Hello les amis,
Quelle sagacité de votre part! A l'heure où s'ouvrait cette discussion sur BDE, j'étais encore en train de terminer le transfert des fichiers de mise à jour sur Winemega! Ca c'est de l'interactif!
Beaucoup de questions légitimes dans vos interventions.. je vais essayer d'y répondre point par point.
"Je suis impressionné et très étonné par le niveau élevé des notes, le prochain grand millésime bordelais va-t-il exploser la note 100, pour les 4 ou 5 meilleurs vins ?"[/i]
Effectivement, je suis un peu embêté par cette tendance "inflationniste" des notes, phénomène que je constate depuis le millésime 2004. Mon explication est qu'au début de Winemega en 1999, une nette majorité des critiques notaient alors en absolu. Aujourd'hui, j'ai l'impression que la tendance est inversée et davantage de critiques / journalistes notent en relatif (du millésime). Pour donner un exemple, si le Château Ratapoil 1992 est jugé comme le meilleur vin dans ce millésime, il affichera fièrement un 96.7 de moyenne. Note qui n'aura aucun rapport avec l'excellent Château Ratapoil 2005 qui lui aura été noté 91.4 en relatif des autres crus du millésime. Pourtant, Ratapoil 2005 est intrinsèquement de qualité bien supérieure en absolu!
Je ne comprends pas bien pourquoi certains critiques procèdent ainsi, puisqu'une évaluation en relatif présuppose que le lecteur intègre la valeur qualitative du millésime afin de "pondérer" la note publiée. Passe encore pour des amateurs "éclairés", mais pour 95% des acheteurs potentiels.. c'est une évaluation fallacieuse! A ce sujet, sur le blog de Jacques Perrin il y a quelques mois, Christian Rausis avait livré une passe d'armes mémorable sur ce sujet. Le gotha de la dégustation francophone lui avait d'ailleurs opposé un feu nourri digne du siège de Stalingrad !
Ceci dit, les amateurs peuvent quand même consulter la tabelle des millésimes que je publie ici pour avoir une vue d'ensemble de la qualité des millésimes par région et "relativiser" ces notes:
http://www.winemega.com/fr/matrice_des_millesimes.htmJe dois réfléchir à une solution possible pour contrer ce phénomène à l'avenir. Mais ça suppose de biaiser des résultats statistiques bruts par une constante subjective. Chose qui est à éviter comme la peste dans ce genre d'étude!
2. Patrick,
Je ne doute pas qu'un certain nombre de producteurs ont bien travaillé en 2007 et, de ce que j'ai goûté sur place, le résultat dans le verre est plutôt meilleur que ce que j'imaginais, vu de loin. Donc il ne faut aucunement "jeter tous les 2007 avec l'eau du bain".
Le problème est que le consommateur reçoit des messages brouillés par une nécessité commerciale, certes bien compréhensible, mais qui risque de les induire en erreur. Moi qui ne suis plus un "jeune marcassin" au niveau du vin (sans pour autant être encore une barbe blanche..!) j'ai déjà entendu ce discours moultes fois dans le passé. Ainsi, j'ai acheté mes premiers vins en primeur sur le millésime 1987. Jeune et innocent, j'avais suivi les recommandations de certains journalistes au jugement quelque peu "complaisant" et de producteurs qui assuraient de "la bonne qualité des vins, bien qu'il faille les boire assez rapidement..". Bref: sur les 10 années qui suivirent avec ces 1987, beaucoup de déceptions, quelques vins plaisants et au bout du compte seuls 2 ou 3 vins qui tenaient réellement la route sur le plus long terme (Mouton, Pavie..). C'est d'ailleurs une des raisons qui m'a motivé à créer un site comme Winemega, qui saurait préserver un minimum d'information objective.
3. Stéphane,
"Mise à part les Sauternes, dont les copains m'avaient parlé du niveau, le reste respecte un peu trop la hiérarchie pour moi !"Le réel problème, à mon avis, n'est pas celui du respect d'une hiérarchie établie, mais celui du prix des vins du haut de classement. Comme ces vins sont devenus financièrement inaccessibles à l'amateur lambda, on espère toujours voir quelque roturier se glisser dans le haut du classement. Mais en réalité, ça devient de plus en plus rare depuis que le travail de production et l'exploitation du terroir (pris au sens large) sont de mieux en mieux optimisés chez les "grands"..
Est-ce que les critiques sont des "buveurs d'étiquettes"? Je pense effectivement que certains le sont. Mais la plupart font un travail d'évaluation honnête, dégustant plusieurs fois et souvent à l'aveugle. Et sur une vingtaine de notes, l'impact des critiques sensibles aux étiquettes devrait être lissé dans les moyennes. Donc je suis confiant que ces résultats sont raisonnablement représentatifs d'une réalité. Mes propres expériences sur des millésimes de moins de 20 ans, lors de confrontations directes en petites séries lors desquelles des grands sont mis en confrontation avec des vins au moindre pedigree, montrent que c'est que le vin le plus réputé qui finit PRESQUE toujours devant. Même à l'aveugle! Et plus la maturité du vin avance, plus l'écart est notable.
4. Christian..
J'ai également écrit:
"Quelques superbes réussites illuminent cependant le paysage", non par complaisance mais parce que je le pense vraiment!