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Horizontale IVV Sauternes 1997

Messagepar laurentg » Mer 24 Oct 2007 13:12

Horizontale IVV Sauternes 1997 – 5/10/07

1. Sauternes Clos Haut-Peyraguey 1997 : 14,5/20 – 5/10/07
Nez net proposant des senteurs de fruits confits, d’orange, de citron, de miel, de crème catalane, de pastille vichy. Autant le nez est respectable, autant la bouche est critiquable : elle s’avère très rebondie (sans vivification acide appropriée), un brin amère, avec pas mal d’alcool ; elle est de plus desservie par une brièveté étonnante.

2. Sauternes Château Guiraud 1997 : 14/20 – 5/10/07
Robe nettement cuivrée, comme c’est souvent le cas pour ce domaine. Nez semblant voilé par trop de soufre, offrant un panel aromatique un peu blet, safrané, pour des senteurs de fruits (agrumes, pêche, abricot), de raisin de Corinthe. Petite déviance probable trahie par une pointe d’iode dans une matière presque visqueuse (le vin devient un peu « sirop », sans la nécessaire acidité qui le fortifierait utilement), herbacée (touche verte de sauvignon ?).

3. Sauternes La Tour Blanche 1997 : 15/20 – 5/10/07
Beau rôti, fin et frais, dopé par une volatile « normale » qui propulse des odeurs agréables d’agrumes, d’ananas, d’abricot sec, de caramel léger, de safran. Après les 2 vins précédents (souffrant d’embonpoint), on trouve ici un nectar plus aérien, soutenu par une acidité raisonnablement vaillante et se terminant sur des amers de qualité (orange).

4. Sauternes Château Suduiraut 1997 : 15,5/16 - 5/10/07
Nez pas assez net, simple, comme bloqué par trop de soufre : faibles odeurs d'orange, d'ananas confit, de miel (voire d'encaustique), masquées par des relents d'huître et une sensation végétale. En bouche, on trouve pour autant une trame assez élancée (en comparaison de celles des vins précédents : Clos Haut-Peyraguey 1997 et Guiraud 1997, bien lourds), avec de la tonicité. Du volume et une certaine finesse mais peu de raffinement dans ce profil indécis, peu aimable, à attendre.
Note : l'expression s'arrange un peu Ă  l'air (ce ne sera pas le cas pour de Malle 1997, qui ne semblera pas se relever).

5. Sauternes Château d’Arche 1997 : 15/20 – 5/10/07
Nez introverti mais fin, délicatement miellé, laissant filtrer des notes d’abricot, de jus d’orange, de noix de coco. En bouche, l’expression reste un peu anodine et amère (mais pure), restant trop en surface. Impression de vin flottant pour une finale correcte mais courte. Le vin était plus explosif à l’ouverture.

6. Sauternes Rieussec 1997 : 17/20+ - 5/10/07
Robe intense. Nez expressif, fleuri et pur composé de senteurs splendides : miel (tendant vers la cire), champignons, safran, orange. Pas de présence boisée ou de soufre notables. La bouche est un fuseau fin, assez complexe, long. Une belle acidité assure la cohérence d'ensemble. Raffinement de texture et amers parfaitement au service du vin.

7. Barsac Nairac 1997 : 16/20 - 5/10/07
Robe évoluée, ambrée. Nez évoquant un "gros botrytis", vertical, puissant, délibérément démonstratif : cire, gentiane, baba au rhum, champignons, infusion de thym, marmelade d'oranges amères. Bouche au style extrême, qui se déroule puissamment (elle ne fait vraiment pas dans la dentelle) pour une finale légèrement empesée qui déçoit un peu. Un autre reproche : l'évolution semble précoce.

8. Sauternes château d'Yquem 1997 : 17,5/20+ - 5/10/07
Nez encore entravé par le bois (chêne frais, coco). On sent toutefois des notes un peu sous l'étouffoir de pastille vichy, de confiture de reine-claude, d'orange, de citron, de gentiane. Bouche nettement comprimée, dans laquelle on devine une matière qui piaffe cependant. La silhouette est pure, fine, cohérente. Liqueur encore mesurée, avec une belle droiture et des amers de qualité. Le vin se fortifie dans le verre. Attendre assez longtemps.
Note : le vin a sciemment été proposé en demi-bouteilles pour favoriser son expression après 10 ans d'âge.

9. Barsac Climens 1997 : (12/20) - 5/10/07
Nez inquiétant, frêle, herbacé (présence massive de sauvignon ?). Pas trop net : senteurs de vernis et de pomme.
En bouche, on est accueilli par une liqueur indigente, affublée de verdeur, qui ne ressemble pas à grand-chose. Grande présence alcoolique, désunion, pas de tenue pour cette production approximative.
Note : ce Climens a été récemment apprécié au club toulousain IVV lors d'une horizontale de Bordeaux 1997 (16/20).

10. Sauternes Château de Rayne-Vigneau 1997 : 15,5/20 – 5/10/07
Intéressante présence fruitée : ananas confit, marmelade d’orange, abricot et un miel puissant. Matière riche (un peu mastoc), onctueuse, qui manque d’élan en finale. Le style est techniquement irréprochable mais passablement banal, lassant, pour une amertume un peu appuyée en finale.

