protecteurs pour attiser notre envie et avait décider de nous faire languir.
Ce n’est qu’après 2 heures de décantation qu’elle commença à nous dévoiler une part de son mystère…….
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