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Soirée du 3 Décembre 2010

Messagepar chambermusimanee » Dim 5 Déc 2010 15:34

C’est comme toujours avec une grande impatience que nous attendions cette soirée, le plaisir de retrouver ses amis autour d’une bonne table, la certitude de profiter une fois de plus d’une grande prestation de notre chef Rudy, et tout simplement l’envie de redécouvrir quelques sommets de la viticulture Française expliquaient évidemment cette envie d’en découdre…



Nous avions choisi de lancer les hostilités par un Champagne brut grand cru cuvée Moncuit Delos de la vénérable maison Pierre Moncuit du Mesnil sur Oger.
Ce pur chardonnay semble taillé dans la craie, sur une fraicheur typique de ce village situé au cœur de la Côte des blancs. Il est absolument parfait pour mettre nos convives en bouche et accompagne à merveille les feuilletés servis.



Le moment venu, nous passâmes à table afin d’entrer véritablement dans cette soirée dégustation. C’est avec un plaisir infini que nous voyons les quatre tablées se constituer, les Cousin and co étaient prêts, Eloi et ses comparses m’épiaient d’un regard que je devinais plein d’impatience, Jocelyne et Jean Charles, à la table des profs, étaient déjà dans le plaisir, celui de se retrouver… Et Julien, à nos côtés savait à quoi s’attendre, lui qui est rompu à nos soirées, c’est le regard serein qu’il attendait que l’on dégaine…





Les huitres arrivaient avec les deux premiers vins. Rudy me confiait avoir eu l’idée de confronter deux huitres, l’une, de pleine mer et iodée et l’autre affinée en claires. Mais les conditions climatiques ne lui ont permis de s’approvisionner et c’est avec la seconde, charnue et moelleuse que nous avons pu apprécier la Spéciale cuvée de la maison Bollinger. Les notes sont comme toujours très vineuses, la patte maison est très reconnaissable sur les épices le tout dans une bouche bien ronde.
La Grande Année 2000 joue elle une division au dessus, sur des tonalités plus grillées et surtout dans une finesse bien plus profonde. Pascal, à très juste titre remarque que la dernière gorgée est la meilleure, sans aucun doute, ces grands champagnes gagnent à être bus légèrement réchauffés.

Nous n’attendions pas meilleure entame avec cette vénérable maison qui ne déçoit jamais.




C’est ensuite dans le monde des grands blancs que nous voulions mener les dégustateurs. Et quel plus beau terroir que le Corton Charlemagne pour accompagner le duo de Saint Jacques cuisiné à l’unilatérale pour l’une et poêlée pour l’autre.
Le domaine Maratray Dubreuil nous livre sur son 2007 une expression de ce terroir mêlant idéalement une minéralité propre au terroir d’origine et un fruité presque sudiste. Cette approche confère à ce vin une amabilité et une immédiateté qui est fort séduisant.

Le domaine Bonneau du Martray sur ce même millésime 2007 s’inscrit plus dans la catégorie des vins d’esprit. Nul fruité intense mais c’est plus en vibration minérale qu’il s’exprime. Il ne se déshabille pas au milieu du couloir, c’est plutôt à nous d’aller le chercher et d’imaginer ce qu’il sera dans vingt ans, un pur vin d’esprit associé à une autre expression plus immédiate. Quel duel !




Nous voulions ensuite introduire deux grands rouges de Bourgogne, et le millésime 2004 caractérise pour nous parfaitement ce qui fait le génie de cette région : fraîcheur, équilibre, finesse.
Les rognons furent accompagnés par le Clos de la Roche du domaine Remi Jeanniard. Cette maison en devenir propose des crus qui ne jouent jamais dans la surextraction et qui sont toujours l’exacte reflet des terroirs dont ils sont issus.
Ce grand cru peut sans hésiter être qualifié de vin de dentelle, sa matière est si fine qu’elle s’étire sur une longueur remarquable. Les fruits rouges, les cerises à l’eau de vie sautent au nez toujours en retenue comme si le vin voulait respecter le plat.
Ce nectar est une rivière montagneuse et la clarté de son bouquet nous laisse le plaisir de définir avec une lisibilité parfaite son lit, c’est la substantielle moelle de ce fabuleux terroir de Morey Saint Denis que nous buvons…


Le Nuits Saint Georges 2004 du domaine Gouges est à considérer comme l’archétype du village, cette maison en effet possède une notoriété mondiale et est pour l’amateur averti LA référence de ce village.
Nous reprendrons les mots d’Eloi qui l’a qualifié de « compliqué », en fait, les professionnels utilisent plutôt le terme complexe. Et quelle magnifique complexité, les premières notes qui viennent sont et c’est heureux ainsi la terre mouillée, encore Eloi dira à un de ses voisins : « cela sent comme quand on laboure dans les champs ».

Cela est la caractéristique de village, l’image d’Epinal du Nuits Saint Georges est un vin rustique et terrien. Mais le domaine Gouges va plus loin, certes, il est sans aucun doute terrien, mais d’autres dimensions s’ajoutent à ce caractère. Les notes minérales (les flaveurs s’échappant de deux blocs de granit que l’on vient d’entrechoquer) puis musquées le tout dans une matière en bouche très ronde. A la réflexion bien plus riche qu’à la naissance de ce 2004 que nous avons eu le loisir de suivre depuis sa naissance. Ce vin est maintenant un jeune homme et nul doute qu’il a encore toute la vie devant lui, malheureusement nos caves vont bientôt le pleurer… Ses petits frères auront fort à faire…





Nous avions ensuite rendez vous avec deux autres domaines de génie qui représentent le sommet de la viticulture Française. Le duel entre Auguste Clape à Cornas avec sa cuvée Renaissance2006 et le domaine Jamet en Côte Rôtie avec son 2004 est en effet à situer tout en haut de la hierarchie en Côtes du Rhônes nord.

