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[Jean-Pierre NIEUDAN]

Du côté des restanques de Bellet, le chardonnay tombera, demain, sous le sécateur d'une poignée de vendangeurs. Dans des conditions optimales. À pleine maturité, bien lourdes et dorées, les grappes bénéficient, ces jours-ci, d'un bel ensoleillement qui compense un printemps plutôt froid et pluvieux.

« Tant que le raisin n'est pas rentré, on ne peut pas se prononcer », tempère avec un bon sens paysan Gio Sergi, porte-parole des douze vignerons de la petite appellation d'origine contrôlée.

Après une chute de 30 % de la récolte en 2009, année de sécheresse, il ne veut pas s'emballer : « De grosses précipitations en septembre peuvent encore provoquer une forte dilution. On n'est jamais trop prudent... »

Si le temps se maintient, l'AOC peut compter sur un millésime de grande qualité. Sur les hauteurs de Nice, le « poudingue », un agglomérat de galets roulés et de sable, fait souvent des miracles. « Notre terroir et notre climat sont bénis des dieux ! », s'enflamme Gio. Entre 200 et 350 m d'altitude, à proximité des contreforts des Alpes et à 4 km de la mer, dans une vallée du Var où le vent, frais le matin, adoucit la morsure du soleil, l'exposition favorise la précocité du raisin.

La Rolls de Bellet

« Nous commençons un mois avant la Bourgogne », souligne Gio. Après le chardonnay, les autres cépages se succéderont jusqu'à la fin du mois de septembre. Avec, d'abord, le rolle, considéré comme « la Rolls de Bellet ». Suivi par le braquet, autochtone, les grenaches et enfin la folle noire, autre exclusivité du vignoble niçois.

La vendange, intégralement manuelle, et un cahier des charges rigoureux pour l'élevage, expliquent un prix de revient très élevé. Accusé d'être cher, le Bellet est un vin de niche qui prétend être l'égal des meilleurs crus de Provence, tels que Palette, Bandol ou Cassis.

S'ils n'ont pas été épargnés par la crise, les vignerons exportent leurs cuvées vers les États-Unis, le Japon, la Russie, contribuant ainsi à la renommée d'une AOC qui fêtera ses 70 ans en 2011. D'ici là, les amateurs pourront déguster le dernier millésime en visitant les caves de Bellet durant le premier week-end de décembre.

Franck Leclerc
Nice-Matin
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