Cette question vient régulièrement à notre esprit, par exemple :
« Ce Gevrey Chambertin de Claude Dugat vaut 45€ (cette question vaut pour tous les domaines de très grande réputation), le double de celui que j’achète habituellement. Qu’est ce qui explique cette différence, je prendrai deux fois plus de plaisir à la dégustation ? »
Qu’ont-ils de plus ? Comment expliquer cet insondable qui nous fait tous rêver et surtout, le statut de ces vignerons mythiques est il justifié pour ce qu’il y a dans la bouteille ?
La réponse à cette interrogation ne peut subir l’expérience unique de la dégustation comparative, car à mon sens, et ce point de vue peut comme ne peut pas être partagé par d'autres, il convient d’englober dans l’appréciation d’un vin le vigneron et ce qu’il dégage.
Un exemple vient immédiatement en tête, le Gevrey Chambertin de Claude Dugat vaut il ses 45€ ?
Pour l’amateur achetant une bouteille et la dégustant en comparaison pure, il n’est pas aisé de pensé qu’inévitablement, les 20€ supplémentaires se justifient pour des dégustateurs occasionnels.
Ceci dit, à mon avis, pour les chanceux ayant eu le privilège de visiter le domaine ne se posent pas la question. La personnalité de Claude et de toute la famille Dugat est d’une telle pureté qu’il devient possible, comme si l’on regardait un tableau dans l’obscurité et que l’on allumait la lumière, de saisir cette somme de détails qui font de leurs vins des liquides de vérité.
La gentillesse, l’humilité et l’intégrité de cette famille se retrouve immanquablement dans leurs vins, et il est assez tentant d’en déduire et de croire dur comme fer (c’est mon cas) que les caractères de leurs vins sont simplement la vérité de leurs terroirs. Leurs vins sont denses mais fins, salins mais fruités, onctueux mais fermes. Cela ne peut être impressionnant à la dégustation, cela peut même paraître à certains fade, j'ai la conviction qu’il s’agit de l’exacte transcription des terroirs dont ils ont la charge.
S’il était possible de tirer une conclusion à ma réflexion, je dirai que les grands vins sont toujours créés par une grande, belle et probe personne et que ces vignerons ont le courage de ne pas vouloir prendre la main sur leurs vins et laissent s’exprimer leurs seuls terroirs. Cette volonté est risquée car elle engendre des vins qui sont tout sauf impressionnants.
Un Corton Charlemagne 2002 de Bonneau du Martray sera toujours mois bien classé pour 95€ qu’un voisin à moitié prix mais il touche au cœur les gens qui veulent un reflet du terroir de la colline de Corton.
Un Hermitage de Jean Louis Chave 2004 sera peut être considéré comme étriqué pour une centaine d’euros, mais les amateurs ayant eu le bonheur de partager un moment avec Jean Louis comprendrons que ce vin est une sorte de vérité en Rhône Nord.
Je pourrais prendre ici d’autres exemples comme la densité minérale des vins de Jean François Coche Dury, la force terrienne des crus de Nady et Charly Foucault ou encore les finesses aérienne des Chambolle de Mugnier, De Vogüé, Groffier ou encore Roumier…
Cet article est pour moi une manière de prévenir les éventuels amateurs qui s’intéressent aux vins qui font le buz.
Il faut en somme s’attendre à ne pas être impressionné mais à déguster un vin qui saura rester à sa place, un vin qui saura même s’effacer et dont personne ne parlera durant le repas.
Pour illustrer, j'ai offert à un ami lors d’un repas dernièrement un simple Chablis 2007 de Vincent Dauvissat. Personne n’a parlé de ce vin durant sa dégustation, il a simplement magnifié le tartare de saumon.
Puis lors du plat suivant mon, à la vue de l’étiquette n’a pu s’empêcher de revenir dessus, n’en revenant pas que ce vin puisse n’être qu’un simple Chablis. Et une semaine après, le souvenir de ce vin de vérité est encore tout frais, comme si l’on venait de le taster. Cette expérience illustre à notre sens parfaitement le sens de cet article.
Le grand n’est pas toujours impressionnant mais il touche au cœur selon moi.