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[Jean-Pierre NIEUDAN]

Lui est né à Carcassonne, elle vient de Dresde. Tous deux se sont unis pour exploiter 2 ha de vignes à Couffoulens depuis 2006. Leurs cuvées "Plo-Roucarels" ont su séduire, ici et ailleurs. Mais pour vivre leur passion, ils ont chacun un job à côté.

C'est avec un grand plaisir que nous invitons à découvrir notre petite propriété. Nous vous prions juste de nous appeler avant, car nous avons chacun un métier à côté."
La plaquette de présentation de l'exploitation du "Plo-Roucarels" de Julien Gil et Julia Hubrich, jeunes vignerons installés à Couffoulens joue carte sur table. Ce Carcassonnais de 28 ans et cette Allemande de l'Est de 32 ans ont une double vie. Unis pour la vigne et le meilleur, ils exploitent depuis 2006 près de 2 ha de vieilles vignes, des Carignans de 70 ans d'âge, sur cette terre nourricière classée en vin de Pays de la Cité. Mais la semaine, chacun part de son côté pour faire vivre la petite famille qui s'est agrandie, avec la naissance de Maxime, il y a deux ans.
Lui, BTS "viticulture et oenologie" obtenu en Gironde, travaille sur une exploitation viticole à Douzens. La vigne, "au grand air" , c'est son sacerdoce.
Elle, diplômée de gestion des entreprises de l'université de Dresde, a créé sa micro entreprise de services (secrétariat et traduction). Depuis quelques mois, elle consacre l'essentiel de son temps au syndicat des vins de pays de la Cité.

Obstacles pour acheter de nouvelles terres
Dans un Languedoc-Roussillon meurtri par les arrachages, en proie à une crise sans précédent, l'aventure humaine de Julia et Julien apporte une note d'espoir. La taille de l'exploitation et la production de 6 000 bouteilles ne permet pas encore de vivre de cette activité. "On est tout juste en autofinancement". Mais les signaux sont pourtant tous au vert. Et les demandes des particuliers et des restaurateurs se multiplient. Les deux cuvées Le Carignan et les Pépieux (voir cadre ci-dessous) ont su séduire par leur équilibre et leur fraîcheur. Mais le jeune couple est face à un obstacle de taille. Il espère passer rapidement à 3, 75 ha et cherche les terres adéquates afin de présenter un dossier d'installation jeunes agriculteurs. Le couple est certes sélectif. C'est une des clefs de la réussite. Mais il se heurte pour l'instant à une vraie difficulté comme le confie Julia. "On a vu des terrains mais les gens préfèrent attendre, voir arracher." Le rêve de leur vie est d'exploiter 6 ha et que l'un d'eux vive de ce métier.
A 12 ans, elle déguste des Bordeaux en RDA rien ne prédisposaient pourtant Julien et Julia à une telle destinée. La jeune fille a grandi derrière le mur en RDA dans une famille où le père est anesthésiste et la mère, infirmière. Ses premiers souvenirs de dégustation de vins, des Bordeaux, datent pourtant de ses 12 ans.
Julien n'est pas tombé, non plus, dans une barrique étant petit. Son père a fait sa carrière dans les travaux publics et sa mère était fonctionnaire. Mais leur chemin s'est croisé du côté de Bordeaux pour ne plus jamais dévier. En juillet 2006, ils achètent ces vignes et s'attellent à la tâche tout de suite en "nettoyant" les vignes et en ne laissant que six à huit grappes par pied.
Ils aménagent leur cave sous leur maison en location. Cette cave, qui appartenait à un courtier, possède des cuves. Le matériel est loué. Et 3 500 bouteilles sortiront après ce travail de titans. Depuis, Julia profite du moindre temps libre pour "bichonner" les pieds de vignes. Et Julien joue avec son emploi du temps pour travailler la terre. Certaines journées de mai s'étirent comme un jour sans fin pour Julien. Mais si le doute gagne parfois et si le défi est de taille, Julia et Julien sont en train de réussir leur pari.
Couffoulens voit ainsi renaître ses vignes et leur histoire est surtout un formidable encouragement pour tout un terroir.

Patrick Bessodes
http://www.lindependant.com/articles/20 ... -94975.php