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Horizontale Bourgognes rouges 1997 (IVV)

Messagepar laurentg » Sam 27 Oct 2007 15:16

Club toulousain In Vino Veritas
Bourgognes 1997
Jeudi 18 octobre 2007

Dégustation préparée par Didier Sanchez et commentée par Pierre Citerne.


 Quelques commentaires de contexte :
 Les vins sont dégustés à l'aveugle.
 Nombre de dégustateurs : 7
 Les verres utilisés sont les «Authentis n°1» de Spiegelau.
 DS : Didier Sanchez - PC : Pierre Citerne – LG : Laurent Gibet – MS : Miguel Sennoun – CD : Christian Declume.


 Ordre de dégustation :
1. Savigny-lès-Beaune premier cru "La Dominode" 1997 - Domaine Jean-Marc Pavelot
DS15,5/16 - PC15,5 - LG16,5 - MS16 - CD15,5. Note moyenne : 15,9

Robe assez soutenue, nuance tuilée discrète. Nez mûr, de bonne profondeur, typé Côte de Beaune, offrant un fruité de cerise et de noyau souligné de notes mentholées, fumées, légèrement animales. Bouche ferme, dense, fumée, mâchue, avec une bonne acidité intégrée. Un vin sérieux, l'un des plus "jeunes" de la série, d'un volume étonnant pour un Savigny.

2. Givry "Domaine du Moulin Neuf" 1997 - Maison Bouchard Ainé
DS11 - PC10 - LG12 - MS11 - CD12. Note moyenne : 11,2

Aspect pâle et fané ; senteur faible et diffuse, vaguement figuée ; bouche creuse, amère et chaude. Insignifiant.

3. Gevrey-Chambertin "Clos Tamisot" 1997 - Domaine Pierre Damoy
DS15,5 - PC15,5 - LG15,5 - MS15 - CD15,5. Note moyenne : 15,4

Robe brune, fortement évoluée mais brillante. Le nez est très joli, attirant, mais ses inflexions tertiaires de rose fanée, de petit gibier, de bouillon et de rouille évoquent davantage un vin de trente ans que de dix. Matière fine, charmante, aérienne, avec de la saveur et de l'allonge, même si la finale est un peu décharnée. Étonnamment "vieux", mais typé, distingué et attachant.

4. Volnay premier cru "Santenot" 1997 - Domaine Grillot et Bitouzet • Vin bouchonné.

5. Vosne-Romanée premier cru "Les Suchots" 1997 - Domaine Confuron-Cotetidot
DS16 - PC15,5 - LG15,5 - MS15,5 - CD16. Note moyenne : 15,7

Robe légère, tuilée, bordure brune. Nez profond, articulé, expressif ; suavement épicé et finement animal, donc très Vosne, fortement marqué par une "végétalité" de vinification sans éraflage (ronce, feuilles froissées, marc…). Bénéficiant d'une texture fine mais pleine et d'une saveur délicatement herbacée (ronce, rose, épices subtiles…), la matière se montre très savoureuse, même si la structure semble un peu heurtée, même si une certaine chaleur alcoolique banalise un peu la finale. Un style qui capture indéniablement la magie du pinot, malgré ses imperfections le vin séduit et sonne juste.

6. Charmes-Chambertin 1997 - Domaine Armand Rousseau
DS14 - PC15,5 - LG14 - MS14 - CD14,5. Note moyenne : 14,4

Robe évoluée, brunie, terne. Premier nez peu précis et peu engageant : caramel et notes terreuses ; l'expression aromatique s'affine à l'aération mais reste discrète et légèrement voilée : betterave cuite, framboise, thé darjeeling… Matière assez dense, vive, avec de l'allonge, mais toujours atone aromatiquement, floue, avec une finale trop chaleureuse. Décevant, même s'il me semble que le vin s'est amélioré dans le verre.