Le style tout en finesse, en beauté en subtilités de la Côte Rôtie supplante pour l’instant le Cornas qui semble plus pataud et bourru. Mais le dégustateur saura percevoir en ce dernier de magnifiques amers mêlés à une matière en bouche encore massive qui immanquablement évolueront positivement.


Pour l’heure, nous sommes face à un petit garçon paré de tous les atouts, il est beau, il est grand et élancé. Mais ne dédaignons pas cet autre petit garçon qui est un peu introverti mais qui saura sortir de sa chrysalide quand il l’aura décidé.


Ce duel s’est joué sur un duo de sanglier et de porc biologique cuisson basse température le tout accompagné d’une réduction de jus de veau qui est la signature de Rudy, incomparable. Quand nous avons demandé au chef comment il était parvenu à un tel degré de tendreté, il nous répondit en toute simplicité, j’ai commencé la cuisson hier…

Nous avions rendez vous dans le Sud sur le plat suivant, et c’est à Bandol avec le domaine de la Bastide Blanche sur le millésime 2000 et la cuvée Estagnol.
C’est une profusion de senteurs sudistes qui explose au nez, l’olive noir, l’odeur des cyprès et des pains parasols ou encore la mine de crayon le tout dans une bouche absolument pas alcooleuse et sans la moindre sensation de chaleur. C’est un vrai grand vin du sud à maturité.

Le Vacqueyras 2003 du domaine des Tours s’exprime-lui plus en finesse, dans une matière qui rappelle celle du Clos de la Roche et des notes de fraise écrasée (c’est la signature de ce vigneron) et d’épices, nous sommes en cuisine dans un restaurant indien…

Le Parmentier de canard, par l’aboutissement de la cuisson du volatile s’accorde absolument parfaitement avec ces deux vins et c’est finalement en spectateur que le plat assiste à ce duel de titans entre cette main de fer (le Bandol) et ce gant de velours…

Pour accompagner le crême brulée de foie gras et les mignardises, nous avions débouché deux « confiseries », le Vouvray le Clos du Bourg Moelleux 2007 du fameux domaine Huet qui laisse la part belle aux fruits confits, c’est une salade de fruit qui explose au nez.
Le Coteaux de l’Aubance Château rousset 2000 du manoir de Versillé nous emmène dans une boite à tisane, le tilleul, la verveine, le miel. Nous sommes typiquement dans des arômes dits secondaires qui sont moins flatteurs que ceux du Vouvray mais qui trouvent un écho idéal avec le foie.

Cette soirée fut pour nous une fois de plus un intense moment de bonheur pour les papilles, mais aussi un immense plaisir que de se retrouver entre amis dans ce contexte. Un vin, si grand soit- il n’est il pas encore plus beau quand le plaisir est partagé ?

Merci donc les amis !

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Re: Soirée du 3 Décembre 2010

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Dim 5 Déc 2010 15:59

Bravo et merci de nous faire partager ces superbes moments

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Re: Soirée du 3 Décembre 2010

Messagepar Vincent R. » Dim 5 Déc 2010 20:42

Quel repas :cdc:

Un de ces moments de pur plaisir que nous recherchons tous dans notre ^passion, mêlant le vin et l'art culinaire tout en travaillant les accords.
Tous les vins devraient être bus ainsi, autour d'une table avec des assiettes savamment garnies et des amis autour!


Une phrase tirée de l'ensemble me plait beaucoup et illustre bien la difficulté des grands vins de gardes et en particulier en Bourgogne. Chapeau bas ;)

chambermusimanee a écrit:... Le domaine Bonneau du Martray sur ce même millésime 2007 s’inscrit plus dans la catégorie des vins d’esprit. Nul fruité intense mais c’est plus en vibration minérale qu’il s’exprime. Il ne se déshabille pas au milieu du couloir, c’est plutôt à nous d’aller le chercher et d’imaginer ce qu’il sera dans vingt ans, un pur vin d’esprit associé à une autre expression plus immédiate....


Vivement que l'on se croise :cheers:
:tchin:
BAREME DE NOTATION 19+ À 20:MYTHIQUE 18+ À 19:EXCEPTIONNEL 17+ À 18:TRÈS GRAND VIN 16+ À 17:GRAND VIN 15+ À 16:TRÈS BON VIN 13+ À 15:BON VIN 11+À 13:MOYEN 10 À 11:FAIBLE <10:DÉFECTUEUX
en dessous de 16, je n'achète pas! il y a si bon ailleurs!
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Re: Soirée du 3 Décembre 2010

Messagepar chambermusimanee » Dim 5 Déc 2010 21:46

Vincent,

S'agissant de Bonneau du Martray, je pratique régulièrement le 1991 qui a été remis en marché au domaine, et ma dégustation a sans doute été influencée par cet aîné.

Et il est vrai que globalement les grands Bourgognes ont cette faculté à se cacher, à l'image d'un Chambolle les Amoureuses par exemple, mais n'est pas aussi grace celà que nous les aimons ?

Attention, je ne veux pas dénigrer le Marartay Dubreuil, sur ce coup, une majorité de l'auditoire était même plus sensible à son amabilité qu'au Bonneau de Matray.
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Re: Soirée du 3 Décembre 2010

Messagepar Christian Rausis » Lun 6 Déc 2010 12:56

Un vin, si grand soit- il n’est il pas encore plus beau quand le plaisir est partagé ?


Yes. Comme l'exaltation ressentie lors d' une éclipse totale de soleil, un grand film ...

En tout cas merci d'avoir partager ces grands moments où l'on voit que le plaisir passe par tous les sens et le cerveau.
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