Index du forum Les rubriques Sud-Est

La Provence défend son rosé contre le vin "colorié"

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Mar 19 Mai 2009 12:18

par Jean-François Rosnoblet MARSEILLE (Reuters) -

Berceau du vin rosé en France, la Provence s'est lancée dans une croisade contre "l'hérésie" consistant à couper du vin blanc avec du vin rouge, technique à laquelle l'Union européenne s'apprête à donner son feu vert.

Du petit producteur aux hommes politiques, tous partis confondus, la mobilisation est totale avant la décision finale des experts des Vingt-Sept sur ces nouvelles pratiques oenologiques, attendue le 19 juin à Bruxelles.

Sur le fronton du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA), dirigé par le socialiste Michel Vauzelle, une immense banderole a été déployée pour la défense du terroir.De son côté, le conseil de la communauté du pays d'Aix présidé par Maryse Joissains (UMP), qui regroupe 34 communes, a voté à l'unanimité le principe d'une plainte pour "contrefaçon" au cas où l'UE confirmait l'autorisation du coupage.

Ironie de l'histoire, la France avait voté en faveur de cette autorisation du coupage le 27 janvier dernier lors d'un vote indicatif avant de changer son fusil d'épaule devant l'émotion suscitée dans l'Hexagone par cette proposition.La décision a été reportée après les élections européennes du 7 juin pour ne pas "polluer" la campagne.En France, le vin rosé s'obtient par une brève macération de la pulpe et de la peau de raisins rouges. Les trois quarts de la production française viennent de Provence. La Loire, le Bordelais, la Corse et le Sud-Ouest en produisent aussi.

De son côté, le vin rosé de coupage serait issu du mélange de 98% de vin blanc et 2% de vin rouge, pratique aujourd'hui utilisée en Afrique du Sud, aux Etats-Unis ou en Australie.

L'IMAGE DE LA PROVENCE EN JEU ?

Avec le soutien de la Hongrie et, tardivement de la Grèce, la France est isolée dans son combat contre le "rosé coupé" et, même si elle entend se battre, le combat paraît perdu d'avance.

Elle devrait néanmoins obtenir le droit d'étiqueter ses flacons "vin rosé traditionnel" ou "vin rosé véritable".

L'objectif recherché par la Commission européenne, à l'origine de la proposition, est de permettre aux viticulteurs européens de concurrencer l'Afrique du Sud, l'Australie ou encore le Chili sur les marchés d'exportation, comme en Asie.

Même si la couleur du vin coupé se rapprochera "de très près" de celle des vins traditionnels, "nous n'aurons pas les arômes spécifiques du rosé qui sont obtenus par des cépages noirs et par une vinification particulière", assure Gilles Masson, directeur du centre de recherches et d'expérimentation sur le rosé, le seul au monde à être consacré au breuvage.

Il s'agira tout simplement "d'un vin colorié", dit-il.

François Millo, directeur du Conseil interprofessionnel des vins de Provence (CIVP), redoute des conséquences graves pour la filière et la "dénaturation de l'image de la Provence"."

Au-delà du déséquilibre du marché, on craint la perte de confiance du consommateur qui, abusé par la couleur du rosé de coupage, va acheter un vin blanc tâché de rouge", estime-t-il sans perdre espoir. "On peut concurrencer le rosé de coupage en faisant de la qualité. On n'est pas obligé de céder au lobby du négoce international", lâche-t-il.

"SÉISME" ÉCONOMIQUE

A ses yeux, le projet n'est qu'un paravent "pour permettre à certains opérateurs de profiter de la montée du rosé pour caser des stocks de vin blanc difficilement vendables".

Le 26 mai à Bruxelles, les viticulteurs français tiendront une conférence de presse commune avec leurs homologues espagnols, italiens, allemands et suisses.

En attendant, ils investissent internet. Sur le site coupernestpasrose.com, une pétition a déjà recueilli près de 30.000 signatures.

Sur le plan économique, l'enjeu est de taille car le marché du vin rosé est en pleine expansion à l'inverse des vins rouges et blancs qui se vendent mal.

Le vignoble provençal représente 12% du vignoble français. La région consacre 85% de sa production au rosé, qui pèse 10% de la production mondiale.

Michel Vauzelle, président de la région PACA, parle même d'un "séisme" à venir à cause de cette "hérésie". "Une telle décision mettrait en péril des milliers d'emplois", estime-t-il.Selon François Millo, "6.000 emplois seraient directement impactés par cette mesure, 25.000 de manière indirecte".

Si elles sont approuvées le 19 juin, les nouvelles règles européennes entreraient en vigueur le 1er août.

http://www.rmc.fr
La vérité est dans la bouteille ..( Lao Tseu )
Avatar de l’utilisateur
Jean-Pierre NIEUDAN
 
Messages: 9570
Inscrit le: Mer 24 Oct 2007 10:23
Localisation: Hautes Pyrénées

Retour vers Sud-Est

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit and 8 invités