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Le bandol a pris deux degrés en dix ans

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Mer 31 DĂ©c 2008 20:10

Vinifiée en rouge, la plus belle appellation de Provence est un grand vin de gastronomie après quelques années de bouteille.

Vous hésitez entre un carré d’agneau et un gigot ? Entre un osso bucco et un lapin aux pruneaux ? Entre des tajines et un cabri rôti ? Entre un canard laqué et un autre plat asiatique dans le genre sucré-salé ? Vous aimeriez que le vin du plat principal accompagne aussi le plateau de fromages avec de l’époisses et du camembert au lait cru ?

Dans ce cas, remontez de la cave un bandol de sept à dix ans et vous ne serez pas déçu du voyage. Coincé entre la Méditerranée, les montagnes de la Sainte-Beaume et du mont Caume, le vignoble de Bandol est étagé en restanques, ces terrasses assorties de murets qui permettent de lutter contre l’érosion des sols lors des grosses pluies.

Le vin rouge de Bandol doit intégrer le cépage mourvèdre à hauteur de 50 % minimum. Mais beaucoup de vignerons en mettent davantage. On trouve même du bandol 100 % mourvèdre. Le grenache, le cinsaut et le syrah viennent compléter la gamme des cépages, avec parfois un peu de carignan. Le mourvèdre est un cépage difficile, voire capricieux, exigeant sur le climat. Sa plus grande réussite s’obtient sur les terres de l’AOC Bandol.

Dans sa prime jeunesse, le bandol est un vin austère et astringent. Après quelques années de bouteille, sa belle couleur noire se teinte de nuances cuivrées. Ses tanins se fondent alors, faisant apparaître des arômes d’épices et de fruits à noyaux. Au début, des années 1990, le bandol rouge titrait entre 12 et 12,5º. Dès les premières années de ce siècle, il est souvent passé à 14º dans les mêmes propriétés. Faut-il voir là un effet du réchauffement climatique ? Celui d’une récolte de raisins plus mûrs ? Sans doute un peu des deux.

Toujours est-il que la forte personnalité du bandol s’affirme au fil des ans, au point de rivaliser avec le châteauneuf-du-pape, bien que l’encépagement soit différent en raison de la présence majoritaire du mourvèdre. Et comme l’ère de l’appellation ne couvre pas une grande superficie, le prix du bandol augmente sensiblement depuis quelques années. Car ce vin se vinifie aussi en rosé et le rosé a le vent en poupe.

Trouver un vin proche du bandol dans une autre appellation n’est pas facile. Palette s’en raproche le plus. Mais il s’agit d’une AOC confidentielle, située au pied de la montagne Sainte-Victoire, du côté d’Aix-en-Provence. Certains cavistes vendent le fameux château-simone, d’une propriété de 11 hectares lovée sur un éboulis de calcaire, orientée au nord pour que la vigne ne grille point en plein été. Elle est détenue depuis deux siècles par la famille Rougier. Elle représente environ la moitié de cette minuscule appellation. Son rouge 2005 est composé de 45 % de grenache et 30 % de mourvèdre. Bien qu’il soit déjà doté de tanins soyeux, son propriétaire prédit qu’il atteindra son apogée en 2015.

Autant dire qu’il est un peu tard pour dénicher la bouteille de palette prête à boire pour ce 31 décembre. Les autres vins qui se rapprochent du bandol - sans toutefois l’égaler - sont les coteaux-d’aix, des Baux, voire des côtes-de-provence issus de bonnes propriétés. Je recommande donc de s’en tenir au bandol.

GĂ©rard Le Puill
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Jean-Pierre NIEUDAN
 
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