7. Santenay "Domaine Arthur Barolet" 1997 - Maison Arthur Barolet
DS14 - PC14,5 - LG14,5 - MS14 - CD15 . Note moyenne : 14,4

Grenat tuilé assez vif. Le nez exprime une rusticité sympathique, tout à fait conforme à l'origine du vin, même si nous avons envisagé des terroirs plus prestigieux de la Côte de Beaune : terre, noyau, un peu anisé, cacaoté, mentholé… Matière assez dense, vive, svelte (seulement 12,5° annoncés), accrocheuse et même rugueuse, sans sécheresse ni déséquilibre. Un vin "à l'ancienne" (il me fait penser aux vins de Camille Giroud…), sérieux, rustique, offrant peu de charme mais une probité certaine dans l'expression du terroir.

8. Bonnes Mares 1997- Domaine Fougeray de Beauclair
DS17,5 - PC17 - LG17 - MS17 - CD17,5 . Note moyenne : 17,2

Robe dense, d'un rubis assez majestueux, bordure tout de même légèrement ambrée. Nez large et raffiné, avec l'opulence fruitée inimitable du grand pinot bien mûr de la Côte de Nuits, profond et évident, tenant à la fois de la framboise et de la betterave rôtie, paré de belles inflexions de viande fraîche, d'humus, d'épices… Matière complète et séductrice, aux courbes assez démonstratives ; son volume, sa présence et la finesse compacte de son grain sont clairement d'un grand cru, sans aucun déséquilibre alcoolique.

9. Chambertin-Clos de Bèze "Domaine Louis Jadot" 1997 - Maison Louis Jadot
DS14,5 - PC14 - LG14,5 - MS14,5 - CD15. Note moyenne : 14,5

Robe dense et peu évoluée, une des plus sombres de la série. Le nez se montre revêche ; réduit, animal (sang, sueur), il finit par exprimer un fruit noir assez monocorde, réglissé, souligné par des notes de boisé/moka plutôt pâteuses. Très dense dès l'attaque, avec des tannins rudes, une présence alcoolique violente et une saveur de fruits noirs macérés banale (l'inévitable "soupe aux fruits des bois" qui sortent du congélateur…), ce vin puissant mais lourd, maladroit même, est loin d'illustrer le prestige de son terroir d'origine.

10. Chapelle-Chambertin 1997 - Domaine Pierre Damoy
DS15,5 - PC15,5 - LG15,5 - MS15,5 - CD14,5. Note moyenne : 15,3

Aspect évolué, la robe présente une nette nuance brune. Nez "piquant", une peu durci par l'acidité volatile, mais d'une certaine profondeur ; le fruit semble intense, avec des inflexions animales et fumées intéressantes, automnales. Matière dense, cohérente, "sanguine", portée par une acidité vive et franche. Un vin plus dense, moins évolué que le Clos Tamisot, mais pas nécessairement meilleur, en l'état ni plus agréable ni plus racé.

11. Pommard 1997 - Domaine Marquis d’Angerville
DS11 - PC11 - LG11 - MS12 - CD13. Note moyenne : 11,6

Encore une robe très évoluée, d'une teinte hésitant entre tuilé et fauve. L'expression aromatique manque de netteté, camphrée, fumée, elle évoque le caramel et le Viandox ; elle manque surtout, cruellement, de fruit frais. Bouche piquante, acide, avec un goût de cuit, de caramel, qui finit même sur des notes oxydées d'éthanal, de rancio, de vin de noix…

12. Volnay premier cru "Champans" 1997 - Domaine des Comtes Lafon
DS13 - PC13 - LG13,5 - MS13,5 - CD13,5. Note moyenne : 13,3

Robe d'aspect assez jeune, fournie, centre rubis sombre. Expression aromatique solaire, avec des notes d'élevage encore présentes : fruits confiturés, noyau, réglisse, anis… ça pourrait évoquer un grenache. Matière dense, chaleureuse, avec une impression de sucré, de confit, une acidité un peu dure et peu intégrée au corps du vin. L'ensemble manque de naturel, de droiture et de finesse.