11. Sauternes Doisy-Daëne Extravagant 1997 : 18/20 - 5/10/07
Demi-bouteille (très chère). 100% sémillon et 360 g de sucre résiduel. Le vin coule épais et coloré. Nez tout en puissance, bien fruité, charmeur, raffiné, original : raisin sec, écorce d'orange, confiture d'abricot, verveine citronnelle. La bouche se sirote avec grand plaisir : c'est un élixir hors normes (éponymie justifié quant au nom de cette cuvée à part), admirable, qui sait garder de la fraîcheur malgré un taux de sucre résiduel assez invraisemblable. La matière reste fuselée en dépit d'un milieu de bouche énorme, marqué par des goûts prononcés de sirop d'érable. Exercice de style réussi pour ce grand vin.
Très beau souvenir aussi des cuvées extravagant 1997 et 1998 (2 styles différents goûtées en présence de Jean-Marc Quarin au domaine (accompagnant un groupe d'amateurs au château, il avait eu la gentillesse de nous permettre de goûter ces 2 nectars). Plus prêt à boire que d’Yquem 1997, bien plus fermé (verrouillé), mais qui est cependant loin d'avoir dit son dernier mot.

12. Sauternes Haut-Bergeron 1997 : 15,5/20 - 5/10/07
Nez légèrement iodé pour des senteurs un peu insolites d’abricot (bergeron ?) et de viande rôtie. Bouche grasse, assez longue, avec une amertume non négligeable. Un style très correct, qui manque en l’état un peu de complexité et de définition. Finale un peu « éclair ». Vin meilleur à l’ouverture (quelques heures plus tôt).

13. Sauternes Château de Malle 1997 : (13/20) – 5/10/07
Nez timide, réduit, avec un peu de pomme. Bouche peu équilibrée, dure, vraiment approximative (aspect picotant du au soufre ?, remugles s’apparentant à l’ail). Arrière-goût déplaisant pour un vin qui ne concèdera rien même après un long carafage.

14. Sauternes Doisy-Daëne 1997 : 15/20 - 5/10/07
Nez très mûr, animal, rappelant la viande grasse (rillettes). Sans tapage mais très propre, il est souligné de belles notes de lait de coco, de verveine, de fruits blancs (poire et pomme). Bouche aimable, modeste : la liqueur est preste (semblant peu sucrée), attachante, plus moelleuse que liquoreuse, au style retenu.
Note : le vin est bien plus net que lors de la dernière dégustation.

15. Barsac Coutet 1997 : ED – 5/10/07
Sévèrement bouchonné.


Petite conclusion :
- Jugement plus que réservé sur Climens 1997 (à tout seigneur …)
- 1997 n’est peut-être pas le grand millésime promis (cf les déceptions, avec en toile de fond une possible et pénalisante déficience en acidité)
- Ces cuvées sélectionnées ne sont pas forcément dans une phase très favorable (mais les meilleures iront loin, voire très loin)
- On trouve des styles différents et pour des raisons particulières (défauts sur Climens 1997 et Coutet 1997, force conséquente de Nairac 1997), la finesse légendaire des Barsac ne saute pas au nez
- D’Yquem 1997 et l’extravagant de Doisy-Daëne 1997, tous les 2 remarquables mais si différents illustrent brillamment cette affirmation
- Rieussec 1997 fait ce soir preuve d’une agilité remarquable en dépit d’une envergure importante : il suffit qu’on lui laisse quelques heures pour élégamment déployer ses ailes d’albatros
laurentg
 

Re: Horizontale IVV Sauternes 1997

Messagepar laurentg » Lun 29 Oct 2007 19:02

On ne pouvait pas en rester là. J'ai proposé Climens 1997 à l'aveugle qq jours plus tard ...

Barsac Climens 1997 : 17/20 – 18/10/07
1ère phase – la veille à l’ouverture : Barsac Climens 1997 : 16,5/20+ - 17/10/07

Nez net, délicatement miellé et épicé, déployant des notes encore normalement réservées de fruits confits, d’angélique confite, de pamplemousse, de gentiane. Inflexions végétales de caractère. La bouche est très Climens avec ses atouts de sobriété (liqueur mesurée), de finesse, de fraîcheur. On y retrouve les légendaires amers propres au domaine (kumquat, bergamote) dans une matière certes encore comprimée mais qui devrait brillamment s’épanouir dans quelques années. Prégnance certaine pour un vin élancé, corsé, peu sucré, encore introverti. Moins corpulent qu’Yquem 1997. Semble aussi plus riche que Climens 1988.
2ème phase (le lendemain soir) : la liqueur, très stable, joliment abricotée, bénéficie du même patrimoine aromatique et gustatif, tout en dentelle. Elle est parfaitement digeste. Il faudra mesurer les éventuels progrès du vin dans 10 ans.

C'est excellent, plein de potentiel.
Sera-ce immense ?


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laurentg
 


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