13. Clos de Vougeot 1997 - Domaine Confuron Cotetidot
DS16 - PC16 - LG15,5 - MS16 - CD15. Note moyenne : 15,7

Robe très claire, diaphane, orangée. Nez évident et expressif de pinot non éraflé, fortement végétal (feuille de cassis ? broussailles humides piétinées ? poivre vert ?...), mais néanmoins profond et racé. Bouche vigoureuse, de très belle tenue, virile ; on devine une énergie interne due au raisin, pas aux techniques extractives ni à l'élevage. Plus ferme, plus long que le Vosne Suchots du même domaine, peut-être moins flatteur et disert dans son expression aromatique, ce vin franc et distingué peut rebuter par sa saveur "verte", rafleuse ─ rageusement rafleuse ─, très prononcée.

14. Chambertin 1997 - Domaine Pierre Damoy
DS16,5 - PC16,5 - LG15 - MS16 - CD15,5. Note moyenne : 15,9

Robe très sombre dans le contexte de la série, qui reste mate. Nez tout d'abord assez boisé, concentré, puissant, réglissé ; un fruité compact mais pur et profond monte lentement à l'aération, avec une évocation de framboises presque trop mûres. Matière très dense, sérieuse, avec une forte acidité intégrée au cœur de sa structure, des tannins abondants, peut-être un peu secs mais fins, une grande richesse de texture et d'alcool : bref, beaucoup de tout… ce qui confère un potentiel certain à ce vin, qui semble tout à fait à la hauteur de son terroir, à défaut d'être transcendant de charme ou de naturel.



Conclusion :

Dès leur jeunesse les 1997 se signalaient par leurs robes, ternes et souvent nuancées de brun. Ce détail récurrent nous avait frappé lorsque nous goûtions les vins justes mis en bouteilles dans les caves. A l'occasion de cette petite horizontale nous les avons retrouvés tels qu'en eux-mêmes, des vins d'aspect "brumeux", "maussade", qui manquent d'éclat aromatique et de précision structurelle, apparaissant souvent "floutés", voilés, fatigués, déséquilibrés par une chaleur alcoolique encombrante ou/et une acidité dure (corrections maladroites ?).
Les meilleurs vins goûtés ce soir possèdent toutefois de la générosité et expriment bien leurs terroirs. On retiendra en particulier le Bonnes Mares de Fougeray de Beauclair, certainement le meilleur vin de la série, le plus complet et le plus séduisant en tout cas (race aromatique et finesse de texture). On retiendra également le style attachant de vins du domaine Confuron-Cotetidot, où la vendange entière traduit sans esbroufe l'identité du pinot des grandes origines, même si les notes herbacées, rafleuses, peuvent paraître exacerbées, ainsi que la belle homogénéité des vins de Pierre Damoy (le Chambertin semble pouvoir aller loin). En côte de Beaune, le Savigny de Pavelot se comporte mieux que les vins décevants de Lafon et Angerville. Les grands crus de Gevrey de chez Rousseau et Jadot constituent eux aussi des déceptions, bien que plus relatives.
laurentg
 

Re: Horizontale Bourgognes rouges 1997 (IVV)

Messagepar laurentg » Sam 27 Oct 2007 15:28

Souvenir de ceci :

Clos de Vougeot – Domaine Leroy – 1997 : 17/7/2004 (synthèse par Pierre Citerne)
PP18 – PC18 – LG17,5/18

- Belle robe dense, légèrement voilée. Grand nez plein, profond, évident : des notes herbacées (menthe) et poivrées, un fruit immense et pur qui libère de sublimes notes de gibier à l’aération. Vivant, direct, superbement structuré en bouche. La grande Bourgogne, celle que l’on rencontre malheureusement trop rarement.
laurentg
 

Re: Horizontale Bourgognes rouges 1997 (IVV)

Messagepar laurentg » Sam 27 Oct 2007 18:50

Pour mieux respecter la charte ;)

Volnay 1er cru Champans – Domaine des Comtes Lafon 1997 : 22/6/05
JP13,5 – PP14,5 - LG15

- Le pinot n’est pas si facilement identifiable dans cette interprétation un peu solaire (certains ont pensé à du Grenache, et ce n’est pas la première fois que la confusion s’exprime). Odeurs de cerise, de mûre, de fleurs.
- Bouche un peu amère et chaude, manquant d’expressivité. Attendre que le vin se redéploie en s’assagissant ?

Volnay Jadot 1997 : 15,5/20 – 24/10/07
Nez attirant : guignolet (griotte, noyau), confiture de prune, floral, fumée. Le tertiaire pointe (sous-bois, sensation automnale), mais le fruit reste frais. En bouche, pas mal de plaisir : velouté, pulpeux mais avec une belle accroche. Un pinot noir sans pedigree, très honnête, qui finit un peu court. Particulièrement alerte pour un 1997 (cf. la récente horizontale IVV).

Mazis-Chambertin Dupont-Tisserandot 1997 : 14/20 – 25/10/07
Nez qui pinote, mais dans un registre assez terne : cerise écrasée, framboise, épices, fumée, inflexions mentholées et viandées. Bouche tristounette, acidulée, sans réel élan, sur des goûts trop pauvre de griotte. Une certaine finesse et aussi pas mal d’alcool, ce qui déséquilibre le vin. On retrouve dans cette expression approximative (surtout pour un tel grand cru) les cruelles limites du millésime pointées lors de l’horizontale Bourgognes 1997 du 18/10/07.

Clos de Vougeot – Denis Mortet 1997 : 8/8/2004
PP17 – PC16 – LG15

Le nez est prodigue, sur des notes classiques de cerise, de réglisse, de girofle, de ronce, de rafle, de peau d’orange séchée et, plus inattendue, d’iode.
La facture concilie modernité (robe noire encre, puissance), et maîtrise (élevage intégré), ce qui n’est pas si courant en Bourgogne où de tels produits sont bien souvent trop extraits et boisés. Le vin est policé, un peu lisse, en dépit de qualités évidentes (volume, élégance, fraîcheur et longueur). Un beau vin, sans folie toutefois, à moins que ce ne soit pour plus tard, en a-t-il le potentiel ?.

Echézeaux – René Engel 1997 : 8/12/2004
PP11 – LG13

- Une acidité volatile importante agresse, puis une forte animalité dérange et, enfin, un soupçon de fruit (cerise) se manifeste.
- Le vin est prématurément usé. Il est maigre et agressif. Le lendemain, Laurent le trouve en peu plus en place. Un problème de bouteille ? En tout cas une grande déception pour ce vigneron, estimé, qui nous avait, jusqu’alors, régulièrement enchanté.

Clos de la Roche – Domaine Dujac 1997 : 16/1/2005
JP18 – PP17,5 – LG18

- Robe évoluée, brillante, de moyenne intensité, très engageante.
- Nez resplendissant, associant des notes dont la qualité est de tout premier ordre : rose fanée, griotte, café, pot-pourri. Végétalité sur le fil du rasoir mais incroyablement noble : bourgeon de cassis, rafle, cosse de petit pois frais.
- Bouche possédant cette présence légère caractéristique des meilleurs pinots noirs bourguignons, tactilement remarquable, pour une acidité déterminée mais totalement au service du vin, une distinction pure et complexe se déployant sur une longueur magistrale.
- Un vin éclairé, que certains voyaient tout de même un peu plus vieux (1991 ?, 1988 ? pour l’austérité et l’acidité relatives d’un millésime frais).


Votre avis sur ce millésime ?
laurentg
 

Re: Horizontale Bourgognes rouges 1997 (IVV)

Messagepar Basi68 » Ven 4 Avr 2008 21:27

Bu récemment:

Volnay "Clos du village" Domaine Bernard Delagrange
Un des rares vins rouges réussis de ce domaine (dans les blancs c'est mieux) que j'ai pu gouter.
Fruité, concentré, rond avec toutefois un petit excès d'acidité (ä mon gout).

Vosne Romanée 1er Cru Les Brulées domaine Guyon
Grand, très grand, il était supérieur à l'Echezeaux 1999 dégusté juste avant.

Pour moi, 1997 est un excellent millésime et "rapidement" abordable. Actuellement il se déguste très bien.
Basi68
 
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